Compte rendu du 25 juin 2018


Compte rendu de la conférence du 25 juin 2018 donnée par 
Gabriel Duverneuil.

« La Tour Blanche-Cercles : l’eau et ses usages, toute une histoire ! »


Toujours rationnel, notre conférencier commence par présenter le plan détaillé de sa causerie. Après quelques mots sur les origines du projet, qui était à son départ une petite étude sur l’histoire du bassin du Buffebale/Julie, puis sur les moulins avec l’aboutissement récent des 3 Chemins des meuniers en collabo- ration avec l’association des Amis des moulins de Dordogne, Gabriel, emporté par le flot du projet et c’est le cas de le dire, montre la difficulté de le limiter. Ainsi, la conférence devient-elle : l’eau dans tous ses usages. Huit mois de recherches, enquêtes et prospection ont permis d’avoir une idée sur l’histoire de l’eau et de son utilisation à La Tour Blanche-Cercles.                                                                         
La formation du réseau hydrographique de notre environnement géologique re- monte à environ 100 millions d’années avec l’alternance immersion/émergence des couches sédimentaires de la plate forme nord-aquitaine. Il y a 40 millions d’années a lieu le plissement de ces couches, dû à la formation des Pyrénées et donc de l’anticlinal : le dôme de La Tour Blanche. Ensuite, l’érosion fera son œuvre et formera le réseau hydrographique que nous connaissons.
Au Moyen-Âge, La Tour Blanche, carrefour de routes depuis l’Antiquité, son seigneur a besoin de surveiller, d’assurer la sécurité et surtout de percevoir les taxes et droits de passage, aussi fait-il ériger son château sur une motte et creu- ser des douves grâce au Buffebale et là, l’eau protège. Mais dans cette période, on commencera à faire travailler l’eau avec les moulins. Aujourd’hui, il y en a quatre sur le cours du Buffebale : Pavie, Gagnole, la Bernerie et Gonlain. On s’est interrogé sur les dates de construction des premiers moulins. Qui dit moulin, dit meules, les fouilles effectuées par le Service d’Archéologie Départemental et le Club histoire de LTB sur le site de Jovelle ont permis de dater des cuves d’extraction de meules entre les XIème et XIIème siècle, ce qui signifie également la construction des moulins, mais aussi des biefs et témoigne de travaux conséquents pour cette époque.
Le document le plus ancien qu’on trouve aux archives de Périgueux, relatif à Gonlain, date de1597, il figure sur la carte de Beleyme de 1776, pas sur celle de Cassini, il a produit de la farine et de l’huile de noix, c’est un véritable musée de meules avec une collection de 18 meules ou fragments. Mais pourquoi un mou- lin à vent ? Vraisemblablement pour palier la saturation en moulins des cours d’eau et leur irrégularité conjuguée à l’augmentation de la demande en farine de la fin du XVIIIème siècle. L’eau est encore au service de l’homme lorsque celui-ci édifie des fontaines de captation des sources et des lavoirs.
Gabriel Duverneuil présente des documents provenant tant des services des Ponts et Chaussées, du cadastre napoléonien que de ses prises de vue person- nelles. On peut les retrouver dans la brochure de plus de cent pages, qui a été éditée à l’occasion de cette conférence. Notre auteur a également réalisé et pré- senté un inventaire statistique des mares, puits, citernes et bassins des deux communes, qui, entre autres, montre le grand nombre de création de points d’eau potable au XXème siècle, la couverture des puits pour raison d’hygiène à la fin du XIXème, mais également la recherche esthétique. Le dernier avatar de l’utilisation de l’eau à La Tour Blanche semble bien être la machine à vapeur chargée de pomper l’eau du Buffebale jusqu’à la gare de La Tour Blanche afin d’alimenter les locomotives du chemin de fer.
Entre les douves du château, les divers moulins, la désaltération des bêtes et des hommes et l’irrigation, l’eau a accompagné le développement de la population durant l’Histoire. Dans chacun des domaines, les hommes ont construit, grâce à la pierre locale, les structures qui lui étaient nécessaires beaucoup ont disparu, nous avons hérité de certaines ; à nous de préserver ce patrimoine et de le transmettre.
Cette conférence fut suivie par une centaine de personnes.

André Vigne.


Bassin au Maumasson

Citerne à Brézidé

citerne au Maumasson

Fontaine de Gagnole
Fontaine de la Bonnetie

Fontaine lavoir et etang de St Savy a Cercles


Fontaine St Jacques de La Tour Blanche


Fontaines et etangs de Gagnole

Lavoir de Beaupuy

Lavoir du Combeau


Lavoir du pré de la font La Marteille

Lavoir et Fontaine St Jacques La Tour Blanche

Le moulin Pavie a La Tour Blanche


Mare Chez Seguy

Moulin a vent de Cercles

Moulin de Gagnole

Moulin de Gonlain

Moulin de la Bernerie, les trois paires de meules

Moulin de la Bernerie

Ponceau du lavoir du chateau a La Tour Blanche

Pont de Lignieres


pont Lambert-2


prise d'eau pour la gare de La Tour Blanche

Puits a La Marteille(2)

Puits a La Marteille


Puits a La Tour Blanche
Puits de Chapuzet


Puits de La Marteille
Puits de La Tour Blanche
Puits du Claud

Puits disparu de La Tour Blanche
Puits du bourg de Cercles   
tourbieres en 1902 La Tour Blanche


Compte rendu de la Conférence du 28 mai 2018 par Monsieur Christian Gensbeitel consacrée aux monuments de l’art roman en Aquitaine, devant environ 80 auditeurs attentifs.

