Compte-rendu de la conférence du 25 Mars 2013 faite par Patrice Rolli :


                     Le Périgord dans la seconde guerre mondiale.

Environ 110 personnes sont présentes pour écouter cette conférence.
Gabriel Duverneuil rappelle les dates suivantes
          -Mercredi 22 mai : visite du château de Nérac avec Anne-Marie Coccula
Un courriel suivra précisant toutes les modalités.
         -Lundi 27 Mai : conférence de Jean Roux sur le thème
          « La vie quotidienne en Périgord pendant la Guerre de 100 ans »

Il présente ensuite le conférencier,  ethnologue et historien.
  Patrice Rolli nous explique sa démarche pour écrire  « Le Périgord dans la seconde guerre mondiale ». Il avait débuté son travail d’ethnologue en Indonésie en étudiant « Le culte des ancêtres », mais ce  travail fût brutalement interrompu par l’attentat de Bali en 2002.
  Mussidannais d’origine, il décide alors de recueillir les souvenirs de ceux qui vécurent l’époque de la dernière guerre dans la région. Tout part de la mémoire encore très vive du massacre des 52 otages à Mussidan le  11 Juin 1944, le 10e plus important en France occupée, perpétré par les nazis.
Le 6 Juin a eu lieu le Débarquement et l’ordre est donné aux divers maquis de France de ralentir au maximum la remontée des troupes allemandes vers le Nord. Le maquis de la Double attaque un train allemand en gare de Mussidan et le détruit, tuant ou faisant prisonniers la plupart des soldats.
 Les représailles allemandes s’abattent immédiatement sur la population locale et 52 otages sont fusillés.
Il s’attache alors à rassembler les témoignages des survivants et de leurs descendants et brosse pour nous le portrait de 4  « héros » de l’époque. Beaucoup de ces souvenirs sont, bien sûr, liés à la proximité de la Ligne de Démarcation.
  Noêla Malard fut l’une de ces héroïnes modestes qui ont tant contribué à sauver des vies. Son Auberge près de la gare de Beaupouyet entre Montpon et Mussidan ,1ère gare en zone libre sur l’axe  Bordeaux-Lyon  est repéré par le Réseau de résistance du Musée de l’Homme qui, dès 1940 aide à passer en France libre tous ceux qui sont  poursuivis ( prisonniers évadés et aviateurs anglais) et à passer des valises de documents secrets (divers plans, du mur de l’Atlantique, de la défense aérienne de Strasbourg…).
 La plupart de ces Résistants sont arrêtés et fusillés en 1942.
  Fernande Escudié, buraliste à Montpon et excédée par l’occupation de la France  obtient un Ausweiss . Cela lui permet de faire passer en zone libre du courrier , puis des personnes poursuivies  et enfin les réfractaires au STO vers les maquis en   1943. Elle est arrêtée le 16 Juillet 1943 et déportée à Ravensbruck d’où elle revient en Avril 1945.
  Jean Laurière rejoint le maquis de Corrèze puis celui de la Double en  1943 et s’attache à éliminer les dénonciateurs et agents des Allemands qui sapent l’activité de la Résistance. Il arrête avec ses hommes  un certain Jean de Beaumont, membre du PPF et notoire agent d’une officine au service des Allemands et l’exécute. Il est recherché, arrêté  ,apparemment par hasard, sur le pont de Mussidan le 16  Janvier 1944, transféré à la Gestapo de Limoges et vraisemblablement torturé 2 mois avant d’être exécuté.
  Hubert Faure né en 1914 entre dans l’Armée en 1937, est fait prisonnier en 1940 et refuse l’internement en Allemagne et la reddition de la France. Il s’évade le 15 Août et rejoint Neuvic. Il prend contact avec ses anciens officiers, est affecté au « ravitaillement » à la Mairie de Ribérac, couverture   pour le camouflage de matériel militaire en attendant l’heure de la « Revanche ». Recherché,  début 1943 il franchit les Pyrénées et rejoint De Gaulle à Londres. Il s’engage dans la France Libre, et rejoint les commandos britanniques.
A ce titre il fait partie des 177 français à participer au débarquement en Normandie au sein du  « commando Kieffer » et il dirige la prise du Casino d’Ouîstreham le 6 Juin 1944.
        Voilà en abrégé l’histoire  de quatre héros  de notre temps qui se sacrifièrent pour sortir la France de l’occupation nazie.
   Le livre de P. Rolli contient bien d’autres témoignages passionnants.  Lisez-le !

