Monographie sur le village des Graulges et réflexions historiques sur les épidémies en Périgord

 

Une monographie sur le village des Graulges

Mme Nicole Vigne vient de terminer une étude sur l'histoire de son village natal, les Graulges (aujourd'hui dans la commune de Mareuil en Périgord).

Cette étude est le  fruit de plus d'un an de recherches aux archives départementales et communales. Vous pouvez vous procurer cette monographie (72 pages) pour la somme de 10 €, soit à la mairie des Graulges, soit auprès de l'auteure: nicolevigne24320@gmail.com .

 

A monograph of the village of Graulges

 

Madame Nicole Vigne has recently completed a study of her native village, Les Graulges ( today, part of Mareuil en Périgord)

This study is the fruit of over a year of research at the local and regional archives. The 72 page monograph can be purchased for 10 €, either at the Graulges mairie, or directly from the author :  nicolevigne24320@gmail.com .


 

 

Épidémies, disettes, révoltes en Périgord

 

La lèpre, connue depuis l’Antiquité et, semble-t-il, importée par les Croisés, était presque banale sur notre territoire. Selon les périodes de l’Histoire, les lépreux ont été bannis des villes, tolérés ou exterminés. Les léproseries ou maladreries, leur offraient un abri et des soins comme à Périgueux, La Rochebeaucourt, Milhac de Nontron, Bruzac ou La Tour Blanche. La dernière maladrerie, celle de Périgueux, a été fermée dans les années 1750.1

De 1521 à 1749, soit plus de deux siècles, les épidémies de peste noire ont déferlé sur le Périgord. Cependant, on constate que c’est le Sarladais et la vallée de la Vézère qui ont été le plus touchés : en 1522, Sarlat perd la moitié de ses 6.000 habitants.

La nourriture des paysans du Périgord est essentiellement composée de châtaignes en hiver et de maïs en été qu’ils produisent ; peu commercialisent un surplus et se font quelque argent. L’abus de consommation de blé d’Espagne, le maïs a engendré une maladie : la pellagre, par carence de vitamine PP, qui se traduit par des troubles digestifs éruptions cutanées, inflammation de la bouche, désordres mentaux (la folie pellagreuse), elle a sévi en 1776 à Saint-Pardoux de Mareuil.2

La suette milliaire de même que le choléra n’apparaîtront que dans les années 1840, la grippe espagnole en 1918.

A la mortalité d’une population essentiellement paysanne et une agriculture rudimentaire, viennent souvent s’ajouter des aléas climatiques qui engendrent de mauvaises récoltes et, par conséquent, des disettes dont les dernières iront au-delà de 1775.

« Le livre de raison de la famille Morras nous apprend que l'épidémie de 1693 a tué «  plus du tiers des personnes dam la province ». L'Intendant de Bordeaux donne le chiffre de soixante mille morts, enfants comme adultes. Pour avoir une idée de l'importance de ces chiffres, nous rappellerons qu'en 1768 la population des deux Élections est estimée à 448.412 habitants par le géographe Expilly. Il est logique de penser que les famines du début du XVIIIème siècle ont, elles aussi, fait

payer leur tribut à la population périgordine. Aussi peut-on envisager un chiffre de population avoisinant 400.000 habitants au lendemain de la dernière épidémie qui avait emporté 15 à 30 % de la population. Il dépasse de beaucoup l'évaluation faite par J.-N. Biraben de 5 à 7 % au niveau de la France entière pour l'ensemble du XVIIème siècle.

Par le dépouillement des registres paroissiaux, des testaments, des archives des collectivités religieuses et de certains groupes sociaux ou professionnels, l'étude statistique approfondie de l'incidence des épidémies en Périgord reste encore à faire. »3

Ces phénomènes, auxquels s’ajoutent le poids des taxes et souvent l’arrogance des nobles et la dureté de la féodalité et de son servage, ont suscité entre 1593 et 1595 des révoltes de paysans en Guyenne, Limousin et Périgord. Le 22 mai 1594 se tient à Monpazier la première assemblée des croquants.

En 1636, l’armée de plusieurs milliers de croquants, menée par un gentilhomme : Antoine du Puy, sieur de La Mothe La Forêt, échoue de peu le vendredi 1er mai, à prendre Périgueux mais ils prennent Bergerac, ils sont 8.000 à Monpazier, bastide huguenote. Des désordres dus aux guerres de religion puis aux défaites militaires contre la puissance royale mettent fin à la révolte en 16444.

André Vigne

 

1 BSHAP, tome 126, année 1999, page 439

2 Alimentation et population rurale en Périgord au XVIIIème siècle par Richard Beaudry dans                             les Annales de démographie historique, année 1976 (édition Mouton), page 53 et 54

3 Claude LACOMBE (Mémoire de la Dordogne de juin 1995, page 38)

4 La révolte des croquants en Périgord, par E. Cerou (Cahiers du GAM n°15)

 

 

Epidemics, famine and revolt in Périgord

 

Leprosy, known since Antiquity and, it seems, imported by the Crusaders was relatively unheard of in our region. Throughout different periods of history, lepers were cast out of towns and either tolerated or exterminated. The leper-houses, or maladreries (lazaretto), offered sanctuary and care, as in Périgueux, La Rochebeaucourt, Milhac de Nontron, Bruzac ou La Tour Blanche. The last leper-hospital, that of Périgueux, was closed in 1750.1

 

For over two centuries, from 1521 to 1749, epidimics of the Black Death descended upon the Périgord. However, it was the region of Sarlat and the Vézère valley that was most affected : in 1522 Sarlat lost half of it's 6000 inhabitants.

Food for the peasants of Périgord is essentially composed of chestnuts during the winter, and the corn they produced during the summer; very few were able to sell surplus to earn some money. Consumption abuse of corn, of what became known as 'Spanish Wheat', provoked an illness : Pellagra, a vitamin B3 defficiency. Symptoms included digestive problems, skin rashes, inflamation of the mouth, mental dissorders ( Pellagra Folly), it broke out in Saint-Pardoux de Mareuil in Mareuil.2

Sweating Sickness, alongside Cholera, didn't appear until the 1840s, Spanish Flu in 1918.

To what was an essentially peasant mortality rate and rudimentary agriculture, were added climate amonalies that ruined harvests, and, subsequently caused famine, the last recorded beyond 1775.

"The Morras family 'livre de raison' (a family register of accounts and happenings) tells us that the 1693 epidemic killed 'more than a third of the people in the province'" The Intendant of Bordeaux gives the number of 60,000 dead, both adults and children. To understand the importance of these figures, we do well to remember that in 1768 the population of the two Élections was estimated at 448,412 people by the geographer Expilly. It is logical to assume that famine in the early part of the 18th century, also, decimated the population of Périgord.

We can, subsequently, consider a population of roughly 400,000 after the last epidemic had killed 15 to 30% of the population. It is way over the estimate made by J-N Biraben of 5 to 7% of the French population for the 17th century.

For the counting of parish registers, wills, religious archives and certain social and professional groups, a serious statistical study on the impact of epidemics on the Périgord remains to be done."3

These events, to which must be added the weight of imposition, and often the arrogance of the nobility, and the severity of feudalism with it's servitude, provoked, between 1593 and 1595, peasant revolts in Guyenne, Limousin and Périgord. On the 22nd May 1594 the first meeting of the Croquants was held in Monpazier.

In 1636, an army of several thousand croquants, led by a gentleman, Antoine du Puy, sieur de La Mothe La Forêt, barely failed to capture Périgueux, but took Bergerac; they were 8,000 at Monpazier, a Hugenot stronghold. Disorder caused by the Wars of Religion, and subsequent defeat against Royal authority, put an end to the revolt in 16444.

 

André Vigne

 

 

1 BSHAP,volume126, year 1999, page 439

2 Alimentation et population rurale en Périgord au XVIIIème siècle by Richard Beaudry in                           les Annales de démographie historique, year 1976 (édition Mouton), pages 53 and 54

3 Claude LACOMBE (Mémoire de la Dordogne de juin 1995, page 38)

4 La révolte des croquants en Périgord, by E. Cerou (Cahiers du GAM n°15)

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