Entre
120 et 130 personnes ont assisté à la conférence de Danielle Pinsonneault sur
« Les filles du Roy ». Un
beau succès ! Vous en trouverez le contenu ci-après.
A la suite de la conférence, très applaudie, après avoir répondu aux nombreuses questions
du public et en attendant l’arrivée d’une invitée surprise, Gabriel Duverneuil fit
entendre une chanson dédiée à ces filles courageuses « Les pionnières »
écrite et chantée par Christine Autier[1] , puis
fit chanter à la salle « A la claire fontaine », cette vieille
chanson française, très populaire au Québec et ce jusqu’à maintenant, qui fut le chant national officiel en 1837-38 lors
de la révolte des Patriotes qui se battaient contre l’hégémonie anglaise.
Vint enfin
l’invitée : Marguerite Moitié,
une des 36 filles du Roy, en costume d’époque, incarnée par Danielle
Pinsonneault, qui nous racontât l’histoire de sa vie. Ce fut un moment très émouvant qui termina
cette soirée riche en informations.
Merci à toi
Danielle et bon retour dans la Neuve-France !
G. Duverneuil
[1]
Christine Autier est originaire du Poitou elle partage sa vie entre son métier
de journaliste à Radio France et Radio Canada et sa passion pour le chant et la
composition musicale
LES FILLES DU ROY
Humbles "filles
à marier" à leur arrivée en Nouvelle-France, maintenant reconnues comme Mères de la Nation
!
La Nouvelle-France est en situation
précaire
Depuis
la fondation de Québec en 1608, il faut
bien admettre que la volonté de la France de défricher et de peupler la
nouvelle colonie est passée bien après celle d'évangéliser et de faire du
commerce. En dépit de la faible progression de la population, le taux de
natalité après 1608 a quand même été de plus
1000 naissances jusqu'en 1663[1].
Mais cette fécondité n'a pu remplacer à elle seule l'envoi d'un nombre
important d'immigrants. D'autant plus que si la France est alors le pays
d'Europe occidentale le plus peuplé à cette époque, les autorités redoutent son
dépeuplement[2]
et la Nouvelle-France n’est encore qu’un comptoir de fourrures!
Depuis
la venue de Louis Hébert, avec sa femme et ses trois enfants en 1617, la quasi
totalité des personnes recrutées pour la colonie sont des hommes. On avait
besoin de maçons, de menuisiers, de charpentiers, de cordonniers, de
boulangers, de défricheurs, de navigateurs et de matelots, etc. Parfois,
certains faisaient venir la famille
quand leur situation était devenue plus stable.
La
véritable colonisation ne s’amorcera vraiment qu’en 1634, avec l’arrivée, de
Mortagne en Perche, de plusieurs familles qui ont répondu à l’invitation de
Robert Giffard de venir s’établir dans sa seigneurie de Beauport. D’autres
petits convois débarqueront les années suivantes, mais l’émigration restera si
faible qu’en 1640, la population totale se chiffrera à environ trois cents (300)
personnes seulement[3].
Au
cours de cette période 1634-1641 (8 ans), la colonisation, qui relevait alors
uniquement de la Compagnie de la Nouvelle-France ou de l’initiative privée, est
minimaliste si ce n’est inexistante! L’émigration féminine se fait au
compte-gouttes. Toutefois, la fondation de Ville-Marie en 1642 va un peu changer la donne. Peu de femmes accompagnent au
début Maisonneuve et Jeanne Mance, mais elles arrivent un peu plus nombreuses à
chaque année, après 1649. Finalement, environ
deux cent vingt huit (228) filles à marier viendront s’établir en
Nouvelle-France entre 1634 et 1662![4]
La
population française demeure toutefois insuffisante.
Les
personnes bien informées s'inquiètent de la viabilité de la colonie en raison
de sa maigre population comparée à celle en croissance continuelle des Anglais
et des Hollandais venus s'établir plus au sud. Si la Nouvelle-France compte de
300 à 400 habitants en 1641, la Nouvelle-Angleterre dénombre déjà 50,000
habitants pour un total de 80,000 en 1663! La guerre incessante entre la France
et l'Angleterre en Europe rend les gens très nerveux dans la colonie : on
craint l'invasion.
En
France, il s'en trouve encore pour conseiller au roi "d'abandonner le
Saint-Laurent"[5]
Et les agressions iroquoises continuent de miner le moral des habitants et d'en
menacer l'existence.
Que
va devenir la Nouvelle-France?
En
1663, on retrouve de 6 à 14 hommes pour une femme, dépendant du lieu. Au total,
2500 personnes dont environ 200 femmes! Comment créer des familles et garder
les engagés qui retournaient en France après leur contrat de trois ans, s'ils
ne trouvaient pas à se marier?