           Claude Duverneuil.

Le Périgord dans la Seconde Guerre Mondiale.

               Lundi 25 Mars 20h 30 salle Polyvalente 
                             de La  Tour Blanche


« Le Périgord dans la Seconde Guerre mondiale : chronique des années noires du Mussidanais et de l’Ouest de la Dordogne »

   Patrice Rolli historien et ethnologue viendra nous présenter
 le résultat de dix années d’enquêtes, de  témoignages et de recherche d’archives sur cette partie du Périgord qui  
 nous est proche :   le Mussidanais.

                                    
      Ce travail énorme de recueil de témoignages prend tout sa signification car il est placé dans une démarche qui remet en perspective ces récits dans une vision plus générale des hostilités. Des actions parfois oubliées ou ignorées reprennent  tout leur sens, et les femmes et les hommes qui en sont les acteurs nous deviennent plus familiers dans leurs certitudes et leurs doutes.
 Patrice Rolli dont le livre est d’ores et déjà un succès en librairies, nous présentera sa démarche et les parcours individuels de quelques personnages qui nous aident à comprendre que l’histoire des peuples  se fait à partir d’histoires  personnelles et  que le plus humble d’entre nous  peut être le protagoniste d’évènements qui bouleversent le monde. 

Entrée gratuite 



Les Cloches de La Tour blanche


Les cloches et les églises de La Tour Blanche.
Une histoire mouvementée !

Où peut mener une vérification de date !

Au cours de l’écriture de l’histoire de La Tour Blanche pendant la guerre de cent ans, je me suis trouvé face à deux sources divergentes concernant la date de la fonte de la grosse cloche de l’ancienne église St Sébastien, aujourd’hui disparue 1 et qui fût transportée dans le clocher de l’église Notre Dame de la Recluse. A Giraud dans son Histoire de La Tour Blanche donnait comme date 13812, l’abbé Brugière dans son descriptif concernant La Tour Blanche indiquait 15813 et dans un autre ouvrage 1583. Une vérification s’imposait donc, occasion également de confirmer ou d’infirmer leurs écrits au sujet de l’inscription portée par la cloche pour laquelle les deux auteurs semblaient presque d’accord : « Sancte SebastianA ora pro nobis Je suis faicte pour la VILLE DE LA Tour Blanche » pour Giraud, « Sancte SebastianE ora pro nobis J’AI été faicte pour la VILLE DE LA Tour Blanche » pour Brugière
Mr le Maire m’ayant accordé l’autorisation et les employés municipaux4 ayant installé un plancher provisoire sous la grosse cloche, j’ai pu attaquer cette vérification du 11 au 19 février 2013
(Pour consulter les photos allez à la fin du texte)

Surprises dans le clocher

La montée dans le clocher, sans danger, m’a réservé quelques surprises. La première a été la découverte de nombreux graffiti à l’étage des sonneurs de cloches. Sur le plâtre des murs de cette petite pièce à laquelle on accède par un escalier tournant, j’ai vu défiler les noms de tous les enfants de cœurs ayant eu l’insigne privilège de monter à cet étage sonner les cloches pour les divers évènements à caractère religieux du village5. Les dates associées aux noms vont, quand elles existent, de 1913 à 1969. Vous trouverez en Annexe 1 les noms et prénoms de ceux que j’ai pu identifier.
A ce même étage on peut accéder au plancher situé au-dessus des voutes des quatre travées de l’église, voir la charpente et constater l’allongement d’une travée au moment de la reconstruction du clocher en 1898.
Un étage plus haut, auquel on accède par une échelle de meunier, la deuxième surprise a été la découverte du magnifique mécanisme d’horlogerie qui actionnait le cadran de l’horloge,
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1 Eglise, aujourd’hui disparue, qui était située en ville, c'est-à-dire à l’intérieur de l’enceinte fortifiée de La Tour Blanche.

 2  P 78, ( Giraud, 1913 ) 

 3  p 128 ( Brugière 2012)

4Un grand Merci à tous ceux qui m’ont permis d’effectuer cette vérification dans les meilleures conditions de sécurité.

