Samedi 2 décembre 2023
Ribéracois terre de
poésie
Des troubadours aux
poètes contemporains
Lecture de poèmes
par Jacques Lassort
Notes : dans le château a vécu
Guillaume de la Tour par contre, la Baronne de la Tour Blanche, Herminie de
Verteillac n’y a pas vécu.
Entre la Lizonne et la Dronne, il y a
eu de nombreux poètes.
Troubadours d’hier et d’aujourd’hui.
Arnaud Daniel de Ribérac emploie le parler limousin, langue culturelle de tout le Sud de l’Europe.
Louis Aragon : En 1940, son régiment arrive à Ribérac, il en résultera un texte « la leçon de Ribérac ».
Ø Lecture :
« La soif et la source ».
Arnaud de Mareuil.
Ø Lecture :
« Quand une brise a douce haleine … » salut d’amour (nouvelle forme
poétique).
Guilhem de la Tour, né, dit-on, à la Tour Blanche.
On
a conservé 14 de ces poèmes plus des pièces de circonstance écrites en Italie.
Il enlève sa maîtresse, elle meurt et il devient fou.
Ø Lecture :
« Que bonne fortune m’advienne ».
Pierre de Bourdeilles.
Il
a habité la Tour Blanche pendant plusieurs années en attendant la construction
de Richemont. Il y fait son testament. Il a été l’ami de Philippe Strozzi.
Ø Lecture :
« Ses yeux sont plus luisants ».
Théodore de Banville.
Ø Lecture :
sonnet dédié à Marguerite de Navarre au sujet de Brantôme.
Herminie de Verteillac (XIXème siècle).
Elle
a été citée par Proust dans « A l’ombre des jeunes filles en fleur ».
Elle a écrit 4 recueils de poésie. Elle a cofondé la Société des poètes avec
Heredia.
Ø Lectures :
« Souffle d’océan ».
« Les mouettes ».
Charlotte Serre.
Née
à St Jory de Chalais, elle a vécu à Champagnac. Elle a été résistante et a reçu
le prix des Amis de l’Académie française. Elle a écrit, entre autres, un
« Florilège de la Dronne et du Périgord Vert ».
Ø Lectures :
L’écho.
Les routes.
Pour cela.
Alain Clément. Né à la Tour Blanche.
Ø Lectures :
tirées du recueil « Clochard de rêve ».
Finisterae.
Poïema.
Arthur Rimbaud
Ø Lecture :
« Le bareau ivre » Tiré de « Poésies »
François Villon.
Ø Lecture :
« Balade des Dames du temps jadis ».
Arnaut Daniel
Voyage poétique
dans son œuvre
Katy Bernard
Nous
avons conservé 17 chansons plus une plutôt obscène.
La fin Amor est la plus grande valeur
qui soit dans le monde des troubadours.
Arnaut Daniel est un poète de l’amour
fou, un peu comme Bernard de Ventadour ou Rigaud de Barbezieux.
Né vers 1150, il fait partie de la
génération qui suit Guillaume d’Aquitaine et Bernard de Ventadour, il est
contemporain de Bertrand de Born avec lequel il est ami. Il écrit surtout entre
1180 et 1195.
Le moine de Montaudon, Pierre de Vic
(1143-1210), a écrit un poème satyrique sur lui : « il a des mots
fous ». Aragon, pour Elsa, dit : « rien n’est trop fou pour
parler d’elle ». Dante et Pétrarque saluent cette folie des mots.
Comment Arnaut Daniel se fond dans
cette pensée amoureuse
Les troubadours veulent dresser
l’amour profane au même rang que l’amour sacré de la religion.
Ø Lecture :
Amor es de pretz la claus
L’amour est son guide, il fait le
printemps.
Ø
Lecture : clin d’œil à Bernard de
Ventadour.
ü « Quand
chois la feuille …. Car mon amour me reverdit le cœur »
Ø
Lecture : de Bernard de
Ventadour.
ü « Lorsque
les bois et les chênaies se couvrent de fleurs … »
Dans une autre présentation, il
devient la poésie. Il devient artisan des mots. Il dira « moi aussi, comme
mon poème, je m’affirme … reflet du talent et de l’Amour. »
Ø
Lecture : « Sur cette note
légère je fais des mots … «
Arnaut Daniel se fait aussi laboureur
ainsi qu’artisan « je forge mes rimes … ». Monclin et Audierne sont
des amants.
Ø
Lecture : « si toutes mes
terres désertes … ».
