LES
GUERRES DE RELIGION EN PÉRIGORD
Notes
prises lors de la conférence de Madame Anne-Marie COCULA
à la
Tour Blanche le 17 novembre 2012
Monsieur
Duverneuil précise que dans notre région de tradition catholique,
très tôt, quelques seigneurs adoptent les idées de la Réforme :
Aubeterre, La Rochebeaucourt, Fontgrenon, Saint Just, Jovelle mais
que les Bourdeille, seigneurs de La Tour Blanche resteront
catholiques
A
l'époque, les guerres de religion sont appelées « guerres
civiles » ou « temps des troubles» et sont vécues par
les contemporains comme des affrontements fratricides.
La
chronologie a été réputée impossible mais néanmoins on peut la
comprendre et être en mesure d'en proposer une pour l'Aquitaine
(elle ne correspond pas forcément à la chronologie nationale). le
rythme des événements est donné par la famille d'Albret, lignée
surpuissante (Cf. Jean-Bernard Marquette).
A
l'époque médiévale, la stratégie des Albret est la suivante :
augmentation
des terres (ainsi on appauvrit ses voisins) et beaux mariages, à
cela s'ajoute une démographie abondante et une longévité
exceptionnelle.
Quand
arrive la Guerre de Cent Ans les Albret sont en mesure de voir dans
quel camp ils se situent (ils en changent). A la fin de cette guerre
(au xv ème), ils deviennent Comte de Périgord, c'est la fin des
Archambault..
En
1527, François 1er fait épouser à sa soeur, Marguerite d'Alençon,
Henri II d'Albret (roi de Navarre): ce seront les parents de Jeanne
d'Albret (cette lignée choisira la Réforme).
Dés
1517, le vent de la Réforme souffle en Europe du Nord :
excommunication et mise au ban de l'Empire de Luther
1534-1540
: Jean Calvin devient le théologien de la Réforme (publication en
1536 de l'Institution de la Religion Chrétienne.)
Rappel
de quelques idées :
refus
de l'autorité pontificale, de la transsubstantiation, de la
confession, choix d'une église autour d'une communauté qui élit
son pasteur
Au
départ, l'idée est bien ancrée dans les deux camps que l'on peut
trouver un accord. Les partisans de la Réforme pensent que l'on peut
convertir le roi de France au Protestantisme. Une partie de la
noblesse est attirée par le protestantisme par conviction, mais
aussi par intérêt : richesse de l'église (Cf. le transfert des
biens du clergé aux princes en Allemagne).Il y a une mixité
religieuse au sein des familles.
En
1559, la mort du roi Henri II précipite les guerres de religion.
François II, âgé de 16 ans passe sous l'autorité de ses oncles,
les Guise, fervents catholiques
En
Aquitaine, Jeanne d'Albret, élevée dans l'évangélisme par sa mère
Marguerite d'Albret choisit la Réforme.
1560,
son mari, Antoine de Bourbon, revient au catholicisme : rupture du
couple.
1562,
mort de Antoine de Bourbon.
Jeanne
d'Albret n'a plus alors qu'une idée : installer le protestantisme
dans l’État, elle pense que son fils, Henri, deviendra roi de France.
1560-1563
: première guerre :
Les
protestants ont voulu prendre des villes pour en faire une monnaie
d'échange avec la monarchie, c'est le cas de Toulouse, Orléans. Le
prince Louis de Condé joue un grand rôle (c'est le frère d'Antoine
de Bourbon, catholique, époux de Jeanne d'Albret)
1563
: paix d'Amboise :
Restauration
de la liberté de conscience
Amnistie des calvinistes
Restriction
de l'exercice de du culte protestant en dehors des villes et
instauration du culte de fief, c'est-à-dire la possibilité pour un
seigneur ayant haute justice d'avoir sur ses terres un lieu de culte
protestant.
Catherine
de Médicis, régente et mère du jeune roi Charles IX (10 ans en
1560 à la mort de son frère François II), joue un rôle très
important avec son chancelier Michel de l'Hospital, très catholique,
elle veut essayer de réunir ses sujets et tente une politique dite
de « concorde ». En 1564, elle entreprend un immense
périple dans le royaume pendant 28 mois avec 5 à 6000 personnes (la
Cour), c'est « le grand tour de France ». qui passe par
La Tour Blanche Elle convie les seigneurs protestants et catholiques
(pratique, entre autres, de « l'escadron volant », cf
écrits de Brantôme).et tente d'avoir le soutien du chef des
protestants, Condé. Mais en 1565, elle rencontre vers Bayonne,
l'envoyé du roi d'Espagne Philippe II, le Duc d'Albe, qui a mené
une sanglante répression des protestants au Pays-Bas. C'est la
rupture. Les protestants pensent qu'ils ont été trahis.