5La rampe et les dernières marches du haut de l’escalier sont soumises à la pluie traversant le toit de pierre du clocheton. Le mortier a disparu et les pierres ne sont plus jointives.

Page 2

 toujours visible du côté sud du clocher. Protégé par un coffre monté sur quatre pieds, permettant au balancier de faire son office, cette horloge, bien que nécessitant un brin de toilette, reste une belle œuvre de maitre horloger. Les multiples engrenages du mécanisme sont fixés sur un bâti en bronze sur lequel on peut lire la marque de la société (AC). Le cadran visible sur le clocher était commandé par deux renvois d’angles, un autre cadran fixé sur le bâti permettait à l’horloger de régler l’heure, il était commandé en direct par l’axe de sortie de l’horloge6.
Encore deux étages d’échelle de meunier et nous voici au niveau des cloches. Ce qui frappe au premier abord c’est la puissance du bâti qui supporte les deux cloches principales, l’ensemble est encore renforcé par des tirants en acier cerclant ce double quadrilatère. En voyant pour la première fois cette cloche, sans doute parmi les plus anciennes du département, on ne peut qu’être ému devant ce témoignage d’une grande technicité, elle a résisté aux épreuves du temps et de l’Histoire et elle en porte les marques. A côté de la grosse cloche supportée par la partie Ouest du bâti, une cloche plus récente dans la partie Est, dont la date seule est visible : 1902 et, fixée au-dessus de ce même bâti, une petite cloche avec comme inscription « Vauthier fondeur St Emilion Gironde l’an 1900 ».

Le beffroi

Encore un petit effort et, en montant sur le bâti qui supporte les cloches, j’ai non seulement une vue d’ensemble sur celui-ci7 mais aussi une très belle vue sur le village8 et les deux châteaux celui de Nanchat en second plan et le château fort en arrière plan

Comment nettoyer les cloches

Comme on peut le voir sur les photos des cloches9 telles qu’elles me sont apparu, il était difficile de relever les inscriptions sans un nettoyage sérieux. Renseignements pris deux méthodes simples étaient proposées, eau tiède +ammoniaque ou eau tiède + gros sel + vinaigre blanc et ensuite rinçage à l’eau tiède additionnée de savon noir. Les deux méthodes donnant des résultats identiques après essais sur une petite surface, j’ai choisi la plus simple et moins couteuse : eau + ammoniaque.

Faire apparaître les inscriptions

Sur la cloche de 1902 la qualité du travail de fonderie permet de lire sans problème les inscriptions, mais il n’en est pas de même sur la cloche ancienne. Après des essais infructueux de relevés sur papier calque, la solution, simplissime, viendra des feutres blancs pour tableau noir, qui vont permettre de donner du contraste et de distinguer les plus petits détails.
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6Galerie de photos : Horloge-1 et -2

7Photo : beffroi,

8Photos :village-1, -2, -3

9Photos : Sébastiane-1, Jeanne-1 et -2

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Les cloches

Les différentes parties d’une cloche

Ill.

La Sébastiane

(Pour les termes techniques en italique, voir le dessin ci-dessus)
La Sébastiane, située à l’ouest dans le clocher, est la plus grosse des trois cloches, entre 8oo et 900 kg. Elle mesure au niveau de la pince 105cm de diamètre et 55cm au niveau du cerveau. Sa hauteur entre la pince et le haut du cerveau (donc non comprise la couronne d’anses) est de 78 cm. La couronne d’anses est, comme sur l’illustration ci-dessus, encastrée dans le mouton et solidement fixée par des ferrures.
La cloche est en airain, alliage composé en moyenne de 22% d’étain et 78% de cuivre.
L’intérieur n’est pas poli et comporte de nombreuses petites aspérités. Au Nord/ouest et au Sud/Est, correspondant au sens du balancement, au niveau de la zone d’impact de la boule de frappe10, l’arrondi de moulage a été semble-t-il limé pour donner une surface plate. La pince est très dégradée sur toute la circonférence11, on peut imaginer que lors de l’incendie du clocher12 et lors de son transport dans l’église Notre Dame de la Recluse, la cloche a subit quelques dommages.
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10Photos : Sébastiane-10 et -11

11Photo : Sébastiane-9

12Voir le paragraphe histoire de l’église St Fabien St Sébastien ( à venir)