Enfin, Arnaut Daniel se fait fleuve.
Ø
Lecture : « Aucune joie ne
me serait trop brève … ».
Il se métamorphose au grès de ses
poèmes mais le but est le même : exprimer son amour.
« Comment il voit la Dame
aimée. »
On ne sait pas qui elle est. Le
« segnals » est un code pour désigner la Dame. Elle est comme l’Amour
au-dessus des valeurs, « Miels de ben ». Elle est élevée, chantée
mais sans oublier sa chair. Il exprime une volonté de montrer sa loyauté, sa
pureté
Ø
Lecture : « Dame, mieux que
bien … ».
Ø
Lecture : de Rigaud de Barbezieux
qui l’appelle ‘mieux que Dame ». Il n’arrive pas à parler de chair et va
chercher dans les bestiaires et dans les images religieuses. Pour lui, la Dame
est l’image de l’amour sur terre. Pour lui c’est l’expression du désir charnel,
il est le tigre, elle est le reflet dans le miroir
ü « Tout
comme la tigre au miroir s’oublie ».
§ .
Les aspects les plus érotiques de la
pensée d’Arnaut Daniel
Arnaud Daniel est plus direct.
Ø
Lecture : « l’accueil fut
bon, mon discours accepté … »
ü L’or
pur représente la Dame et les mots sont choisis :
§ « Nous
nous étreignîmes » (manteau bleu).
§ Que
nous couchions ensemble … (nudité qui devient éblouissement, recouvert de la
lampe.)
On retrouve cette histoire de manteau
brun avant. Chez quelqu’un de moins entreprenant qu’Arnaut Daniel, Guillaume
d’Aquitaine.
Ø
Lecture : « Je pense encore
à ce matin … »
ü « Tant
que j’ai mes mains sous son manteau. »
Guillaume et Arnaut relient le profane
et le sacré pour montrer que l’amour profane est aussi sacré, comme la Dame.
Amour, respect ? « Ongle et
chair restent eux-mêmes mais impossible à séparer ».
C’est une grande invention des
troubadours. Désirer n’est pas posséder mais aller vers. Renouveler le désir en
amour est la chose la plus difficile au monde. Pour cela, il faut accepter la
part d’insaisissable de l’autre.
Ø
Lecture : « Sextine »
d’Arnaut Daniel.
ü « Fussège
sien de corps … »
Les réponses de Cathy Bernard ont pu
clarifier encore certains points :
Ø Connait-on
le nom des Dames ?
ü La
première est Dangereuse, comtesse de Châtellerault. Son époux, Aymeric, était
vassal de Guillaume d’Aquitaine qui va l’installer tour Maubergeon à Poitiers
et qui, pour elle, répudie sa femme. Ils ont marié leurs enfants respectifs,
grands-parents d’Aliénor.
Ø Y
a-t-il des femmes troubadours ?
ü L’amour
est « aristocratique », les mariages sont politiques mais le cœur est
adultère.
Cf. « L’amour au
féminin » de P. Bec
Ø A-t-on
retrouvé des partitions ?
ü Deux
mélodies su 18 chansons.
Ø Quelles
sont les sources ?
ü Elles
sont mariales, arabo-andalouses … mais aucune ne suffit à expliquer l’Amour
Courtois.
Elles ont aidé à
cette explosion mais il y a autre chose : éducation religieuse, Bible,
classiques …
§ Cf.
Henri Irénée Marrou « Les
Troubadours »,
Paris, Le Seuil, 1961.
§ Cf. Synthèse de Pierre Bec.
·
« Le
comte de Poitiers ».
·
Nouvelle
anthologie de la lyrique occitane du Moyen-âge.
§ Henri
Gougaud. Podcast sur France Culture : « l’Amour courtois ».
§ Anthologie
de Jacques Roubaud.
Ø Comment
ça se passait à l’époque ?
ü Dans
le cadre de la cour.
ü Un
troubadour est souvent le compositeur, il est souvent noble.
ü L’artiste
de métier est le jongleur qui chante les chansons du troubadour contre salaire.
Parfois il acquiert un savoir et devient troubadour mais il vit de son salaire
et cherche souvent la protection d’un grand seigneur ou d’une Dame.
Ø Avaient-ils
un accompagnement ?
ü On
connait de nombreux instruments.
Cf. Xavier Terrasa.
Ø L’Amour
n’était-il pas imaginaire pour certains ?
