5ème Rencontres Historiques de La Tour Blanche du 23 Novembre 2013

« Antoine de Touneins,  Périgordin , Roi d’Araucanie et de de Patagonie et les indiens Mapuches du Chili et d’Argentine »  
 
Ces rencontres ont rassemblé une centaine de personnes entre 14h et 18h 30


G. Duverneuil commence par remercier tous ceux qui ont aidé à la préparation et à la réussite de cette journée, puis présente les intervenants :
    J.F. Gareyte, historien.
    Le groupe « Théatre au vent »  avec : Ana Maria Venegas et Julie Uteau, comédiennes,  Igor Quesada, musicien et chanteur
.


G Duverneuil nous brosse ensuite une rapide histoire du peuple des Indiens Mapuches jusqu’à l’arrivée d’Antoine de Touneins comme introduction à la conférence de J.F. Gareyte.
Les Mapuches occupent de manière ancestrale un territoire de l’Amérique du sud  limité à l’ouest par le Pacifique, à l’est par la cordillère des Andes, au nord par les vallées de l’Aconcagua et au sud par les régions face à l’ile de Chiloê. Ils ont une langue commune, le Mapudungun et une culture commune de tradition orale. Mapuche signifie « Homme de la Terre ». Leur mode de vie est agro-pastoral avec un grand respect de la terre et donc pratiquant culture et élevage extensifs. Il n’y a pas de propriété privée ni de la terre, ni du bétail.
Le mode d’organisation social est familial, avec un chef, le Lonko pour chaque clan. Les Lonkos se réunissent en sorte de Parlement pour les décisions importantes et élisent un chef de guerre, le Toqui , le cas échéant.
Certaines femmes, les Machis, ont un rôle dominant en matière de religion ou de médecine.
Les Mapuches forment un peuple jaloux de sa liberté : Les Incas ont essayé de conquérir leur territoire mais ont dû se replier au nord du rio Maule en 1485.
En 1540 débarquent les Conquitadores espagnols avec pour chef Pedro de Valdivia .
Ils tentent de conquérir la région, construisant villes et forts (Valdivia, Concepcion, Angol..). Cette tentative de conquête sera  mise en poème par Alonso de Ercilla dans « La Auracana », un fleuron de la littérature espagnole.
Un fils de Lonko , Lautaro, capturé par les Espagnols, apprend d’eux leur mode de combat et l’usage et l’entretien des chevaux. Il s’évade à 18 ans et, élu Toqui par son peuple, il conduit la révolte contre les Espagnols en 1552. Lautaro meurt en 1557 mais la lutte  continue plus ou moins violente jusqu’à la défaite définitive des Espagnols et la signature en 1643  d’un traité avec le Roi d’Espagne  reconnaissant le fleuve Bio-Bio  comme limite nord du territoire mapuche. Les Mapuches auront un siècle et demi de tranquillité pour échanger et commercer avec leurs voisins.
De 1813 à 1819 éclate la guerre d’indépendance de la colonie espagnole voisine, dans laquelle les Mapuches ne sont pas impliqués. Mais les partisans du Roi d’Espagne se replient en territoire mapuche et les Mapuches , fidèles à leurs engagements du traité de 1643, s’engagent à les aider.
Finalement les Indépendantistes gagnent, un nouveau traité est signé en1825, actualisant le traité de 1643,  reconnaissant toujours la frontière formée par le Bio-Bio entre la nouvelle République chilienne et le territoire mapuche, et exigeant des Mapuches qu’ils se désolidarisent des Royalistes.
Mais en 1845, l’Etat chilien déclare  colonisables les « terres vacantes » au sud du Bio-Bio, terres sur lesquelles vivent les Mapuches qui n’ont évidemment pas de titre de propriété. C’est alors qu’intervient celui que nous attendons tous :
               ANTOINE DE TOUNEINS !
Avant de passer la parole à Jean François Gareyte, G Duverneuil donne quelques éléments sur l’émigration des européens au Chili. Elle se produira à la fin du XIXe siècle sur instigation du gouvernement chilien, essentiellement des Allemands, des Croates, des Espagnols, des Français (environ 50 000) et des Anglais.
Puis il donnera quelques informations sur la situation actuelle de ce peuple, qui représente environ 6% de la population du Chili et qui mène de nombreuses luttes pour faire reconnaître son existence et récupérer ses terres
Actuellement les Mapuches n’ont  récupéré que 10% de leur territoire.
Au cours d’un intermède musical, Igor et Ana Maria nous chantent «El derecho de vivir en paz » (le droit de vivre en paix) de V. Jara , chanteur-poète assassiné en 1973 lors du coup d’état de Pinochet.


