L’ANTIQUITÉ TARDIVE EN
OCCIDENT,
Vème et VIème SIÈCLES
Après avoir expliqué
qu’il avait limité son travail au Vème siècle à
cause du volume de matières à traiter et indiqué que sa
préoccupation porte essentiellement sur la période charnière
entre cette Antiquité tardive et la naissance de ce qu’on a appelé
le Moyen-âge, Alessandro Testa brosse devant un auditoire de près
de 120 personnes, un portrait du monde romain à son apogée,
agrémenté d’une carte géographique qui en montre l’étendue
impressionnante. Il décrit le fonctionnement de l’Empire comme
citadin, citoyen et bourgeois et non pas basé sur l’armée. La
civilisation romaine a été capable d’englober des peuples très
différents en tolérant ces différences et promouvoir la libre
circulation des hommes, des idées, des marchandises et de l’argent.
A la fin du IIIème
siècle, sous le règne de Dioclétien (284-305), suite aux dévastations des guerres menant à l’appauvrissement de la bourgeoisie des
villes, cette belle mécanique a entamé son déclin, qui n’a fait
que s’accentuer sous le règne de Constantin (305-337) par une
gouvernance au caractère orientalisant,
despotique et absolutiste
de plus en plus prononcé.
Sur cette situation de
déclin se greffe un christianisme en expansion qui gagne l’armée,
mais durant un temps les deux croyances se pratiquent, souvent simultanément. La conversion de Constantin s’explique par le fait que
la religion chrétienne seule offrait le pardon pour des péchés
aussi lourds que les siens.
Après la mort de
Constantin, l’Empire romain est divisé en celui d’orient
avec Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie comme siège
du pouvoir, de culture prospère et de langue grecque, celui
d’occident était moins prospère, on y pratique une langue
latine mélangée à des dialectes locaux : le bas latin
et le pouvoir se trouve à Ravenne, Milan ou Trévire afin de mieux
surveiller et éventuellement défendre les frontières. Car, en
effet, si l’Empire oriental est relativement quiet, il ne va pas
de même avec l’Empire d’occident, sous la menace de peuplades
venues de Scandinavie et d’Europe centrale poussées par les Huns
venus des steppes mongoles. Goths, Ostrogoths et Wisigoths, peuples
qualifiés de barbares, qui se situaient pour les Romains
entre l’homme et l’animal, à force d’incursions et de
batailles, finissent par se fixer dans certaines régions ; les
Romains tâchent de se servir d’eux comme peuples tampon contre
d’autres invasions avec de moins en moins de succès.
Le IVème
siècle présente également en Italie et en Gaule de graves crises
sociales dues à l’augmentation massive des inégalités.
Les politiques menées
par Dioclétien puis Constantin ont favorisé l’émergence d’une
caste, les Potentiores qui se servent de leur pouvoir
politique pour corrompre les fonctionnaires et ne pas payer l’impôt
qui retombe sur les plus productifs : les paysans et les
artisans, les menant souvent à la ruine. Cette classe de privilégiés
va quitter les villes et s’installer dans des zones rurales et y
construire de vastes demeures qui seront peu à peu fortifiées et où
ils vivront en autarcie grâce à leurs paysans et leurs
artisans.
Même si les grandes
invasions germaniques se dérouleront au Vème siècle,
dès l’époque dont nous parlons les incursions ont commencé et
les Potentiores protègent leurs paysans et artisans des
ravages guerriers. Pour les Germains, les notions d’intérêt
général ou d’État sont totalement étrangères ; ainsi,
l’idée même d’Empire s’estompe, mais paradoxalement, les
citoyens en sont à chercher protection et paix auprès des
envahisseurs et ce sera la foi chrétienne qui unira Germains et
Romains. Cependant, nous serons passés de la villa gallo-romaine
avec son chauffage central au village composé de huttes en terre
battue, l’Histoire change de voie, le Moyen-âge apparaît peu à
peu avec son système féodal. L’Antiquité tardive est bel et bien
cette période charnière qui voit l’évolution de la vie sociale,
politique, religieuse et linguistique.
Suite à la conférence,
questions et commentaires ont fusé de la part de l’auditoire,
Alessandro y a répondu avec précision, courtoisie et discernement.
Un repas à l’italienne a clôturé cette belle soirée.
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