C.R de la Conférence du docteur Alain Clément du 28 mai 2019



Lèpre, lépreux et léproseries en Périgord


Le docteur Alain Clément, s’est occupé des maladies tropicales et de leur histoire, il nous parle, ce soir, de la lèpre sous la forme d’une vision croisée : médicale, historique et sociétale et enfin, de la Tour Blanche et sa région.
C’est une maladie bactérienne qui se transmet presqu’exclusivement entre humains, l’une de ses caractéristiques est de s’attaquer à la fois à la peau et au système nerveux ce qui aboutit à des amputations spontanées. Elle n’est pas aussi contagieuse qu’on l’a dit, cependant, il faut attendre 1942 pour trouver des remèdes efficaces. Son génome a été identifié en 2000.
Du point de vue sociétal, si durant l’Antiquité la lèpre a été considérée comme une punition des Dieux, le haut Moyen-âge l’a acceptée avec pragmatisme et par le clergé (conciles) et par le pouvoir temporel (Charlemagne, Pépin le Bref). Au Moyen-âge classique, contemporain au développement économique, social et démographique, on construit des léproseries (entre 2000 et 4000 dans notre pays) dans un esprit de rigueur : semi-isolement, costume particulier, mais aussi de consolation des lépreux. Les documents attestent une rupture brutale en 1321, avec une férocité de l’ensemble du corps social envers les lépreux, le sud-ouest n’est pas épargné ; la fin du règne de Philippe le Bel voit s’accroître la misère et la répression (procès des Templiers, dépouillement des juifs, révolte des « pastoureaux », etc…). La grande peste de 1347 ajoutée à la lèpre diminue considérablement la population ce qui a pour effet de diminuer le nombre des lépreux. Au XVIème siècle, il y a davantage de descendants de lépreux que de véritables malades, ce qui n’empêche pas leur ségrégation. Il est utile de connaître les noms qui leur sont attribués : ladres blancs, blanquets, cagots et autres caquets, qu’on peut trouver dans les textes ou les toponymes.
La lèpre a quasiment disparu à la fin du XVIIème siècle, elle nous laisse en souvenir les lépro- series ou leurs vestiges. Notre conférencier s’est livré à un précieux travail de généalogie pour montrer les mariages entre lépreux et même entre membres de léproseries différentes, à Cercles, les Durand et les Marcelot par exemple sont des noms qui reviennent au fil des générations. On dispose d’archives sur les léproseries de Nontron, La Rochebeaucourt/Edon et Cercles. Le docteur Clément, qui est poète, offre enfin à l’auditoire deux textes de poètes lépreux écrits à six siècles d’intervalle donnant des expressions littéraires de la maladie. Puis, il répond aux nombreuses questions posées par le public et nous promet une publication sur ce sujet.
95 personnes ont assisté à cette conférence.
André Vigne