J.F. Gareyte va  ensuite s’attacher à détruire les idées reçues sur A. de Touneins, tendant à le présenter comme « un pitoyable mythomane provincial » ! Il s’appuie sur les archives qu’il a abondamment consultées au Chili et en Argentine et sur les nombreux contacts qu’il a eus avec les communautés mapuches.
Antoine Tounem naît en 1825 à Chourgnac près de Hautefort ,9ème enfant d’une famille de paysans aisés, dont tous les fils sont appelés « Prince ». Il reçoit quelques leçons particulières puis ses parents décident de lui payer des études au Collège Royal de Périgueux et il obtient son baccalauréat. Libéré de ses obligations militaires, il décide de faire du Droit, est diplômé en 1851 et achète une charge d’avoué auprès du Tribunal de Périgueux. Entre 1848 et 1852, il travaille au cabinet de Pierre Magne, ancien membre du gouvernement de Louis Philippe et…futur Ministre de Napoléon III.
Il grimpe les échelons de la bourgeoisie périgourdine et dépose une requête au Tribunal pour retrouver sa particule et l’ancienne orthographe de son nom.  D’abord refusée puis acceptée en1857, Il s’appellera dès lors A. de Touneins. Il entre à la Loge Maçonnique de Périgueux et est initié en1857.
C’est alors qu’il vend sa charge d’avoué florissante un bon prix et …disparaît.
Il prend le bateau pour l’Amérique du Sud et débarque à Coquimbo au nord de l’actuel Chili. Il s‘installe à La Serena, puis à Santiago et tente de faire des affaires, en particulier avec le cuivre. Il en informe ses amis de Périgueux, les incitant à le rejoindre. Puis, en 1860 il part à cheval pour un long périple à travers les Andes et prend contact avec les communautés mapuches. Il est alors convaincu que le chef reconnu qu’il doit rencontrer est le Lonko Manil, très âgé mais qui a en mémoire les traités affirmant l’inviolabilité du territoire mapuche. Manil meurt mais son fils Quilapan le remplace et rassemble les Mapuches. A. de Touneins grâce à son charisme, à ses talents d’orateur, et à ses promesses de leur procurer des armes, puisqu’il pense avoir l’oreille de Napoléon III par l’intermédiaire de P. Magne, les convainc de le proclamer Roi d’Araucanie et de Patagonie. Il a le temps d’en informer l’Empereur et le Président de la République chilienne avant de tomber, début 1862, dans un guet-apens de l’armée chilienne et d’être fait prisonnier. Il passe 6 mois en prison et est renvoyé en France.
Malheureusement, J.F.Gareyte n’a pas le temps de nous parler de la Constitution, très en avance sur son temps, qu’il a rédigée pour le royaume mapuche, ni des 2 autres voyages d’A. de Touneins au Chili avant sa mort en 1877.
Nous attendons avec impatience la sortie de son livre sur Antoine de Touneins qui devrait advenir dans le courant de l’année 2014.

Après un entracte au cours de laquelle les participants ont pu déguster les différentes pâtisseries préparées par les bénévoles de l’Amicale, l’équipe de Théâtre au vent produira un spectacle mêlant conte musique et théâtre.
Ana Maria, accompagnée d’Igor nous contera une légende mapuche « le conte des deux serpents », puis  Julie se joindra à eux pour la lecture d’un fragment de la pièce d’un écrivain chilien actuel, Juan Radrigan :  « Médée mapuche ».
Un bel après-midi d’hiver qui nous aura fait découvrir des peuples et des horizons nouveaux !
Claude Duverneuil


 La journée en quelques images :

de G à D : Igor Quezada,Julie Uteau,Gabriel Duverneuil,Ana Maria Venegas,Jean François Gareyte.




Julie Uteau

Gabriel Duverneuil


Jean François Gareyte


Igor Quezada



De G à D : Julie Uteau,Gabriel Duverneuil,Ana Maria Venegas,Igor Quezada,Jean François Gareyte.
 
Igor Quezada,Ana Maria Venegas.








Rencontres Historiques

« Antoine de Tounens Périgordin, roi d’Araucanie et de Patagonie et les indiens Mapuches du Chili et d’Argentine »