ü C’est
une dénomination commune avec la même idée de l’amour.
ü Certains
semblent être restés dans le domaine de l(onirique.
Cf. Jaufré Rudell dont
on connait 6 chansons dont « l’Amour de loin ».
ü Peut-être
que certaines Dames sont rêvées.
Cet après-midi poétique a été suivi
par environ 80 personnes.
Merci au récitant Jacques Lassort pour
son interprétation bouleversante du bateau ivre de Rimbaud et à la brillante conférencière
Katy Bernard.
Sonia Breux-Pouxviel
Version Anglaise Traduction : Finn Anson
Riberac; Land of poetry.
From the troubadours to contemporary poets
Poems read by
Jacques Lassort
(Nota Bene:
Guillaume de la Tour lived in the chateau de La Tour Blanche. However, la Baronne de la Tour Blanche, Herminie de Verteillac
did not live there.
Between
the Lizonne and the Dronne, there are numerous poets.)
Troubadours then and now
Arnaud Daniel de Ribérac used the Limousin dialect, the cultural language in the south of Europe.
Louis Aragon : In 1940, his regiment arrived in Ribérac, from whence came the text « la leçon de Ribérac ».
Ø Reading : « La soif et la source ».
Arnaud de Mareuil.
Ø Reading:
« Quand une brise a douce haleine … » In praise of love
Ø (A new poetical form).
Guilhem de la Tour, born, so it is said, at La Tour Blanche.
Fourteen of his poems have
been conserved in addition to occasional texts written in Italy. He elopes with
his mistress, she dies and he becomes mad.
Ø Reading : « Que bonne fortune m’advienne ».
Pierre de Bourdeilles.
He lived in La Tour
Blanche for sevaral years whilst waiting
for Richemont to be built. There he wrote his will, and was the friend of
Philippe Strozzi.
Ø Reading :
« Ses yeux sont plus luisants ».
Théodore de Banville.
Ø Reading : A sonnet about Brantôme dedicated to Marguerite de Navarre.
Herminie de Verteillac (19th Century).
She was mentionned by Proust
in « A l’ombre des jeunes filles en fleur ». She wrote four
collections of poetry. She confused the Poetical Society with Heredia
Ø Readings
: « Souffle d’océan ».
« Les mouettes ».
Charlotte Serre.
Born in St Jory de Chalais,
she lived in Champagnac. She was in the resistance and received the prize of
Les Amis de l’Académie Française. She has written, amongst others, « Florilège
de la Dronne et du Périgord Vert ».
Ø Readings :
L’écho.
Les routes.
Pour cela.
Alain Clément. Born in La Tour Blanche.
Ø Readings
from the collection « Clochard de rêve ».
Finisterae.
Poïema.
Arthur Rimbaud
Ø Reading : « Le bareau ivre » Taken from « Poésies »
François Villon.
Ø Reading :
« Balade des Dames du temps jadis ».
Arnaut Daniel
Poetical journey
through his work
Katy Bernard
Seventeen
songs have been preserved including a rather obscene one.
Courtly love was the greatest virtue
at the time of the troubadours.
Arnaut Daniel is a poet of passionate
love, similar to Bernard de Ventadour or Rigaud de Barbezieux.
Born around 1150, he is part of the generation following in the
footsteps of Guillaume d’Aquitaine and Bernard de Ventadour. He is a
contemporary of Bertrand de Born and a friend. The bulk of his work was written
between 1180 and 1195.
The Montaudon monk, Pierre de Vic (1143-1210), wrote a satirical poem about him: « il
a des mots fous » (His verbage is
folly). Aragon, pour Elsa, dit : « rien n’est trop fou pour
parler d’elle » ( no madness
eclipses that said of her ). Dante and Petrarch praise this word folly.
How did Arnaut Daniel begin in the
world of courtly love?
The troubadours wish to see profane
love on the same setting as the sacred love of religion.
Ø Reading:
Amor es de pretz la claus
Love is his guide, he welcomes the
Spring
Ø
Reading : reference to Bernard de
Ventadour.
ü « Quand
chois la feuille …. Car mon amour me reverdit le cœur »
Ø
Reading : from Bernard de
Ventadour.
ü « Lorsque
les bois et les chênaies se couvrent de fleurs … »
In another presentation, he becomes the poetry; he becomes a
word-smith. He will say « moi aussi, comme mon poème, je m’affirme …
reflet du talent et de l’Amour. » (I,
too, as my poem, assert myself...the reflexion of talent and Love)
Ø
Reading : « Sur cette note légère
je fais des mots … «
Arnaut Daniel was also a labourer as
well as an artisan « je forge mes rimes … » (I forge my rhymes) . Monclin and Audierne are lovers.
