compte rendu de la réunion du 19 décembre 2012

 Activités du Club Histoire de La Tour Blanche et des environs


 Etaient présents : JM Chaume,  JP&C. Marciniack, , L &C Varailhon, F. Gérard, A Vigne, M&C Boissel, , D Dubois,  C&G Duverneuil, P&C Labrousse, M Gelpi, F.Roche,F. Roumaillac,S. Charboneaud, G. Lucas, J. Du Chazaud, J.C.&B Joly, Mr Campas, S. Narbonne, D . Bleschet.
Excusés : P O’Connor, M Comin.


Gabriel Duverneuil a dressé un bilan des activités du Club Histoire pour 2012.
6 conférences se sont succédé en 2012 rassemblant en moyenne une centaine de participants, le maximum étant atteint aux rencontres historiques du 17 Novembre sur « Les guerres de religion en Périgord» avec 125 présents.


La randonnée  du 1er Septembre «Autour du patrimoine historique de Saint Just » a rassemblé 135 participants.


Archéologie
Une autorisation de fouille a été obtenue pour le site de « Chez Thézy » concernant les silos et trous de poteau. Des débris de poterie, une fusaïole et un peson de métier à tisser ont été découverts, permettant de dater le remplissage à une époque située entre le XIe et le XIIIe siècle. Une carrière antique a été mise à jour. Une fois ces fouilles terminées, la prospection se poursuivra dans les environs par la recherche de traces d’occupation anciennes (silos, trous de poteau…)


Le relevé de graffiti dans les carrières sera poursuivi.


Programme de l’année 2013.
Dans la salle polyvalente de La Tour Blanche à 20h30 :
            Lundi 21 Janvier :
 « Les Gaulois Pétrocores: aux origines du Périgord »Par C. Chevillot      
            Lundi 25 Mars :
« Le Périgord pendant la seconde guerre mondiale » par P. Rolli.
          Lundi 27 Mai :
« La vie quotidienne en Périgord pendant la guerre de 100 ans » par J. Roux.
          Lundi 21 Octobre :
« Histoire de Cherval » par Madame Vidal.


Au cours du mois de Juin sont prévues 2 visites :
                - Château de La Vassaldie avec Monsieur de Bonneville.
                - Château de Nérac avec A.M. Cocula.


La randonnée historique  aura lieu cette année au Chapdeuil.

 
Enfin « Les rencontres historiques de La Tour Blanche » auront lieu
           Samedi 23 Novembre après-midi à la salle polyvalente avec pour thème :
 « Antoine de Tounens, périgourdin Roi d’Araucanie et des Indiens Mapuches du Chili et d’Argentine » par J.F. Gareyte.


Suggestions pour 2014

Au cours de la discussion qui s’en suit, les propositions suivantes ont été faites :
 recherches de documents familiaux sur la guerre de 14-18.
 Visite de la grotte de Bernifal
 Demande d’autorisation de visite de la grotte de Jovelle
 Conférences sur la Fronde, l’occupation romaine, l’époque franque dans la région (A Testa), les moulins (M Mazeau).
      Blog du Club histoire.
M. Boissel a créé ce blog   http://clubhistoireltb.blogspot.com/       sur lequel vous trouverez toutes les informations relatives aux activités du Club.


Tableau Chronologique
Il est tenu à jour par G. Duverneuil, qui le fournit à qui le lui demande. Les nouvelles entrées sont sur fond de couleur. Il s’est  enrichi cette année d’une trentaine d’entrées.
Recherches aux archives.
N. Vigne poursuit ses recherches  sur la loi sur la « laïcité de 1905 dans notre région » et nous prépare un exposé pour 2014.
La soirée se termine par le traditionnel « pot de l’amitié »
                        Bonnes fêtes à tous
Claude Duverneuil.   

Conférence du 17novembre 2012 - Notes complémentaires.

LES GUERRES DE RELIGION EN PÉRIGORD
Notes prises lors de la conférence de Madame Anne-Marie COCULA
à la Tour Blanche le 17 novembre 2012


Monsieur Duverneuil précise que dans notre région de tradition catholique, très tôt, quelques seigneurs adoptent les idées de la Réforme : Aubeterre, La Rochebeaucourt, Fontgrenon, Saint Just, Jovelle mais que les Bourdeille, seigneurs de La Tour Blanche resteront catholiques

A l'époque, les guerres de religion sont appelées « guerres civiles » ou « temps des troubles» et sont vécues par les contemporains comme des affrontements fratricides.