Samedi 23 Novembre à La Tour Blanche, salle polyvalente, de 14h 30 à 18h30
Le club d’histoire Mémoire et patrimoine de La Tour Blanche vous invite à participer à ses « Rencontres Historiques » qu’il organise annuellement depuis cinq ans. Le principe est simple : autour d’un thème historique, donner à voir au public les diverses manières artistiques et historiques de le traiter et susciter l’ouverture aux autres disciplines musicales, théâtrales, littéraires, poétiques qui veulent aborder ce thème.
Cette année nous faisons appel à plusieurs intervenants et le thème sera abordé sous plusieurs angles : historique, ethnologique, musical, poétique et théâtral.
Les intervenants seront :
Jean François Gareyte, guide départemental, écrivain et musicien, spécialiste du patrimoine occitan. (Il est l’auteur de « l’aube des troubadours : la chanson d’Antioche du chevalier Béchade »).
Originaire de Hautefort, près de l’endroit où a vécu Antoine de Tounens, il s’est passionné pour l’histoire d’Antoine de Tounens et pour le peuple Mapuche.
Jean-François Gareyte vient de passer ces six dernières années à travailler dans les archives chiliennes et argentines, ainsi que dans les communautés de Mapuches du sud du Chili et de la cordillère des Andes pour aller recueillir des informations sur ce personnage, car on ne sait finalement pas grand-chose sur Antoine de Tounens, le fameux "roi d'Araucanie". Les quelques ouvrages, (précis historiques ou romans), écrits à son sujet nous ont décrit un personnage mythomane, manipulateur, menteur et complètement fou.
Dans sa communication basée uniquement sur le tout début des aventures d'Antoine de Tounens, J-F Gareyte fera part, documents inédits à l'appui, de ses découvertes sur le roi d'Araucanie.
Alors ! Antoine de Tounens le roi d'Araucanie et de Patagonie, un pitoyable mythomane provincial ou bien un des plus grands aventuriers de l'histoire de France?
Gabriel Duverneuil, animateur du club Histoire Mémoire et Patrimoine de La Tour Blanche et des environs, passionné d’histoire et que des liens très forts unissent au Chili, présentera en introduction l’histoire de ce peuple indien jusqu’à l’arrivée d’Antoine de Tounens, leur mode de vie et leur culture. Il évoquera également l’immigration française au Chili et la situation actuelle des Mapuches dans ce pays.
Après une pause au cours de laquelle le public pourra emprunter des livres sur le thème du jour, provenant de la Bibliothèque Départementale de Prêt, auprès des animatrices des bibliothèques de La Tour Blanche et de Goûts, et déguster les délicieuses pâtisseries confectionnées par les membres de l’Amicale de La Tour Blanche et se désaltérer au bar, l’après-midi se poursuivra avec le spectacle de la Compagnie Théâtre au vent que dirige Ana Maria Venegas.
Ana Maria Venegas, comédienne, conteuse et metteur en scène, est née au Chili où elle se forme au théâtre à l’académie Duvauchelle de Santiago du Chili. Elle portera la parole de grands auteurs dans plusieurs pays d’Amérique du sud mais aussi en Tunisie en Espagne Portugal. Elle s’établit en France en 2000 et y montera deux pièces de Juan Radrigan, grand dramatuge chilien, plusieurs fois primé au Chili en 2005 et 2011. En 2002 Ana Maria Venegas crée la compagnie « Théatre au vent » (en hommage au grand poète chilien Pablo Neruda). Son dernier spectacle « Paquita de los colores » a été présenté au festival de Biarritz « les translatines » le 16 octobre dernier.
A La Tour Blanche Ana Maria nous présentera un conte mapuche et une lecture d’un fragment de la pièce de théâtre de Juan Radrigan « Médée mapuche ». Elle sera accompagnée par Igor Quezada.

Igor Quezada : Né à Bordeaux durant l’exil politique de ses parents, il grandit dans la musique traditionnelle chilienne. A 7 ans il retourne au Chili avec sa mère chanteuse, puis revient en France en 1998 pour étudier à l’Université puis aux Beaux-Arts. Il est chanteur/ guitariste du groupe bordelais Guaka depuis 2005. Depuis sa rencontre récente avec Ana Maria Venegas, il l’accompagne sur les planches depuis le spectacle de Paquita de los colores.
Venez nombreux à la découverte d’un autre Antoine de Tounens et d’artistes de talent qui vont nous faire découvrir de nouveaux horizons.
G Duverneuil


Rencontres Historiques


 

 