En
1567, marche des protestants sur Meaux pour s'emparer du roi Charles
IX
En
1568, Jeanne d'Albret va à la Rochelle (protestante). Toutes les
forces protestantes de la région ont pour porte d'évasion : La
Rochelle, elles ne doivent jamais passer par Bordeaux ou Libourne
(catholiques).
Le
Périgord est alors une terre de passage pour les protestants et la
noblesse est déchirée entre les deux religions.
1569
: mort du Prince de Condé à Jarnac puis défaite des armées
protestantes à Moncontour.
Coligny*
devient chef de guerre.
1570
: paix : Édit de Saint Germain qui garantit entre autres, quatre
places de sûreté aux
protestants : la Rochelle, Cognac, Montauban,
La charité.
Parallèlement,
la décision est prise de marier Henri de Navarre et Marguerite de
Valois, on peut dire que c'est le premier grand mariage mixte.
1572
: mort de Jeanne d'Albret qui a préparé le mariage mais meurt
avant.
Massacre de la Saint
Barthélémy
Les
guerres de religion changent dans notre région, le Parlement de
Bordeaux « rafle »la clientèle de Jeanne d'Albret.
Au
niveau national c'est une rupture. Apparition du mouvement des
« mal contents » ou des « politiques »,
personnes modérées des deux religions qui veulent en finir avec ce
conflit, on peut dire que c'est un premier aspect de la laïcité.
C'est de la Saint Barthélémy que date l'image de la « Reine
Noire », image que maintenant on sait erronée.
1574
: mort de Charles IX, avènement de Henri III
1575
: Henri de Navarre est gouverneur représentant le roi, mais est
redevenu protestant à Niort.
Même
année, la ville de Périgueux est prise par les protestants.
Jusqu'en
1585, Henri de Navarre est celui qui fait la pluie et le beau temps
dans la région, il est à la fois le représentant du roi catholique
et des protestants. Il a des conseillers des deux religions, dont
Duplessis du Mornay (huguenot). En 1584, Montaigne rencontrera Henri
de Navarre.
A
partir de 1583, commence une guerre de succession ; si Henri III
meurt sans descendant, c'est Henri de Navarre qui devra lui succéder,
mais il est protestant.
1585
: constitution de la Sainte Ligue (ultra catholique), soutenue par
l'Espagne.
En
Gascogne, commence la chasse au Béarnais, Bergerac devient le refuge
d'Henri de Navarre.
Le
20 octobre 1587 : victoire protestante à Coutras. L'armée menée
par Henri de Navarre bat l'armée de la ligue commandée par le Duc
de Joyeuse. Henri de Navarre devient grand capitaine.
1588
: La ligue prend l'offensive en s'alliant aux parisiens révoltés.
Henri III s'enfuit à Chartres et se rapproche d'Henri de Navarre.
Montaigne essaie de concilier les deux camps.
Automne
1589 : assassinat de Henri III qui a reconnu Henri de Navarre comme
son successeur, par le moine Clément. La ligue se trouve un nouveau
roi, Charles X.
1589-1593
: le roi de France est encore protestant, non reconnu par la ligue.
Il doit reconquérir son royaume.
1593
: conversion du roi au catholicisme.
1595
: Il déclare la guerre à l'Espagne.
1598
: Édit de Nantes (fin des guerres)
Traité de Vervins avec l'Espagne (fait passer un peu l’Édit de Nantes qui est mal vu des deux côtés).
*Avec
passage à Brantôme avant et après la bataille, voir panneau
historique « Initiatives-patrimoine » N°15, porte des
réformés.
BIBLIOGRAHIE
(Recommandée
par Madame COCULA) :
- La
nuit de la Saint Barthélémy, « un rêve perdu de la
Renaissance » : Denis Crouzet éditions Fayard
- Les
protestants au XVIème : Janine Garrisson éditions Fayard
- Henri
IV : Jean-Pierre Babelon éditions Fayard (biographie)
- Collection
les trente journées qui ont fait la France : 24 août 1572 : le
massacre de la Saint Barthélémy éditions Gallimard