Page 4

L’extérieur comporte une zone d’inscriptions et de décorations au niveau du haut de la robe. L’anneau de frappe et le bas de la robe comportent huit anneaux de décoration13 en relief de 1 à 2 mm. La robe est lisse, est-elle brute de fonderie ou a-t-elle été polie ? Difficile de se prononcer dans un ou l’autre sens ? Par contre le haut de la robe sur lequel se trouvent les inscriptions est rugueux, la frise située en dessous14 n’est pas toujours bien sortie de l’opération de fonte, il en manque des portions, de même qu’il manque des portions de lettres.
Le cerveau comporte également des cordons de décoration de 1 à 2 mm d’épaisseur.
L’inscription est sur deux lignes, on peut lire:
ORA PRO NOBIS ?E SU?S FAICT POUR LA VILLE DE LA SANCTE S ? ?BASTIANE
TOUR BLANCHE 1 ?81
Quelques remarques au sujet du texte15
Notons que le texte est en Français, sauf « ora pro nobis » Priez pour nous.
Les caractères correspondent au gothique du XIVe siècle, mais il y a des doutes sur certains caractères, ainsi après NOBIS, faut-il lire JE ou IE ? Comment interpréter celui situé entre U et le S qui pourrait-être un N dont les jambages inférieurs ne seraient pas sortis à la fonte, mais également, comment interpréter après SANCTE, le S suivi de ce qui semble être une décoration, un espace et BASTIANE. On pourrait également attribuer ce vide à un raté de fonderie et imaginer un E pour faire SEBASTIANE.
Notons que La TOUR BLANCHE est qualifiée de VILLE correspondant au fait qu’elle était entourée de remparts.
Enfin la plus grosse interrogation concerne la date de la fonte. Faut-il lire 1591 ou 1381 ? Je vais tenter de répondre à cette question et à d’autres qui vont surgir au fil des investigations dans la partie consacrée à l’histoire des églises de La Tour Blanche.

La cloche des pauvres

En 1900, une petite cloche de 60 cm de diamètre à la pince et de 50 cm de hauteur, fût offerte par Mr De Bec de Lièvre, neveu de Chillaud Dumaine16. Elle porte comme inscription sur l’anneau de frappe : VAUTHIER FONDEUR St EMILION GIRONDE L’AN 1900.

Elle était destinée selon le donateur à sonner aussi bien pour les pauvres que pour les riches et cela gratuitement. En réalité elle fût cotée comme luxe et chaque fois que pour un office religieux on désirait la sonnerie de deux cloches il fallut payer un supplément. Cela donna lieu à de nombreuses récriminations du public mais force resta au prêtre17.

La Jeanne

En 1902, on installa la troisième cloche dans l’emplacement prévu pour elle dans le beffroi. Cette cloche de taille respectable, 85 cm de diamètre de la pince, 45 cm de diamètre au cerveau et 70 cm de hauteur, pesant 350 kg était réalisée par le même fondeur que pour la petite cloche des pauvres : Vauthier à St Emilion.
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13Photo :Sébastiane-8

14Photos : sébastiane -15

15Photos : Sébastiane-2, -3, -4, -5, -6

16Photo : petite cloche-1

17 p 79  (Giraud 1913)


Page 5
 
Une fois nettoyée de ses salissures elle apparut dans une belle couleur bronze18, d’une facture impeccable et avec ses inscriptions19, figures et décorations d’un très beau rendu20. On peut y lire :
F DAVEZE ETANT CURE                            PAR LES SONS DE CETTE CLOCHE QU’A BENITE MGR DELEMAIRE
EN MEMOIRE DE                                DE LA TOUR BLANCHE ELOIGNEZ DE NOUS SEIGNEUR TOUS LES FLEAUX
                                                           JULES CHILLAUD-DUMAINE CHARLES JOUSSEN BIENFAITEURS DE L’EGLISE
                    PARRAIN JEAN CHILLAUD-DUMAINE MARRAINE GERMAINE DE BEC DE LIEVRE
Il y a une main inclinée entre "CURE" et " DE LA TOUR BLANCHE " ainsi qu'entre "EN MEMOIRE DE" et  3JULES CHILLAUD", pour indiquer la continuité  du texte, comme on peut le voir sur les photos.
Sur la robe, au quatre quarts nous trouvons au N/O un profil de femme avec la tête couverte d’un voile et au-dessus le nom de la cloche : JE M’APPELLE JEANNE
A u N/E une tête de Christ, au S/E une croix et au S/O un évêque de pied, avec sa crosse et bénissant.
Sur la partie haute de la robe une frise de feuillage et sur la partie basse une autre frise de volutes et de feuilles. Enfin sur l’anneau de frappe le nom du fondeur :
E. VAUTHIER FONDEUR A St EMILION GIRONDE L’AN 1902

