Compte rendu journée du 7 septembre 2019


Une belle journée à la découverte du patrimoine et de l’histoire de La Tour Blanche-Cercles

Ce Samedi 7 septembre 2019, ce furent près de 130 personnes qui ont, en deux groupes, visité alternativement le site de Jovelle et le bourg de La Tour Blanche. Tous se sont retrouvés autour d’un excellent repas préparé par le restaurant du village « la fin de la faim » puis, en fin d’après-midi, au château de Fongrenon pour un verre de l’amitié offert par Frédéric de Monner son propriétaire également viticulteur en bergeracois.
Le matin, la visite de La Tour Blanche était commentée par Gabriel Duverneuil qui a présenté dans ses grandes lignes l’histoire de cette châtellenie qui fut pendant un demi millénaire enclave de l’Angoumois en Périgord. Les visiteurs ont pu pénétrer à l’intérieur du château féodal grâce à l’amabilité de son nouveau propriétaire M Peter Overlack, puis déambuler dans la « ville » médiévale qui était entourée de remparts. La visite s’est poursuivie dans les « faubourgs » par l’Hôtel ou château de Nanchapt, les places du Marché-Dieu et de Nanchapt, les halles, pour se terminer par l’église Notre dame de la Recluse où l’on peut « lire sur la pierre » les huit siècles de ses transformations.
Pendant cette même matinée, le groupe de visiteurs de la Société Historique et Archéologique du Périgord (SHAP) qui nous faisait l’honneur de leur intérêt pour « l’enclave angoumoise » visitait le site de Jovelle, répartis en trois groupes d’environ quinze personnes, correspondant à deux circuits distincts et à la visite de la grotte ornée. Celle-ci était présentée par Jean-Pierre Chadelle archéologue au département qui dirige les fouilles préparatoires à l’installation d’une protection de l’entrée de cette grotte, avec l’aide du Club Histoire. Les visiteurs ont pu admirer la sûreté du tracé des mammouths, datant de l’aurignacien, qui ornent le vestibule de cette grotte. Puis ils ont pu continuer leur découverte du site en empruntant deux petits circuits l’un commenté par Jean-Michel Chaume qui les a guidés dans les entrailles d’une carrière souterraine d’où a été extraite la « pierre de Jovelle » des années 1830 à la fin du XIXe siècle pour être occupée du début du XXe siècle jusque dans les années 1980 par les champignonnistes. L’autre commenté par Francis Gérard, président du GRHIN qui leur a permis de découvrir deux sites de carrières de meules médiévales dont un mis au jour par les fouilles au-dessus de la grotte ; d’observer les ruines du château médiéval de Jovelle, remanié au XVIIIe siècle, ainsi que les silos creusés dans le rocher indiquant la présence sur ce site d’un village médiéval précédent la château. L’après-midi, après le repas, les visiteurs de Jovelle ont visité La Tour Blanche et vice-versa. Nous nous sommes séparés après avoir été accueillis de façon très sympathique au château de Fongrenon par son propriétaire.
Il semblerait que tous les participants aient apprécié l’organisation et l’intérêt historique de ce tour d’horizon forcément restrictif de notre patrimoine local.
Merci à tous ceux qui ont permis son bon déroulement, à ceux qui ont participé au nettoyage des différents cheminements, aux « gilets jaunes » qui ont assuré la sécurité, à l’équipe du restaurant qui a fait le maximum pour que le repas se déroule dans le temps imparti.
Gabriel Duverneuil




1 La place du Masseau et la maison gothique: le cœur du village médiéval


3- La montée au château féodal


2-A droite l'ancienne pension d'écoliers du "maistre es arts" Antoine
Laval à la fin du XVIIe siècle, en face se trouvait le parvis de
l'église Saint Fabien -St Sébastien.


4-Dans l'enceinte du château
5-Le donjon éventré

6- Local et cheminée de la machine à vapeur fixe qui pompait l'eau du
Buffebal pour alimenter les réservoirs des locomotives passant par la
gare de La Tour Blanche à 1,5 km

7-Sur la place du Marché-Dieu, devant le "château ou Hotel de Nanchapt"

8-Jean Michel Chaume, guide de la promenade dans les carrières, attend
que le groupe soit au complet

9- Zora Neveu,une des six gilets jaunes assurant la sécurité sur la D84
et la traversée de La Tour Blanche
10 Jean-Pierre Chadelle archéologue au département, attend lui aussi que
son groupe soit complet pour commencer la visite de la grotte
11- Jean-Pierre  Chadelle montrant le tracé du "gros" mammouth sur la paroi.



12- Francis Gérard président du GRHIN commentant les les ruines du
château de Jovelle.

13-Silo recoupé par le creusement de l'allée montant au château de Jovelle.

14-Vivier du château alimenté par la fontaine et suivi d'un étang.