Compte rendu de la conférence du 28 octobre 2013


                            L’histoire de Cherval par Sylvie Vidal

Environ 110 personnes assistent à cette réunion.
G. Duverneuil annonce :
-les Rencontres historiques de La Tour Blanche auront lieu le Samedi 23 Novembre de 14h30 à18h30 sur le thème :Antoine de Touneins, Périgourdin , Roi d’Araucanie et de Patagonie et le Indiens Mapuches du Chili et d’Argentine, Ethnologie, Histoire, Poésie, Musique, et littérature vont se rencontrer avec les participations de Jean François Gareyte, G Duverneuil et la compagnie Téatrovent de Ana Maria Venegas Uteau
-la fin de la fouille archéologique de « Chez Tézy » à laquelle ont participé en 2 ans une vingtaine de personnes. Elle donnera lieu en 2014 à une conférence du Club Histoire et Patrimoine au cours de laquelle G Duverneuil présentera les résultats de l’opération « Chez Tézy », et Francis Gérard fera part également de son expérience des fouilles auxquelles il a participé deux années consécutives dans le Lot et Garonne avec l’archéologue Alain Turc.
-la création sur le canton de Verteillac d’une équipe de volontaires sous l’égide de l’association « La pierre angulaire », chargée de répertorier et d’étudier le petit patrimoine.
F Giroud nous présente ensuite cette association et ses travaux dans la région. Une conférence est prévue sur ce sujet le 27 Janvier 2014 avec Mme Catherine Schunk.
G. Duverneuil passe enfin la parole à Madame Sylvie Vidal qui nous parle de ses recherches historiques sur Cherval, village avec lequel elle a de très forts liens familiaux.

  Cherval : Au carrefour du Périgord et de l’Angoumois

Elle nous présente d’abord le plan de Cherval, commune de 1814 hectares, baignée par la rivière « La Pude ». L’étymologie, sans doute d’origine celtique, du nom de Cherval pourrait être double : soit « clair val », soit « Hairovard » du nom d’un personnage germanique. Cherval est mentionné dès le XIVe S sous les noms de Charavart, Charvard, Charval, pour aboutir au XIXe S à Cherval.
Les lieux sont occupés dès la préhistoire, comme en témoigne une hache en silex trouvée près des tourbières. Des céramiques néolithiques, gallo-romaines puis médiévales ont été découvertes près de l’étang des Faures. Au bord de la Pude ont été retrouvé des restes d’habitat gallo-romains et une butte en forme de croissant paraît témoigner de l’existence d’une motte féodale.
-L’histoire de Cherval est marquée pendant près de 1000 ans par sa coupure en 2, une partie dépendant du Périgord, l’autre d’Angoulême. Elle a traversé des périodes de graves désordres, en particulier celle de la Fronde avec les exactions des soldats du Roi et celle de la Révocation de l’Edit de Nantes avec des abjurations forcées.
-Cherval compte de nombreuses belles demeures dont le Château du Bourbet, possession des Seigneurs De Lageard , le Logis du Tranchard, le Manoir de la Feuillade qui abrita, enfant, P. de Bourdeilles, futur Abbé Brantôme, etc…L’ église de type byzantin à 4 coupoles est dédiée à St Martin de Tours et date du XIe S. Elle a été fortifiée au XIIe puis au XIVe S. Les Seigneurs De Lageard y sont inhumés jusqu’en 1778. Elle est classée Monument Historique depuis 1913.
-La vie de habitants est rythmée par des épidémies, des accidents mais aussi par des évènements plus heureux comme des naissances. Cherval compte de nombreuses naissances multiples et… des centenaires, ce qui n’était pas très courant.
-En 1789, après un hiver très rigoureux qui accroit la misère du peuple et les protestations, le Roi lance les « Cahiers de Doléances » comprenant 2 parties , la première pour dire ce qui ne va pas, la seconde pour faire des propositions. Grande doléance dans les Cahiers de Cherval : l’inégalité devant l’impôt… (Déjà !) Due en partie à la coupure entre Périgord et Angoumois. Autre doléance : une justice apparemment très contestable rendue par le Seigneur De Lageard dans des locaux insalubres de son château du Bourbet.
- Après 1789 on note quelques jeunes volontaires partis défendre la République. On procède aussi à l’éradication des symboles de la puissance féodale, tels que tours, tourelles et créneaux de châteaux.
-Au XIXe S., les conseils municipaux se consacrent essentiellement aux problèmes de voirie (Pont de St Martin sur la Pude), de construction ou entretien de bâtiments municipaux (Ecole, presbytère..) et des questions sociales, (en particulier le problème des enfants abandonnés).
-L’agriculture se consacre essentiellement à l’élevage, la terre n’étant pas très riche. Il y a des vignes à Cherval et certains se rappellent encore d’un délicieux raisin blanc, le « chevrier » ! Dans la Pude on pêche au XIXe l’écrevisse, le brochet et l’anguille. Les tourbières sont exploitées, fournissant combustible, engrais et litière.
-La population culmine en 1709 aux environs de 1900 habitants et tombe à 295 en 1982. (315 en 1990). La commune a toujours été terre d’accueil en particulier des Vendéens et des Bretons.
En Guise de conclusion S. Vidal nous redit tout son attachement à cette terre de Cherval qui accueillit son arrière-grand-père et vit naître sa grand-mère.

Claude Duverneuil.

N.B. Ce compte-rendu n’est qu’un court aperçu du travail réalisé par S. Vidal. Ceux que cela intéresse peuvent commander sa brochure