Retour sur la Sébastiane

Les paléographes à mon secours

Il est un peu déroutant pour un néophyte en écriture ancienne comme moi de trouver associés une écriture de type gothique et des chiffres plus modernes, mais la lecture assidue des ouvrages de H Brugière, et de R Drouault, est éclairante à ce sujet, les fondeurs indiquent-ils, utilisaient sur plusieurs générations des matrices d’alphabet gothique en cuivre gravé, ces caractères gothiques seront progressivement abandonnés à la fin du XVIe siècle21. Les cloches comportant ce type de caractères se rencontrent à Calés (1538), Eglise-Neuve-d’Eyraud (1540), Chantérac (1544), St Barthélémy (1549), Douzillac (1551), Augignac , Chancelade, Corgnac et St Eulalie-d’Ans(1579), La Tour Blanche (1581), Verteillac (1586). Au début du XVIIe siècle les inscriptions en gothique se font de plus en plus rares mais la cloche du Petit-Jumilhac, de 1604, est encore en gothique.
En ce qui concerne la date, le nettoyage de l’inscription22 le montre nettement, ce qui pouvait être pris pour un trois (la proximité du cordon de décoration et les salissures sont sans doute la cause de cette erreur) est bien un cinq à la manière du XVIe siècle23.
Le chanoine H Brugière avait recensé en Périgord 208 cloches antérieures à la Révolution, la Sébastiane est la 23ième. Il ne recensait que deux cloches antérieures à 1500, 32 au XVIe siècle et le reste aux XVII et XVIIIe siècles24.
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18Photo : Jeanne-11

19Photos : Jeanne-4, -6, -7

20Photos : Jeanne-5, -8, -9, -10

21 p121  (Brugière 1907)

22Photo : Sébastiane-12

23Merci à B Reviriego et M Etchechoury qui m’ont confirmé cette écriture de 1581

24 p 45-46  (Brugière 1907)


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Les fondeurs de cloches

Des artisans itinérants très qualifiés

Jusqu’au milieu du XIXe siècle les fondeurs de cloches étaient itinérants et parcouraient la campagne à la recherche de commandes ils n’emportaient que quelques instruments dont les plaques pour faire les moulages en cire pour les inscriptions et décorations, tout les autres outils et matériaux étaient fournis sur place. Ils passaient un contrat avec les habitants de la paroisse réunis en assemblée comme à Cercles le 24 Juin 1764. Ce contrat est passé entre Jean De Beauvais syndic fabricien de l’église et paroisse de Cercles et Nicolas Guichard Maître fondeur de cloches demeurant à Chaumont la Ville en Lorraine pour la refonte de la cloche de ladite église de Cercles25. Dans ce contrat tout est détaillé : la fourniture du métal, des briques, du bois, de la terre pour faire les moules et du chanvre pour le renforcer, de la cire pour les inscriptions etc.
La fonte des cloches se faisait sur place, le plus près possible de l’église concernée, dans un endroit abrité des intempéries, quelques fois dans l’église comme le montrent les fouilles de l’église St-Gilles de Caen26 , de l’ancienne abbaye Notre Dame à Issoudun27 où ont été mis à jour des ateliers de fondeurs installés dans l’édifice religieux lui-même. Parfois les paroisses profitaient de la venue d’un fondeur pour se grouper et lui faire réaliser plusieurs cloches comme à Cercles où a été fondue une cloche pour St Vivien en 182928.

