Lèpre,
lépreux et léproseries en Périgord
Le
docteur Alain Clément, s’est occupé des maladies tropicales et de
leur histoire, il nous parle, ce soir, de la lèpre sous la forme
d’une vision croisée : médicale, historique et sociétale et
enfin, de la Tour Blanche et sa région.
C’est
une maladie bactérienne qui se transmet presqu’exclusivement entre
humains, l’une de ses caractéristiques est de s’attaquer à la
fois à la peau et au système nerveux ce qui aboutit à des
amputations spontanées. Elle n’est pas aussi contagieuse qu’on
l’a dit, cependant, il faut attendre 1942 pour trouver des remèdes
efficaces. Son génome a été identifié en 2000.
Du
point de vue sociétal, si durant l’Antiquité la lèpre a été
considérée comme une punition des Dieux, le haut Moyen-âge l’a
acceptée avec pragmatisme et par le clergé (conciles) et par le
pouvoir temporel (Charlemagne, Pépin le Bref). Au Moyen-âge
classique, contemporain au développement économique, social et
démographique, on construit des léproseries (entre 2000 et 4000
dans notre pays) dans un esprit de rigueur : semi-isolement,
costume particulier, mais aussi de consolation des lépreux. Les
documents attestent une rupture brutale en 1321, avec une férocité
de l’ensemble du corps social envers les lépreux, le sud-ouest
n’est pas épargné ; la fin du règne de Philippe le Bel voit
s’accroître la misère et la répression (procès des Templiers,
dépouillement des juifs, révolte des « pastoureaux »,
etc…). La grande peste de 1347 ajoutée à la lèpre diminue
considérablement la population ce qui a pour effet de diminuer le
nombre des lépreux. Au XVIème
siècle, il y a davantage de descendants de lépreux que de
véritables malades, ce qui n’empêche pas leur ségrégation. Il
est utile de connaître les noms qui leur sont attribués :
ladres blancs, blanquets, cagots et autres caquets, qu’on peut
trouver dans les textes ou les toponymes.
La
lèpre a quasiment disparu à la fin du XVIIème
siècle, elle nous laisse en souvenir les lépro- series ou leurs
vestiges. Notre conférencier s’est livré à un précieux travail
de généalogie pour montrer les mariages entre lépreux et même
entre membres de léproseries différentes, à Cercles, les Durand et
les Marcelot par exemple sont des noms qui reviennent au fil des
générations. On dispose d’archives sur les léproseries de
Nontron, La Rochebeaucourt/Edon et Cercles. Le docteur Clément, qui
est poète, offre enfin à l’auditoire deux textes de poètes
lépreux écrits à six siècles d’intervalle donnant des
expressions littéraires de la maladie. Puis, il répond aux
nombreuses questions posées par le public et nous promet une
publication sur ce sujet.
95
personnes ont assisté à cette conférence.
André
Vigne
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