5-16- Dégustation des fromages de Mme Dun et verre de l'amitié offert
par le propriétaire du château de Fongrenon, viticulteur en Bergeracois,
Frédéric De Monner




Compte-rendus Conférences


Conférence du docteur Alain Clément du 28 mai 2019

Lèpre, lépreux et léproseries en Périgord

Le docteur Alain Clément, s’est occupé des maladies tropicales et de leur histoire, il nous parle, ce soir, de la lèpre sous la forme d’une vision croisée : médicale, historique et sociétale et enfin, de la Tour Blanche et sa région.
C’est une maladie bactérienne qui se transmet presqu’exclusivement entre humains, l’une de ses caractéristiques est de s’attaquer à la fois à la peau et au système nerveux ce qui aboutit à des amputations spontanées. Elle n’est pas aussi contagieuse qu’on l’a dit, cependant, il faut attendre 1942 pour trouver des remèdes efficaces. Son génome a été identifié en 2000.
Du point de vue sociétal, si durant l’Antiquité la lèpre a été considérée comme une punition des Dieux, le haut Moyen-âge l’a acceptée avec pragmatisme et par le clergé (conciles) et par le pouvoir temporel (Charlemagne, Pépin le Bref). Au Moyen-âge classique, contemporain au développement économique, social et démographique, on construit des léproseries (entre 2000 et 4000 dans notre pays) dans un esprit de rigueur : semi-isolement, costume particulier, mais aussi de consolation des lépreux. Les documents attestent une rupture brutale en 1321, avec une férocité de l’ensemble du corps social envers les lépreux, le sud-ouest n’est pas épargné ; la fin du règne de Philippe le Bel voit s’accroître la misère et la répression (procès des Templiers, dépouillement des juifs, révolte des « pastoureaux », etc…). La grande peste de 1347 ajoutée à la lèpre diminue considérablement la population ce qui a pour effet de diminuer le nombre des lépreux. Au XVIème siècle, il y a davantage de descendants de lépreux que de véritables malades, ce qui n’empêche pas leur ségrégation. Il est utile de connaître les noms qui leur sont attribués : ladres blancs, blanquets, cagots et autres caquets, qu’on peut trouver dans les textes ou les toponymes.
La lèpre a quasiment disparu à la fin du XVIIème siècle, elle nous laisse en souvenir les lépro- series ou leurs vestiges. Notre conférencier s’est livré à un précieux travail de généalogie pour montrer les mariages entre lépreux et même entre membres de léproseries différentes, à Cercles, les Durand et les Marcelot par exemple sont des noms qui reviennent au fil des générations. On dispose d’archives sur les léproseries de Nontron, La Rochebeaucourt/Edon et Cercles. Le docteur Clément, qui est poète, offre enfin à l’auditoire deux textes de poètes lépreux écrits à six siècles d’intervalle donnant des expressions littéraires de la maladie. Puis, il répond aux nombreuses questions posées par le public et nous promet une publication sur ce sujet.
95 personnes ont assisté à cette conférence.
André Vigne


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Conférence de Guy Mandon du 29 avril 2019

Les paysans du Périgord sous la Révolution

Après que Gabriel Duverneuil eut présenté les prochaines activités du Club Histoire, nous avons eu la chance d’accueillir Guy Mandon, ancien professeur d’histoire  puis, inspecteur général de l’éducation nationale qui a fait le point sur sa vaste étude très documentée sur la paysannerie périgourdine sous la Révo- lution. Le terme ne convient guère, car les paysans étaient un ensemble très hétérogène, on parlait de gens de la campagne, parmi lesquels les laboureurs, petits propriétaires, les cultivateurs sont enfin considérés comme ayant un métier au même titre que les artisans. On dénombre 95% de ruraux, encore que certains habitent des bourgs, qui sont souvent des lieux de confrontation politique. La Dordogne de 1789 est le deuxième département rural de France.
Notre conférencier s’est également posé la question des influences réciproques entre la paysannerie périgourdine et la Révolution ; les révolutionnaires paris- iens souhaitent unifier le pays, notamment en imposant la langue française ; ils se heurtent aux différentes langues et patois pratiqués depuis toujours essentiel- lement dans les campagnes, en effet, de nombreux ruraux ne connaissent pas le français et l’école, lorsqu'elle existe, est catholique et réservée aux élites. Les curés aussi offrent un obstacle, entre les constitutionnalistes et les réfractaires.
La notion d’égalité prônée par la République aussi pose problème ; les ruraux apprécient la fin de la dîme et des droits seigneuriaux, mais certains ôtent les girouettes et brûlent les bancs d’église, signes de la féodalité désormais abolie, c’est selon les lieux et les opinions, mais cela traduit les très nombreuses dispari- tés du territoire.
La Révolution aura apporté à la paysannerie du Périgord un mieux-être évident, en témoigne l’augmentation notoire de la population jusqu’aux années 1870.
A la suite de sa conférence, Guy Mandon a répondu à de nombreuses questions du public.
Environ 90 personnes ont assisté à cette conférence.
André Vigne