Compte-rendu du 17 mars 2014


           La Phalange nord-africaine en Dordogne : 
Histoire d’une alliance entre la pègre et la Gestapo
                       (15 mars 1944-19 août 1944)

Environ 80 personnes assistent à cette conférence de Patrice Rolli ;
G. Duverneuil rappelle tout d’abord les prochains rendez-vous du Club Histoire : 
- Lundi 12 Mai : ballade à l’ombre des ailes des moulins à vent et descente de la Dronne au fil de ses moulins par Alain Mazeau.  (20h30 salle polyvalente LTB)
- Lundi 16 Juin : l’antiquité tardive en Italie par A. Testa suivi d’un repas italien. (18h 30 salle polyvalente de LTB)
- Week-end 5-6 juillet : activités autour du 400ième anniversaire de  la mort de Brantôme
Et pour information : Carmina Burana (musique du XIIIe siècle) :
                    Samedi 22 mars salle du Dolmen à Brantôme
                    Mardi 25 mars Théâtre de l’Odyssée à Périgueux.

 G. Duverneuil présente ensuite le Conférencier, P. Rolli diplômé en Histoire  (Bordeaux III), Ethnologie, Anthropologie ( Bordeaux II) et Histoire des civilisations ( EHESS Paris ).P. Rolli est aussi chargé par la Communauté de communes du Mussidannais de rédiger les panneaux présentant le Mémorial de la Résistance à Saint-Etienne de Puycorbier.
P. Rolli commence son exposé et nous montre de nombreuses photos.
       Dès l’invasion du sud de la France par les troupes allemandes en Novembre 1942, la police de sécurité allemande (SD ou Gestapo) s’installe à Périgueux et y reste jusqu’en Août 1944, dirigée par le brutal Hambrecht. La Résistance  à l’occupant s’accélère à partir de Février 1943 à cause de la création du STO qui décide de nombreux jeunes réfractaires à rejoindre les maquis où ils sont pris en charge par des groupes de Résistance. Les maquisards passent à une phase active de sabotages et d’exécutions de collaborationnistes et la Gestapo réplique impitoyablement à ceux qu’elle nomme « les terroristes » par la terreur exercée sur les populations, tortures, exécutions, déportations.
       Bien qu’aidée par de nombreux Français (fanatiques, opportunistes, truands) et la Milice, la Gestapo juge ses forces insuffisantes, fin1943, pour combattre la Résistance et décide de créer une unité supplétive qui deviendra la Brigade (ou Phalange) nord-africaine. La constitution de cette unité est le fruit des ambitions du truand Henri Lafont, chef redoutable de la « Gestapo française de la rue Lauriston », aidé de l’ex –inspecteur de police Pierre Bonny et de l’indépendantiste algérien pronazi  Mohamed El Maadi. Lafont régnait en maître sur le grand banditisme parisien et s’était mis au service de l’occupant dès 1940. El Maadi n’eut pas de mal à recruter quelques centaines de Nord-africains dans les quartiers de Barbès, Belleville,etc. .. misérables et pour la plupart peu politisés, en leur promettant un salaire confortable pour l’époque. Ils reçoivent un uniforme spécial (avec ceinturon de la Waffen SS) fourni par  un certain Joanovici (qui par ailleurs finance des réseaux de résistance dont « Honneur à la Police ») et une carte indiquant leur appartenance à la SS !
         Cette Phalange est dirigée en Dordogne par Alexandre Villaplane, ancien capitaine de l’équipe de France de football, condamné pour escroquerie dans une affaire de paris hippiques truqués. Ce dernier se met au service des Allemands et devient spécialiste de la récupération d’or et de devises à destination de l’Allemagne, en particulier chez les Juifs, utilisant au besoin de faux policiers. Il sera remplacé par le proxénète Raymond Monange en Juin 1944. La Phalange  arrive à Périgueux le 14 Mars 1944 et dès son arrivée sème la terreur en Dordogne par ses multiples exactions : pillages, rançons, meurtres et ruines chez les habitants, juifs ou non.  Elle sert aussi d’auxiliaire à la Gestapo sous les ordres de Hambrecht  et participe au massacre de 25 otages à Brantôme le 26 Mars 1944, de 25 otages à Sainte Marie de Chignac le 27, de 9 personnes à Saint Martin de Fressengeas le 28 avril, de 52 otages à Mussidan le11 juin, et de 12 habitants des Piles à Cornille le 12. Les chefs de cette Phalange, tous français et repris de justice  avaient l’argent pour toute idéologie, selon l’adage du « milieu » de l’époque : «  Ni fascistes, ni communistes mais pognonistes »
          La Phalange nord-africaine servit d’instrument de terreur et d’humiliation de la Gestapo sur la population de Dordogne et ses institutions. Sentant le vent tourner  ses membres  quittèrent  les lieux en ordre dispersé, fin Août 1944, emportant l’essentiel de leur butin, leurs femmes et leurs maîtresses. Certains essayèrent de se reconvertir dans la Résistance  ou de se faire oublier en reprenant  leurs lucratives activités de l’occupation d’avant-guerre. Ils furent pour la plupart arrêtés  avec les tristes sires de la rue Lauriston et fusillés à la Libération.
             En reprenant la conclusion de P. Rolli :
En Dordogne, nombreux sont ceux qui restèrent hantés par ces criminels qui ont marqué de leur empreinte sanglante l’histoire du département. L’escroc Villaplane, les proxénètes Monange, Delchiappo  et Fioravanti ainsi que leurs  auxiliaires nord-africains  ont incarné l’abomination totale qui résultait de l’alliance de la pègre et du système totalitaire nazi sous l’occupation.
Claude Duverneuil.

 


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Brigade Africaine.



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