Après avoir dit sa satisfaction de se trouver de nouveau invité par le Club histoire à La Tour Blanche, devant l’étendue du sujet dans le temps et l’espace, notre conférencier indique qu’il s’est obligé à une sorte d’inventaire à la Prévert.
L’espace de sa recherche, l’Aquitaine des XIème et XIIème siècles, correspond à peu près à celui de la Nouvelle Aquitaine d’aujourd’hui. Trois grands archevêchés: Auch, Bordeaux et Bourges couvrent cette région ainsi que de multiples évêchés dont Limoges et Poitiers. La tradition architecturale et culturelle de la région est l’héritière de l’Antiquité tardive et il demeure quelques restes de constructions remarquables du Haut Moyen-Âge, entre le Vème et le Xème siècle, période qui, contrairement aux idées reçues a été prolifique ; le baptistère Saint Jean de Poitiers en est un exemple exceptionnel.
Notre conférencier émaille son exposé de nombreuses photos illustrant ses propos, qu’il est naturellement impossible de commenter ici.
Le premier grand monument d’art roman de notre région était à Limoges et ce sont des fouilles archéologiques qui en ont mis au jour son vaste chevet : il s’agit de l’abbatiale Saint-Martial, dont le début de construction est datée de 1018. Son principe, qu’on retrouve ensuite souvent reproduit dans notre région, est le déambulatoire circulaire autour de l’abside et des chapelles rayonnantes. On trouve le même principe de construction en Poitou, où l’on a beaucoup innové dans le second quart du XIe siècle. L’apparition de la sculpture est une autre caractéristique de l’art roman de notre région avec des thèmes animaliers, végétaux ou bibliques. Apparaissent également les nefs voûtées, souvent à trois vaisseaux dans les grands monuments du Poitou et du Limousin, les voûtes latérales étant presqu’aussi hautes que celles du vaisseau principal afin d’en absorber les poussées.
On se rend compte aujourd’hui que les relations entre peintures et sculptures étaient plus complexes qu’on l’a cru jusque-là au point qu’il arrivait, pour éviter de sculpter un chapiteau, qu’on y peigne un trompe-l’œil comme, entre autres, à Saint-Hilaire de Poitiers. Il faut noter que cet art de la sculpture se répand avec les sculpteurs essaimant de chantier en chantier et qu’il correspond à un nouveau besoin dans la façon d’envisager le lieu de culte chrétien.
L’abbaye aux Dames de Saintes présente une église datant du milieu du XIème siècle dont le plan a été dressé grâce aux fouilles effectuées dans les années trente. Elle est un exemple de monument de cette époque au sud du Poitou. Il ne reste que quelques traces de l’église d’origine suite à de nombreux remaniements au cours de l’Histoire.
La réforme grégorienne, qui amorce l’organisation hiérarchique de l’Eglise catholique, a joué un rôle important dans les nombreux chantiers qui devaient développer dans toute la région à partir du dernier tiers du XIe siècle.
Après avoir énuméré et montré des images des nombreuses constructions monumentales de cette fin du XIème siècle en Aquitaine, Christian Gensbeitel indique que la fin de ce siècle marque aussi la fin des constructions de chevets avec déambulatoire et chapelles rayonnantes.
En effet, avec Parthenay-le-Vieux et le début du XIIème siècle se tourne une page : on trouve des façades à arcatures, souvent triples, des chevets à simples absides précédées d’une travée droite et on retrouve des chapiteaux sculptés.
C’est à cette époque que le Périgord introduit une nouvelle forme de voûtement d’église en reprenant le principe de la nef à vaisseau unique, courant dans la région, mais en la couvrant d’une file de coupoles. Ce principe fut expérimenté vers 1100, sur le chantier de la cathédrale Saint-Etienne-de-la-Cité à Périgueux, malheureusement très mutilée par les guerres de Religion. L’idée de ces coupoles est orientale, byzantine. Elle fit école dans la région, car l’exemple le plus au nord est à Fontevrault alors dans le diocèse de Poitiers, toutes les autres sont au sud comme la cathédrale d’Angoulême qui, également, possède la plus grande façade sculptée romane en Europe, mais aussi Moissac, Cahors, etc... Ces files de coupoles, c’est le Périgord ! Saint Front de Périgueux pose problème à cause d’Abadie et de son remaniement ; seule la tour est à peu près d’origine et elle est la plus extraordinaire de l’Europe romane. Dans le domaine du décor, dans le sud de l’Aquitaine, on peut trouver des sols de mosaïque (Lescar, Sorde). Enfin, ce qui caractérise le plus l’architecture des églises romanes d’Aquitaine, ce sont les façades à arcatures, les voussures sculptées, souvent l’absence de tympan et les couleurs des sculptures découvertes récemment grâce au nettoyage au laser. L’abondance, voire l’excès de sculptures indique à la fois l’apogée de l’art roman et son crépuscule. Il y aura néanmoins une résistance à cet envahissement et une tendance à une simplicité presqu’austère à une époque où l’art gothique se développe au nord de la France.
Puis, après des applaudissements nourris, Monsieur Gensbeitel répond à de nombreuses questions du public.
André Vigne
Vu par le conférencier