Ø
Reading : « si toutes mes
terres désertes … ».
Above all, Arnaut Daniel flows.
Ø
Reading : « Aucune joie ne
me serait trop brève … ».
He changes at the whim of his poetry
but the end is always the same: to express his Love.
« Who is the Lady of Love? »
We do not know who she is. The « segnals » is a code to
indicate the Lady. She is like the love that is over and above all virtue. « Miels
de ben ». She is elevated and proclaimed, and remains flesh incarnate. He
expresses the desire to show his loyalty and purity.
Ø
Reading : « Dame, mieux que
bien … ».
Ø
Reading : From Rigaud de
Barbezieux who calls her ‘mieux que Dame' ». He is unable to speak of the
flesh and delves into bestiaries and religious imagery. For him the Lady is the
image of love on earth. For him it is the expression of carnal desire; he is the
tiger, she is the reflexion in the mirror
ü « Tout
comme la tigre au miroir s’oublie ».
§ .
The erotic aspects of Arnaud Daniel's
thought
Arnaud Daniel is frank.
Ø
Reading: « l’accueil fut bon, mon
discours accepté … »
ü Pure
gold represents the Lady and the words are specific:
§ « Nous
nous étreignîmes » (blue cloak).
§ Que
nous couchions ensemble … (nudity that becomes blinding, covered by a lamp)
Guillaume d’Aquitaine, less prolific
than Arnaud Daniel, used the story of the brown cloak
Ø
Reading : « Je pense encore à
ce matin … »
ü « Tant
que j’ai mes mains sous son manteau. »
Guillaume and Arnaud combine the
sacred and the profane, showing that profane love is also sacred, like the
Lady.
Love, respect ? « Ongle et
chair restent eux-mêmes mais impossible à séparer ».
It is a grand creation by the
troubadours. To desire is not to possess but is to go towards. Renewing desire
in love is one of the most difficult feats in life. For that one must accept
the inaccessible in the other
Ø
Reading : « Sextine » d’Arnaut
Daniel.
ü « Fussège
sien de corps … »
Cathy Bernard's answers clarified
certain points :
Ø Do
we know the names of Ladies ?
ü The
first is Dangereuse, countess of Châtellerault. Her husband, Aymeric, was
vassal to Guillaume d’Aquitaine who placed her in the Tour de Maubergeon in
Poitiers and who, for her, abandonned his wife. They married off their
respective children, grand parents of Alienor.
Ø Were
there female troubadours ?
ü Love
is « aristocratic », marriages
are political but the heart is adulterous.
Cf. « L’amour au féminin »
by P. Bec
Ø Have
we found musical scores ?
ü Two
melodies out of eighteen songs.
Ø What
are the sources?
ü They
are marian, arab-andalou … but none is
sufficient to describe courtly love.
They helped in
the emergence but there were other aspects: religious education, the Bible, the
classics...
§ Cf.
Henri Irénée Marrou « Les
Troubadours »,
Paris, Le Seuil, 1961.
§ Cf. Synthesis by Pierre Bec.
·
« Le
comte de Poitiers ».
·
The new
anthology of medieval occitan verse.
§ Henri
Gougaud. Podcast on France Culture : « l’Amour courtois ».
§ Anthology
by Jacques Roubaud.
Ø What
was the life of a troubadour?
ü He
was connected to the court.
ü A
troubadour is often the composer and often of noble origins.
ü The
key activity is that of the juggler who sings the songs of the troubadour for a
salary. Sometimes he acquires a 'savoir-faire' and becomes a troubadour; he
lives though on his salary under the protection of a noble lord or lady.
Ø Were
they accompanied ?
ü We
know of numerous instruments.
Cf. Xavier Terrasa.
Ø Was
Love not imaginary for some?
ü Love
is the common denominator.
ü Certain
seem to remain in the domain of dreams.
Cf. Jaufré Rudell to
whom are attributed six songs including « l’Amour de loin ».
ü Potentially,
certain ladies are pure dreams
Eighty people attended this afternoon
of poetry.
Thank you to Jacques Lassort for his
wonderful rendition of 'Le Bâteau Ivre'
from Rimbaud and the brilliant lecturer Katy Bernard.
Sonia Breux-Pouxviel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire