Présentation de l'AG du Samedi 3 Février 2024

 

Ribéracois terre de poésie - Des troubadours aux poètes contemporains

 

Samedi 2 décembre 2023

 

Ribéracois terre de poésie

Des troubadours aux poètes contemporains

 

Lecture de poèmes par Jacques Lassort

 

Notes : dans le château a vécu Guillaume de la Tour par contre, la Baronne de la Tour Blanche, Herminie de Verteillac n’y a pas vécu.

Entre la Lizonne et la Dronne, il y a eu de nombreux poètes.

 

Troubadours d’hier et d’aujourd’hui.

Arnaud Daniel de Ribérac emploie le parler limousin, langue culturelle de tout le Sud de l’Europe.



Louis Aragon : En 1940, son régiment arrive à Ribérac, il en résultera un texte « la leçon de Ribérac ».

Ø Lecture : « La soif et la source ».

Arnaud de Mareuil.

Ø Lecture : « Quand une brise a douce haleine … » salut d’amour (nouvelle forme poétique).

Guilhem de la Tour, né, dit-on, à la Tour Blanche.

On a conservé 14 de ces poèmes plus des pièces de circonstance écrites en Italie. Il enlève sa maîtresse, elle meurt et il devient fou.

Ø Lecture : « Que bonne fortune m’advienne ».




Pierre de Bourdeilles.

Il a habité la Tour Blanche pendant plusieurs années en attendant la construction de Richemont. Il y fait son testament. Il a été l’ami de Philippe Strozzi.

Ø Lecture : « Ses yeux sont plus luisants ».




Théodore de Banville.

Ø Lecture : sonnet dédié à Marguerite de Navarre au sujet de Brantôme.

Herminie de Verteillac (XIXème siècle).

Elle a été citée par Proust dans « A l’ombre des jeunes filles en fleur ». Elle a écrit 4 recueils de poésie. Elle a cofondé la Société des poètes avec Heredia.

Ø Lectures : « Souffle d’océan ».

                 « Les mouettes ».



Charlotte Serre.

Née à St Jory de Chalais, elle a vécu à Champagnac. Elle a été résistante et a reçu le prix des Amis de l’Académie française. Elle a écrit, entre autres, un « Florilège de la Dronne et du Périgord Vert ».

Ø Lectures : L’écho.

Les routes.

Pour cela.



Alain Clément. Né à la Tour Blanche.

Ø Lectures : tirées du recueil « Clochard de rêve ».

Finisterae.

Poïema.

 

Arthur Rimbaud

Ø Lecture : « Le bareau ivre » Tiré de « Poésies »

François Villon.

Ø Lecture : « Balade des Dames du temps jadis ».

 

 

 

Arnaut Daniel

Voyage poétique dans son œuvre

 

Katy Bernard

 

 

 

Nous avons conservé 17 chansons plus une plutôt obscène.

 

La fin Amor est la plus grande valeur qui soit dans le monde des troubadours.

Arnaut Daniel est un poète de l’amour fou, un peu comme Bernard de Ventadour ou Rigaud de Barbezieux.

 

Né vers 1150, il fait partie de la génération qui suit Guillaume d’Aquitaine et Bernard de Ventadour, il est contemporain de Bertrand de Born avec lequel il est ami. Il écrit surtout entre 1180 et 1195.

Le moine de Montaudon, Pierre de Vic (1143-1210), a écrit un poème satyrique sur lui : « il a des mots fous ». Aragon, pour Elsa, dit : « rien n’est trop fou pour parler d’elle ». Dante et Pétrarque saluent cette folie des mots.

 

Comment Arnaut Daniel se fond dans cette pensée amoureuse

Les troubadours veulent dresser l’amour profane au même rang que l’amour sacré de la religion.

Ø Lecture : Amor es de pretz la claus

L’amour est son guide, il fait le printemps.

Ø Lecture : clin d’œil à Bernard de Ventadour.

ü « Quand chois la feuille …. Car mon amour me reverdit le cœur »

Ø Lecture : de Bernard de Ventadour.

ü « Lorsque les bois et les chênaies se couvrent de fleurs … »

 

Dans une autre présentation, il devient la poésie. Il devient artisan des mots. Il dira « moi aussi, comme mon poème, je m’affirme … reflet du talent et de l’Amour. »

Ø Lecture : « Sur cette note légère je fais des mots … « 

 

Arnaut Daniel se fait aussi laboureur ainsi qu’artisan « je forge mes rimes … ». Monclin et Audierne sont des amants.