Avant 1600

Nous ne disposons malheureusement d’aucun texte nommant le fondeur de la Sébastiane. Au XVIe siècle très peu de noms de fondeurs sont connus, soit par les archives paroissiales, soit parce qu’ils ont mis leur nom sur la cloche. Pour la période antérieure à 1600 nous ne connaissons que quelques fondeurs. Me Etienne lo senhier au XVe, fondeur à Périgueux, et au XVIe, Benjamin Lecompte à Bergerac, Nicolas Oudi du Limousin, fondeur de cloches pour la cathédrale St Etienne de Périgueux en 1535. C
Au XVIIe siècle de véritables dynasties de fondeurs de cloche itinérants, très souvent issus de Lorraine, vont prendre naissance. Ils vont sillonner la France et inscriront leurs noms ou prénoms sur les cloches et passer des contrats avec les paroisses. Ce sera le cas des Guichard ,originaires de Lorraine, fondeur de la cloche de Cercles en 1764, mais aussi de celles de Gouts, Menesplet, St Paul la Roche, la Rochebeaucourt, Mensignac29.

Les VAUTHIER au XIXe siècle

Fondeurs de cloches à Saint Emilion en Gironde de la seconde moitié du XIXe siècle au début du XXe siècle, ce sont eux qui réalisent la Jeanne en 1902 et la « cloche des pauvres » en 1900, pour La Tour Blanche.
Antonin et Emile Vauthier vont pendant un demi-siècle fondre des dizaines de cloches pour le Périgord. Antonin le père travaille d’abord chez divers fondeurs, puis de 1845 à 1847, fond des cloches sur place en Gironde. Il se marie et se fixe à St Emilion où il s’installe d’abord dans l’ancien hôpital de 1848 à 1864, puis dans l’ancienne église des Dominicains, saisie sous la Révolution et transformée en atelier de poudres et salpêtres. Lorsqu’Antoine Vauthier
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25 p 373-376 (Dujarric-Déscombes 1896)

26 p 32-39 (Leroux 1991)

27 p 47-62 (Schweitz 1982)

28 p 156 (Brugière 1907)

29 p 511,512 (Brugière 1907)

  
Page 7

 s’installa en 1864, l’église n’avait plus de toiture et menaçait ruine. Il récupère la marquise de la gare de Libourne et la fait monter en couverture de l’église, il creuse aussi deux fosses pour installer les moules des cloches, monte trois fourneaux et suspend des grues de diverses puissances.
La renommée des cloches fabriquées à Saint-Emilion se répandit dans le monde entier. Etienne Vauthier assiste son père dans la fabrication des cloches et, ensemble, ils réaliseront des cloches pour Saint-Pierre de la Martinique, Saint-Paul de la Réunion, Rufisque (Sénégal), Buenos-Aires, Montevideo, Travancore (Inde), Chaguanas (Antilles), etc. Entre 1848 et 1914, année de la fermeture définitive, les Vauthier livrent plus de 1000 cloches à travers la France et le monde. Plus près de La Tour Blanche ils réaliseront des cloches pour les églises de Gouts et du Chapdeuil.
Fin de la première partie. La prochaine fois, je vais essayer de démêler le fondé de ce qui relève des suppositions en ce qui concerne l’histoire des églises de La Tour Blanche.
Gabriel Duverneuil
Le 3 Mars 2013

Bibliographie

Brugière. «Ancien et nouveau Périgord, le canton de Verteillac.» Chroniques nontronnaises , 2012 .
Brugière, Hippolyte. Exploration campanaire du Périgord. Gallica, 1907.
Drouault, Roger. Bulletin de la Société Historique et Archéologique de Périgord, 1896.
Dujarric-Descombes. «Traité pour la refonte de la cloche de l'église de Cercles en 1764.» Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord , 1896.
Giraud, Albert. La Tour Blanche. manuscrit, 1913.
Leroux, Pascal. «La fonte des cloches au Moyen Âge.» Archéologia, Janvier 1991: 32-39.
Schweitz, Daniel. «Un atelier médiéval pour la fonte des cloches à Issoudun.» Revue archéologique du centre de la France, 1982: 47-62.



Pour consulter les Photos cliquer ICI




Les Cloches de la Tour Blanche - Images -


Horloge 1

Horloge 2

Beffroi

Village 1

VIllage 2

Village 3

Sébastiane 1

Jeanne 1

Jeanne 2

Sébastian 11

Sébastiane 10

Sébastiane 9

Sébastiane 8

Sébastiane 15

Sébastiane 2

Sébastiane 3

Sébastiane 4

Sébastiane 5

Petite cloche 1

Jeanne 11

Jeanne 4

Jeanne 6

Jeanne 7

Jeanne 5

Jeanne 8

Jeanne 9

Jeanne 10

Sébastiane 12

Sébastiane 6