Rencontres Historiques

Compte-rendu des Rencontres Historiques de La Tour Blanche
Du 22 Novembre 2014

M. COMBET : FRANCOIS 1er : DU REVE ITALIEN AU DESASTRE DE PAVIE.
A .M. COCULA : BRANTOME ET LES GRANDS CAPITAINES. 

 M.A. Martineau et G. Polteau de la compagnie Amalthée accueillent en Musique Renaissance la centaine de participants à cette après-midi clôturant les manifestations célébrant le quatre-centième anniversaire de la mort de Pierre de Bourdeille, abbé Brantôme.

MICHEL COMBET nous parle tout d’abord des guerres d’Italie (1494- 1559), en particulier de celles qui se déroulent pendant le règne (1515-1547) de François 1er qui verront combattre les « Grands Capitaines » de l’œuvre de Brantôme.
A l’origine de ces 11 guerres d’Italie des revendications d’héritage : le Royaume de Naples pour Charles VIII qui part le conquérir en 1494, puis le Duché de Milan pour ses successeurs Louis XII et François Ier. Charles VIII fait une entrée triomphale à Naples en 1494, mais doit en repartir dès 1495, ayant déclenché l’hostilité du Saint Empire Romain Germanique ainsi que celle du Pape et de différents états italiens. Charles Quint régnant sur l’empire des Habsbourg et l’Espagne entre 1520 et 1556, les conditions de la guerre se trouvent modifiées.
L’Italie de la Renaissance sert alors de champ de bataille pour des querelles dynastiques entre les Habsbourg et la France. Il y aura, bien sûr, la victoire de François 1er à Marignan en 1515 (bataille dite de « géants », avec une artillerie rénovée et plus de 16000 morts), mais les succès militaires seront également suivis de défaites pour les deux camps, et l’issue de la guerre reste incertaine jusqu’en 1525 à Pavie, lorsque les Impériaux infligent à François 1er une défaite décisive. François 1er est fait prisonnier, incarcéré à Madrid, sa détention échangée contre celle de ses 2 fils qui ne seront libérés, contre une énorme rançon, qu’en 1530. Pendant ce temps, une activité diplomatique intense aboutira au mariage de François 1er avec la sœur de Charles Quint, Eléonore d’Autriche, à la perte de l’Artois, mais à la conservation de la Bourgogne.
Désormais les nouvelles guerres voient s’affronter les deux beaux-frères. Les combats se passent en Provence et Champagne-Picardie et toujours en Italie. François 1er cherche de nouvelles alliances, avec les Princes protestants, avec les Turcs et leur chef, Soliman dit le Magnifique. La nature de la guerre, surtout, change profondément : on assiste à la fin de la Chevalerie, on a recours à de véritables armées de mercenaires, l’artillerie se développe faisant énormément de pertes humaines. Enfin, en plus de revendications territoriales se font jour les affrontements religieux.
Mais, si la nature et les objectifs des guerres changent au cours de ces guerres d’Italie, ces dernières ont profondément influencé en France la Culture et les Arts ainsi que l’organisation de l’Etat-Nation.
Une pause musicale nous permet d’apprécier quelques morceaux de musique de la Renaissance interprétés par M.A. Martineau et G. Polteau.

A.M. COCULA nous parle ensuite de Pierre de Bourdeille, dit « Brantôme ». Il naît en 1640, les guerres d’Italie sont terminées et les guerres civiles et religieuses vont leur succéder. Ni fortune, ni destin ne voudront qu’il soit lui-même un « grand capitaine» mais il sera fasciné par ceux de la génération précédente.
L’enfance de Brantôme est heureuse, auprès de «Grandes Dames »  lettrées : Marguerite de Navarre et sa mère. De là viendra sans doute son talent de conteur. Puis son adolescence est studieuse, au Collège puis à l’Université de Poitiers. Mais à l’époque, la gloire ne vient pas de la culture mais de la bravoure sur les champs de bataille, et nous sommes en pleines guerres civiles à sa majorité. En 1560 il intègre la cours des Valois et suit un parcours de courtisan auprès de Catherine de Médicis.
En 1582 meurt son frère ainé et il décide de revenir en Périgord, c’est alors qu’il subit deux échecs, il se voit refuser par Henri III la sénéchaussée du Périgord et par la veuve de son frère, Jaquette de Montbron, sa main. De dépit il a alors la tentation de se mettre au service du Roi d’Espagne mais une mauvaise chute de cheval l’immobilise définitivement. Il prend alors une forme de revanche en écrivant sur les « Grands » du monde qui l’ont précédé : Grands Capitaines, Grandes Dames et Colonels d’Infanterie.
A.M. Cocula nous présente alors quelques portraits de ces grands capitaines avant de conclure en rappelant qu’à l’époque où Brantôme écrit, la guerre a changé de nature, les codes de la chevalerie s’effacent, le thème de la croisade disparaît, les nouveaux progrès de l’artillerie font qu’on ne sait plus qui tue et qui l’on tue. Bien qu’il fasse mine de toujours rester en arrière-plan dans son récit des grands capitaines, il y exprimera son regret d’une période historique révolue ou la bravoure était synonyme d’une noblesse qu’il magnifie en contraste avec cette période de guerre civile qu’il vit douloureusement.
Ce survol d’un XVIe siècle de lumières et d’ombres superbement décrit par les deux historiens invités se conclura par une troisième intervention du groupe Amalthée qui nous interprètera branles et pavanes et réussira l’exploit de faire danser ses auditeurs.
Ajoutons à cela qu’une trentaine de livres et brochures seront vendus et une dizaine de livres de la Bibliothèque départementale de Prêt seront empruntés et l’on peut dire que ces sixièmes Rencontres historiques de La Tour Blanche auront enrichi intellectuellement tous ses participants.
Claude Duverneuil.


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