Ø Lecture : « si toutes mes terres désertes … ».

 

Enfin, Arnaut Daniel se fait fleuve.

Ø Lecture : « Aucune joie ne me serait trop brève … ».

 

Il se métamorphose au grès de ses poèmes mais le but est le même : exprimer son amour.

 

« Comment il voit la Dame aimée. »

On ne sait pas qui elle est. Le « segnals » est un code pour désigner la Dame. Elle est comme l’Amour au-dessus des valeurs, « Miels de ben ». Elle est élevée, chantée mais sans oublier sa chair. Il exprime une volonté de montrer sa loyauté, sa pureté

Ø Lecture : « Dame, mieux que bien … ».

Ø Lecture : de Rigaud de Barbezieux qui l’appelle ‘mieux que Dame ». Il n’arrive pas à parler de chair et va chercher dans les bestiaires et dans les images religieuses. Pour lui, la Dame est l’image de l’amour sur terre. Pour lui c’est l’expression du désir charnel, il est le tigre, elle est le reflet dans le miroir

ü « Tout comme la tigre au miroir s’oublie ».

§  .

 

Les aspects les plus érotiques de la pensée d’Arnaut Daniel

Arnaud Daniel est plus direct.

Ø Lecture : « l’accueil fut bon, mon discours accepté … »

ü L’or pur représente la Dame et les mots sont choisis :

§  « Nous nous étreignîmes » (manteau bleu).

§  Que nous couchions ensemble … (nudité qui devient éblouissement, recouvert de la lampe.)

On retrouve cette histoire de manteau brun avant. Chez quelqu’un de moins entreprenant qu’Arnaut Daniel, Guillaume d’Aquitaine.

Ø Lecture : « Je pense encore à ce matin … »

ü « Tant que j’ai mes mains sous son manteau. »

Guillaume et Arnaut relient le profane et le sacré pour montrer que l’amour profane est aussi sacré, comme la Dame.

 

Amour, respect ? « Ongle et chair restent eux-mêmes mais impossible à séparer ».

C’est une grande invention des troubadours. Désirer n’est pas posséder mais aller vers. Renouveler le désir en amour est la chose la plus difficile au monde. Pour cela, il faut accepter la part d’insaisissable de l’autre.

Ø Lecture : « Sextine » d’Arnaut Daniel.

ü « Fussège sien de corps … »

 

Les réponses de Cathy Bernard ont pu clarifier encore certains points :

 

Ø Connait-on le nom des Dames ?

ü La première est Dangereuse, comtesse de Châtellerault. Son époux, Aymeric, était vassal de Guillaume d’Aquitaine qui va l’installer tour Maubergeon à Poitiers et qui, pour elle, répudie sa femme. Ils ont marié leurs enfants respectifs, grands-parents d’Aliénor.

Ø Y a-t-il des femmes troubadours ?

ü L’amour est « aristocratique », les mariages sont politiques mais le cœur est adultère.

Cf. « L’amour au féminin » de P. Bec

Ø A-t-on retrouvé des partitions ?

ü Deux mélodies su 18 chansons.

Ø Quelles sont les sources ?

ü Elles sont mariales, arabo-andalouses … mais aucune ne suffit à expliquer l’Amour Courtois.

Elles ont aidé à cette explosion mais il y a autre chose : éducation religieuse, Bible, classiques …

§  Cf. Henri Irénée Marrou « Les Troubadours »,

                                                    Paris, Le Seuil, 1961.

§  Cf. Synthèse de Pierre Bec.

·        « Le comte de Poitiers ».

·        Nouvelle anthologie de la lyrique occitane du Moyen-âge.

§  Henri Gougaud. Podcast sur France Culture : « l’Amour courtois ».

§  Anthologie de Jacques Roubaud.

Ø Comment ça se passait à l’époque ?

ü Dans le cadre de la cour.

ü Un troubadour est souvent le compositeur, il est souvent noble.

ü L’artiste de métier est le jongleur qui chante les chansons du troubadour contre salaire. Parfois il acquiert un savoir et devient troubadour mais il vit de son salaire et cherche souvent la protection d’un grand seigneur ou d’une Dame.

Ø Avaient-ils un accompagnement ?

ü On connait de nombreux instruments.

Cf. Xavier Terrasa.

Ø L’Amour n’était-il pas imaginaire pour certains ?

ü C’est une dénomination commune avec la même idée de l’amour.

ü Certains semblent être restés dans le domaine de l(onirique.

Cf. Jaufré Rudell dont on connait 6 chansons dont « l’Amour de loin ».

ü Peut-être que certaines Dames sont rêvées.

 

Cet après-midi poétique a été suivi par environ 80 personnes.

Merci au récitant Jacques Lassort pour son interprétation bouleversante du bateau ivre de Rimbaud et à la brillante conférencière Katy Bernard.

 

Sonia Breux-Pouxviel


                Version Anglaise        Traduction : Finn Anson

 Saturday 2 December 2023

 Riberac; Land of poetry.

From the troubadours to contemporary poets

 

Poems read by Jacques Lassort

 

(Nota Bene: Guillaume de la Tour lived in the chateau de La Tour Blanche. However,  la Baronne de la Tour Blanche, Herminie de Verteillac did not live there.

Between the Lizonne and the Dronne, there are numerous poets.)

 

Troubadours then and now

Arnaud Daniel de Ribérac used the Limousin dialect, the cultural language in the south of Europe.

    Louis Aragon : In 1940, his regiment arrived in Ribérac, from whence came the text « la leçon de Ribérac ».

Ø Reading : « La soif et la source ».


Arnaud de Mareuil.

Ø Reading: « Quand une brise a douce haleine … » In praise of love

Ø  (A new poetical form).


Guilhem de la Tour, born, so it is said, at La Tour Blanche.

Fourteen of his poems have been conserved in addition to occasional texts written in Italy. He elopes with his mistress, she dies and he becomes mad.

Ø Reading : « Que bonne fortune m’advienne ».



Pierre de Bourdeilles.

He lived in La Tour Blanche  for sevaral years whilst waiting for Richemont to be built. There he wrote his will, and was the friend of Philippe Strozzi.

Ø Reading : « Ses yeux sont plus luisants ».



Théodore de Banville.

Ø Reading : A sonnet about Brantôme dedicated to Marguerite de Navarre.


Herminie de Verteillac (19th Century).

She was mentionned by Proust in « A l’ombre des jeunes filles en fleur ». She wrote four collections of poetry. She confused the Poetical Society with Heredia

Ø Readings : « Souffle d’océan ».

                 « Les mouettes ».

 


Charlotte Serre.

Born in St Jory de Chalais, she lived in Champagnac. She was in the resistance and received the prize of Les Amis de l’Académie Française. She has written, amongst others, « Florilège de la Dronne et du Périgord Vert ».

Ø Readings : L’écho.

Les routes.

Pour cela.



Alain Clément. Born in La Tour Blanche.

Ø Readings from the collection « Clochard de rêve ».

Finisterae.

Poïema.

 


Arthur Rimbaud

Ø Reading : « Le bareau ivre » Taken from « Poésies »



François Villon.

Ø Reading : « Balade des Dames du temps jadis ».

 

 

 

Arnaut Daniel

Poetical journey through his work

 

Katy Bernard

 

 

 

Seventeen songs have been preserved including a rather obscene one.

 

Courtly love was the greatest virtue at the time of the troubadours.

 

Arnaut Daniel is a poet of passionate love, similar to Bernard de Ventadour or Rigaud de Barbezieux.

Born around 1150, he is part of the generation following in the footsteps of Guillaume d’Aquitaine and Bernard de Ventadour. He is a contemporary of Bertrand de Born and a friend. The bulk of his work was written between 1180  and  1195.

The Montaudon monk, Pierre de Vic (1143-1210), wrote a satirical poem about him: « il a des mots fous » (His verbage is folly). Aragon, pour Elsa, dit : « rien n’est trop fou pour parler d’elle » ( no madness eclipses that said of her ). Dante and Petrarch praise this word folly.

 

 

How did Arnaut Daniel begin in the world of courtly love?

The troubadours wish to see profane love on the same setting as the sacred love of religion.

Ø Reading: Amor es de pretz la claus

Love is his guide, he welcomes the Spring

Ø Reading : reference to Bernard de Ventadour.

ü « Quand chois la feuille …. Car mon amour me reverdit le cœur »

Ø Reading : from Bernard de Ventadour.

ü « Lorsque les bois et les chênaies se couvrent de fleurs … »

 

In another presentation, he becomes the poetry; he becomes a word-smith. He will say « moi aussi, comme mon poème, je m’affirme … reflet du talent et de l’Amour. » (I, too, as my poem, assert myself...the reflexion of talent and Love)

Ø Reading : « Sur cette note légère je fais des mots … « 

 

Arnaut Daniel was also a labourer as well as an artisan « je forge mes rimes … » (I forge my rhymes) . Monclin and Audierne are lovers.

Ø Reading : « si toutes mes terres désertes … ».

 

Above all, Arnaut Daniel flows.

Ø Reading : « Aucune joie ne me serait trop brève … ».

 

He changes at the whim of his poetry but the end is always the same: to express his Love.

 

« Who is the Lady of Love? »

We do not know who she is. The « segnals » is a code to indicate the Lady. She is like the love that is over and above all virtue. « Miels de ben ». She is elevated and proclaimed, and remains flesh incarnate. He expresses the desire to show his loyalty and purity.

Ø Reading : « Dame, mieux que bien … ».

Ø Reading : From Rigaud de Barbezieux who calls her ‘mieux que Dame' ». He is unable to speak of the flesh and delves into bestiaries and religious imagery. For him the Lady is the image of love on earth. For him it is the expression of carnal desire; he is the tiger, she is the reflexion in the mirror

ü « Tout comme la tigre au miroir s’oublie ».

§  .

 

The erotic aspects of Arnaud Daniel's thought

Arnaud Daniel is frank.

Ø Reading: « l’accueil fut bon, mon discours accepté … »

ü Pure gold represents the Lady and the words are specific:

§  « Nous nous étreignîmes » (blue cloak).

§  Que nous couchions ensemble … (nudity that becomes blinding, covered by a lamp)

Guillaume d’Aquitaine, less prolific than Arnaud Daniel, used the story of the brown cloak

Ø Reading : « Je pense encore à ce matin … »

ü « Tant que j’ai mes mains sous son manteau. »

Guillaume and Arnaud combine the sacred and the profane, showing that profane love is also sacred, like the Lady.

 

Love, respect ? « Ongle et chair restent eux-mêmes mais impossible à séparer ».

It is a grand creation by the troubadours. To desire is not to possess but is to go towards. Renewing desire in love is one of the most difficult feats in life. For that one must accept the inaccessible in the other

Ø Reading : « Sextine » d’Arnaut Daniel.

ü « Fussège sien de corps … »

 

Cathy Bernard's answers clarified certain points :

 

Ø Do we know the names of Ladies ?

ü The first is Dangereuse, countess of Châtellerault. Her husband, Aymeric, was vassal to Guillaume d’Aquitaine who placed her in the Tour de Maubergeon in Poitiers and who, for her, abandonned his wife. They married off their respective children, grand parents of Alienor.

Ø Were there female troubadours ?

ü Love is « aristocratic »,  marriages are political but the heart is adulterous.

Cf. « L’amour au féminin » by P. Bec

Ø Have we found musical scores ?

ü Two melodies out of eighteen songs.

Ø What are the sources?

ü They are marian, arab-andalou …  but none is sufficient to describe courtly love.

They helped in the emergence but there were other aspects: religious education, the Bible, the classics...

§  Cf. Henri Irénée Marrou « Les Troubadours »,

                                                    Paris, Le Seuil, 1961.

§  Cf. Synthesis by Pierre Bec.

·        « Le comte de Poitiers ».

·        The new anthology of medieval occitan verse.

§  Henri Gougaud. Podcast on France Culture : « l’Amour courtois ».

§  Anthology by Jacques Roubaud.

Ø What was the life of a troubadour?

ü He was connected to the court.

ü A troubadour is often the composer and often of noble origins.

ü The key activity is that of the juggler who sings the songs of the troubadour for a salary. Sometimes he acquires a 'savoir-faire' and becomes a troubadour; he lives though on his salary under the protection of a noble lord or lady.

Ø Were they accompanied ?

ü We know of numerous instruments.

Cf. Xavier Terrasa.

Ø Was Love not imaginary for some?

ü Love is the common denominator.

ü Certain seem to remain in the domain of dreams.

Cf. Jaufré Rudell to whom are attributed six songs including « l’Amour de loin ».

ü Potentially, certain ladies are pure dreams

 

Eighty people attended this afternoon of poetry.

Thank you to Jacques Lassort for his wonderful rendition of 'Le Bâteau Ivre'  from Rimbaud and the brilliant lecturer Katy Bernard.

 

Sonia Breux-Pouxviel