La chronologie a été réputée impossible mais néanmoins on peut la comprendre et être en mesure d'en proposer une pour l'Aquitaine (elle ne correspond pas forcément à la chronologie nationale). le rythme des événements est donné par la famille d'Albret, lignée surpuissante (Cf. Jean-Bernard Marquette).
A l'époque médiévale, la stratégie des Albret est la suivante :
augmentation des terres (ainsi on appauvrit ses voisins) et beaux mariages, à cela s'ajoute une démographie abondante et une longévité exceptionnelle.
Quand arrive la Guerre de Cent Ans les Albret sont en mesure de voir dans quel camp ils se situent (ils en changent). A la fin de cette guerre (au xv ème), ils deviennent Comte de Périgord, c'est la fin des Archambault..
En 1527, François 1er fait épouser à sa soeur, Marguerite d'Alençon, Henri II d'Albret (roi de Navarre): ce seront les parents de Jeanne d'Albret (cette lignée choisira la Réforme).

Dés 1517, le vent de la Réforme souffle en Europe du Nord : excommunication et mise au ban de l'Empire de Luther
1534-1540 : Jean Calvin devient le théologien de la Réforme (publication en 1536 de l'Institution de la Religion Chrétienne.)
Rappel de quelques idées :
refus de l'autorité pontificale, de la transsubstantiation, de la confession, choix d'une église autour d'une communauté qui élit son pasteur

Au départ, l'idée est bien ancrée dans les deux camps que l'on peut trouver un accord. Les partisans de la Réforme pensent que l'on peut convertir le roi de France au Protestantisme. Une partie de la noblesse est attirée par le protestantisme par conviction, mais aussi par intérêt : richesse de l'église (Cf. le transfert des biens du clergé aux princes en Allemagne).Il y a une mixité religieuse au sein des familles.

En 1559, la mort du roi Henri II précipite les guerres de religion. François II, âgé de 16 ans passe sous l'autorité de ses oncles, les Guise, fervents catholiques

En Aquitaine, Jeanne d'Albret, élevée dans l'évangélisme par sa mère Marguerite d'Albret choisit la Réforme.
1560, son mari, Antoine de Bourbon, revient au catholicisme : rupture du couple.
1562, mort de Antoine de Bourbon.
Jeanne d'Albret n'a plus alors qu'une idée : installer le protestantisme dans l’État, elle pense que son fils, Henri, deviendra roi de France.

1560-1563 : première guerre :
Les protestants ont voulu prendre des villes pour en faire une monnaie d'échange avec la monarchie, c'est le cas de Toulouse, Orléans. Le prince Louis de Condé joue un grand rôle (c'est le frère d'Antoine de Bourbon, catholique, époux de Jeanne d'Albret)

1563 : paix d'Amboise :
Restauration de la liberté de conscience
Amnistie des calvinistes
Restriction de l'exercice de du culte protestant en dehors des villes et instauration du culte de fief, c'est-à-dire la possibilité pour un seigneur ayant haute justice d'avoir sur ses terres un lieu de culte protestant.
  Catherine de Médicis, régente et mère du jeune roi Charles IX (10 ans en 1560 à la mort de son frère François II), joue un rôle très important avec son chancelier Michel de l'Hospital, très catholique, elle veut essayer de réunir ses sujets et tente une politique dite de « concorde ». En 1564, elle entreprend un immense périple dans le royaume pendant 28 mois avec 5 à 6000 personnes (la Cour), c'est « le grand tour de France ». qui passe par La Tour Blanche Elle convie les seigneurs protestants et catholiques (pratique, entre autres, de « l'escadron volant », cf écrits de Brantôme).et tente d'avoir le soutien du chef des protestants, Condé. Mais en 1565, elle rencontre vers Bayonne, l'envoyé du roi d'Espagne Philippe II, le Duc d'Albe, qui a mené une sanglante répression des protestants au Pays-Bas. C'est la rupture. Les protestants pensent qu'ils ont été trahis.

En 1567, marche des protestants sur Meaux pour s'emparer du roi Charles IX

En 1568, Jeanne d'Albret va à la Rochelle (protestante). Toutes les forces protestantes de la région ont pour porte d'évasion : La Rochelle, elles ne doivent jamais passer par Bordeaux ou Libourne (catholiques).
Le Périgord est alors une terre de passage pour les protestants et la noblesse est déchirée entre les deux religions.

1569 : mort du Prince de Condé à Jarnac puis défaite des armées protestantes à Moncontour.
Coligny* devient chef de guerre.

1570 : paix : Édit de Saint Germain qui garantit entre autres, quatre places de sûreté aux 
protestants : la Rochelle, Cognac, Montauban, La charité.
  Parallèlement, la décision est prise de marier Henri de Navarre et Marguerite de Valois, on peut dire que c'est le premier grand mariage mixte.  
1572 : mort de Jeanne d'Albret qui a préparé le mariage mais meurt avant.
Massacre de la Saint Barthélémy
Les guerres de religion changent dans notre région, le Parlement de Bordeaux « rafle »la clientèle de Jeanne d'Albret.
Au niveau national c'est une rupture. Apparition du mouvement des « mal contents » ou des « politiques », personnes modérées des deux religions qui veulent en finir avec ce conflit, on peut dire que c'est un premier aspect de la laïcité. C'est de la Saint Barthélémy que date l'image de la « Reine Noire », image que maintenant on sait erronée.

1574 : mort de Charles IX, avènement de Henri III

1575 : Henri de Navarre est gouverneur représentant le roi, mais est redevenu protestant à Niort.
Même année, la ville de Périgueux est prise par les protestants.
Jusqu'en 1585, Henri de Navarre est celui qui fait la pluie et le beau temps dans la région, il est à la fois le représentant du roi catholique et des protestants. Il a des conseillers des deux religions, dont Duplessis du Mornay (huguenot). En 1584, Montaigne rencontrera Henri de Navarre.

A partir de 1583, commence une guerre de succession ; si Henri III meurt sans descendant, c'est Henri de Navarre qui devra lui succéder, mais il est protestant.

1585 : constitution de la Sainte Ligue (ultra catholique), soutenue par l'Espagne.

En Gascogne, commence la chasse au Béarnais, Bergerac devient le refuge d'Henri de Navarre.

Le 20 octobre 1587 : victoire protestante à Coutras. L'armée menée par Henri de Navarre bat l'armée de la ligue commandée par le Duc de Joyeuse. Henri de Navarre devient grand capitaine.

1588 : La ligue prend l'offensive en s'alliant aux parisiens révoltés. Henri III s'enfuit à Chartres et se rapproche d'Henri de Navarre. Montaigne essaie de concilier les deux camps.

Automne 1589 : assassinat de Henri III qui a reconnu Henri de Navarre comme son successeur, par le moine Clément. La ligue se trouve un nouveau roi, Charles X.

1589-1593 : le roi de France est encore protestant, non reconnu par la ligue. Il doit reconquérir son royaume.
1593 : conversion du roi au catholicisme.
1595 : Il déclare la guerre à l'Espagne.
1598 : Édit de Nantes (fin des guerres)
Traité de Vervins avec l'Espagne (fait passer un peu l’Édit de Nantes qui est mal vu des deux côtés).

*Avec passage à Brantôme avant et après la bataille, voir panneau historique « Initiatives-patrimoine » N°15, porte des réformés.

BIBLIOGRAHIE

(Recommandée par Madame COCULA) :

- La nuit de la Saint Barthélémy, « un rêve perdu de la Renaissance » : Denis Crouzet éditions Fayard
 
- Les protestants au XVIème : Janine Garrisson éditions Fayard

- Henri IV : Jean-Pierre Babelon éditions Fayard (biographie)

- Collection les trente journées qui ont fait la France : 24 août 1572 : le massacre de la Saint Barthélémy éditions Gallimard


 

Compte rendu des conférences du 17 Novembre 2012

La prochaine activité du Club Histoire et Patrimoine aura lieu à la salle polyvalente de La Tour Blanche le lundi 21 Janvier 2013 à 20h30: conférence de C.  Chevillot sur le thème :
                          « Au temps des Gaulois Pétrocores : les origines du Périgord ».
                 
                                    Les guerres de religion en Périgord

   Environ 120 personnes ont assisté à cette après-midi du 17 Novembre organisée par le Club Histoire de La Tour Blanche et des environs consacrée aux « Guerres de religion en Périgord »
Tout d’abord G. Duverneuil présente les conférenciers, A.M. Cocula, M. Combet, Thalie de Molènes. Il retrace brièvement le contexte des guerres de religion dans nos localités situées dans une enclave de l’Angoumois jusqu’en 1790, de tradition catholique mais avec quelques seigneurs adoptant très tôt les théories calvinistes (Aubeterre, La Rochebeaucourt, Fontgrenon, Saint Just, Jovelle). Remarquons que les Bourdeille, seigneurs de La Tour Blanche resteront catholiques.

A.M. Cocula nous dresse ensuite une brillante chronologie des évènements de ce XVIe siècle en Périgord, soulignant qu’il serait plus judicieux de parler de guerres « civiles » plutôt que « religieuses ». Cette chronologie ne suit pas exactement la chronologie nationale car elle s’établit à partir de l’évolution de la famille d’Albret, dont on connaît surtout Jeanne, reine de Navarre , mariée à un Prince de sang royal et mère du futur Henri IV.
Un vent de réforme souffle sur l’Europe depuis l’excommunication de Luther en 1517 mais les théories calvinistes se diffusent surtout depuis 1540 : refus de l’autorité pontificale et de la hiérarchie de l’Eglise, choix d’une église autour d’une communauté, d’un pasteur. Une partie de la noblesse française est attirée par le protestantisme pour des raisons de foi mais aussi pour des raisons d’intérêt (Nombreux biens de l’Eglise).
En 1559 la mort du Roi Henri II précipite le conflit. En 1560 Jeanne d’Albret se convertit au protestantisme ainsi que de nombreux seigneurs du Sud-Ouest. Catherine de Médicis, régente et mère du jeune Roi Charles IX, tente une politique dite « de concorde » avec son conseiller M. de L’Hospital, puis entame avec son fils un tour de France (passant par La Tour Blanche) où sont conviés seigneurs catholiques et protestants et tente de s’attirer le soutien du chef des Protestants, le Duc de Condé. Mais en 1565 elle rencontre à la frontière espagnole, sur la Bidassoa, l’envoyé du Roi d’Espagne, soutien des catholiques, ce qui inquiète les Protestants. Ceux-ci se regroupent à la Rochelle puis cherchent à gagner des villes, « places de sûreté ».
En 1572, le mariage de la sœur du Roi, Marguerite de Valois, catholique avec Henri de Navarre, protestant, doit symboliser la réconciliation entre catholiques et protestants. Mais l’assassinat de Coligny, alors chef des Protestants, déclenche le massacre de la Saint Barthélémy. Dès lors le conflit religieux se double d’un conflit politique pour la conquête du pouvoir. Après des combats en Guyenne, Henri de Navarre, devenu chef des Protestants, bat l’Armée Royale à Coutras en 1587. Les Ultras catholiques de la Ligue s’unissent aux Parisiens révoltés et le Roi Henri III est obligé de fuir et de se rapprocher d’Henri de Navarre. En 1588, Henri III est assassiné et reconnaît Henri de Navarre comme successeur légitime. Dès 1589 Henri de Navarre doit reconquérir son royaume, puis se convertir au catholicisme en 1593, avant d’être sacré Roi sous le nom de Henri IV et de signer l’Edit de Nantes qui accorde la liberté de culte aux protestants.

M. Combet poursuit l’histoire des « guerres de religion » dans notre région en s’appuyant sur celle de Bergerac, « spécifique mais exemplaire ». Au XVIIe siècle, jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, Bergerac est une ville commerçante à domination protestante. C’est l’âge d’or du commerce du vin en particulier avec la Hollande. Après 1685, après quelques « dragonnades » et conversions forcées, les « élites » protestantes sont peu à peu remplacées par des « élites » catholiques issues de familles de petits notables des environs de la ville. C’est ainsi que naît la famille de Biran. Les grandes familles catholiques s’allient aux familles protestantes et il y aura peu de persécutions au XVIIIe siècle. Les deux bourgeoisies coexistent.

Il reste peu de temps à Thalie de Molènes pour nous parler de sa trilogie « Les Hortal ». Elle nous explique qu’un roman historique doit être l’incarnation de la vie racontée par les Historiens. Ceux-ci s’intéressent à la chronologie, les romanciers aux sentiments. Le romancier doit rendre aux lecteurs les évènements plus accessibles. Elle nous parle ensuite de sa trilogie : le tome I raconte l’histoire d’un moine franciscain se convertissant au protestantisme et met en lumière le rôle des femmes, personnages de foi ;  le tome II raconte le siège de la Rochelle ; le tome III retrace la vie des protestants après la révocation de l’Edit de Nantes.

Après une pause pendant laquelle le bar et la vente-dédicace des ouvrages écrits par les conférenciers sont très fréquentés, la journée se termine avec le film de P. Chéreau « La Reine Margot » dont, hélas,  nous avons une version  de très mauvaise qualité. Nous nous en excusons auprès de tous ceux qui sont restés pour le voir.
           Claude Duverneuil.

Voir les images de cette soirée en cliquant ICI.
  

Images de la soirée du 17.11.2012

Images pêle-mêle, pour agrandir cliquer sur la photo. (Photos : Chris Boissel)