Sans
mariage, les hommes n'avaient pas droit à la concession d'une terre à
défricher. Cette promesse d'obtenir une
terre en "bois d'boutte" à la suite de son mariage était pourtant
alléchante. En effet, elle leur permettait de devenir un "habitant",
un titre fort enviable à l'époque,
impossible en France pour des gens du commun. Sans compter qu'en
Nouvelle-France, ils avaient le droit de pêcher et de chasser sur leur terre,
un privilège inaccessible là-bas. De surcroit, à la fin de leur vie, ils
pourraient transmettre leur terre à
leurs enfants! C'était le bonheur! Pourtant, un grand nombre d'hommes retournaient
en France, faute de pouvoir se marier.
Le roi Louis XIV
En
1661, à l'âge de 23 ans, le roi Louis XIV décide d'assumer personnellement le
gouvernement de la France. Le temps pendant lequel sa mère, Anne d'Autriche, le
remplaçait à la suite de la mort de son père (il avait alors 6 ans) est
terminé. Il entend régner avec une autorité absolue.
Des demandes insistantes sont venues de la colonie afin
d'obtenir l'aide du roi pour le peuplement et la défense de celle-ci. Elles ont
été portées avec passion par Pierre Boucher, le jésuite Lejeune, le Sieur de
Villeray, Jean Bourdon et bien d'autres. Le roi autorise en 1662 l'envoi de
navires chargés de 200 soldats, de familles et de travailleurs et en octobre
l'envoi de deux vaisseaux de la marine royale.[6]
Ces décisions temporaires sont remplacées en 1663 par d’autres qui vont
s'avérer autrement essentielles.
De concert avec Colbert, son ministre des
colonies, le roi prend deux décisions capitales pour la Nouvelle-France.
D'abord, la création du Conseil Souverain,
dotant la colonie d'un
fonctionnement égal à celui de toutes les provinces de France. Cela implique
que dorénavant, les compagnies marchandes n'auront plus la main haute sur la
vie en Nouvelle-France, ni sur son développement. Le roi Louis XIV y veillera
personnellement, grâce à trois gouverneurs et un intendant qu'il nommera et qui
recevront ses instructions. Puis, pour
solutionner la pénurie de femmes, il décide de faire partir de France des
"filles à marier" avec le mandat de peupler la colonie. Une deuxième
période d’émigration féminine voit le jour!
Ainsi, pendant onze (11) années, de 1663
jusqu'en 1673 inclusivement, un nombre
variable de femmes partiront annuellement pour la Nouvelle-France. Nous savons maintenant que 764 femmes
débarquèrent dans la rade de Québec. Cette décision politique unique de peupler
ainsi la colonie a sauvé la Nouvelle-France du naufrage!
Dix
ans après l'arrivée de ces femmes (1683), la population aura triplé. Au
recensement de 1698, elle atteindra 15,355 personnes.
Les "filles à marier"
Un recrutement systématique, dirigé par Colbert, fut
mené par les émissaires du roi dans les maisons de charité et les hôpitaux
généraux de Paris, La Rochelle, Rouen et Dieppe, où logent des femmes jeunes,
orphelines ou veuves. Certaines d'entre elles pouvaient aussi venir de familles " tombées en
détresse" ou parfois, de familles ayant voulu "enfermer" une de leurs filles pour
cause de rébellion...Ces maisons fondées depuis 1656 environ étaient sous la gouverne de communautés
religieuses et financées par l'Etat. Elles avaient été créées dans le but de
protéger les jeunes femmes abandonnées ou veuves. A la mort de leur mari, les
femmes et leurs enfants se retrouvaient à la rue, la plupart du temps. Il
n'existait à l'époque aucune forme de sécurité sociale comme nous en
connaissons de nos jours. On retrouvait également des lieux ou des ailes
spécifiques pour les jeunes enfants, les hommes, les vieillards, ces
"asociaux en marge de la société de pauvreté de l'époque"[7].
On voulait les abriter, les nourrir et, si possible, les instruire pour les
plus jeunes d'entre eux.
Le recrutement a aussi reçu un coup de main non
négligeable de la part des curés des paroisses environnantes. Par exemple,
Monsieur de Bretonvilliers, curé de la paroisse Saint-Sulpice, a recruté 46 des
327 filles originaires de Paris. Les curés pouvaient en parler en chaire et
même aller rencontrer des familles susceptibles de pouvoir profiter de ce programme d'immigration du roi
Louis XIV. Ils connaissaient bien leurs paroissiens. Quand une famille décidait
de laisser ainsi partir une de ses filles, le curé lui rédigeait un certificat de "bonnes
moeurs" qui serait exigé avant l'embarquement. On voulait des femmes en
santé, fortes et habiles de leurs mains. De ferventes catholiques. Et jolies si
possible!
Le
roi voulait une "Neufve-France" catholique. Toutefois, un certain
nombre de femmes protestantes réussirent quand même à partir sur les navires du
roi. Arrivées à destination, si leur croyance était connue, elles devaient se
convertir avant de pouvoir se marier, telles Marthe Quitel en 1665 et Catherine
Basset en 1667. Même traitement pour les hommes d'ailleurs. Ce fut le cas pour Jean
Royer, Daniel Perron dit le Suire et Bernard Faure. D'autres, pensons à Marie
Albert, Anne Lépine, Marie Valade, Marie Léonard, Marguerite Ardion, Françoise
Ancelin et Elisabeth Doucinet purent vivre sans être dérangées. Même Marie
Targer qui eût deux époux protestants. Mais ces personnes n'avaient pas droit
de culte et devaient donc agir exactement comme le faisaient les catholiques,
pour ne pas éveiller les soupçons.
De
plus, parmi les femmes choisies par les recruteurs, il y eût bien quelques
filles de la petite bourgeoisie ou des filles de notables, mais la grande
majorité d'entre elles étaient d'origine modeste, voire pauvre.
Près des deux
tiers des femmes étaient orphelines de père, de mère ou des deux parents. La
moyenne d'âge était de 24 ans. Les plus jeunes pouvaient avoir 13 ou 14 ans.
Elles venaient surtout de l'Ile-de-France et des provinces proches de Paris,
vivant surtout dans les cités, puis des provinces de l'Ouest de la France (
Aunis, Saintonge, Poitou et Touraine). Celles qui originaient de la campagne,
venaient principalement de la Normandie.
Il
faut aussi savoir que «quelques-unes venaient même d'outre-frontière, d'Allemagne, Marie Vanzègue en 1673, de
l'Angleterre, Catherine de Lalore en 1671, de Belgique, Marie-Anne Bamont en
1673, du Portugal, Espérance Du Rosaire en 1668, de la Suisse, Barbe Duchesne
en 1671»[8].
Il en demeure encore aujourd'hui plus d'une cinquantaine dont nous ignorons
l'origine.
Malgré le débat toujours en cours,
l'état actuel des connaissances nous fait croire que la grande majorité d'entre
elles ont librement choisi de partir vers la Nouvelle-France. Elles n'avaient
pas grand-chose à perdre. Les orphelines, sans espoir de dot pour se marier,
n'avaient pour seul avenir que de devenir
servantes ou brodeuses réputées travaillant pour de riches
dames. Celles qui avaient encore leurs parents, mais qui vivaient dans la
misère, sans espoir de vie meilleure, ne voyaient aucune autre issue. Le programme du roi leur offrait la possibilité de se marier,
même de choisir leur mari, de recevoir une dot au moment du mariage, le
paiement des frais de passage sur le
navire, l'accueil en arrivant là-bas et
l'aide royale pour l'établissement du couple après le mariage. Plus encore, la
chance inouïe de se voir concéder une terre à son mariage.
Quand
une fille rencontrait les exigences des recruteurs, elle partait donc le coeur plein d'espoir. Elle n'avait peur ni
du travail, ni de la vie exigeante qu'on lui laissait entrevoir! Ces jeunes filles étaient des femmes d'honneur,
des femmes courageuses et vaillantes.
Elles
étaient venues pour se marier, pour faire des familles, pour travailler aux
soins des malades ou enseigner aux enfants amérindiens et français. Il fallait
un cran du tonnerre pour oser une telle aventure, surtout à Montréal quand on
connaissait l'éloignement de Ville-Marie et l'acharnement des Iroquois sur la
colonie naissante. Il fallait avoir la foi, mais sûrement aussi un
tempérament des plus énergiques et le
coeur intrépide.
Nous
savons bien peu de ces femmes hors du commun, les toutes premières venues de
France. Qui connaît leur vie et l'apport inouï qu'elles ont fourni à leur pays
d'adoption? La plupart se sont mariées, ont donné vie à de nombreux enfants,
certaines sont mortes jeunes, d'autres n'ont pas pu concevoir d'enfant, mais il
est irréfutable qu'elles ont vécu une
vie extrêmement difficile, remplie de privations et d'angoisses. Certaines ont
connu les attaques sournoises des Iroquois, tuant leur mari au champ ou même
toute la maisonnée. Elles ont souvent manqué de l'essentiel. Elles
retroussaient leurs manches et croyaient toujours à un demain plus ensoleillé. Elles
préfigurent sans aucun doute la force de caractère de celles qui suivront
quelques vingt années plus tard et qu’on appelle les Filles du Roy.
Une réputation malveillante
Les
rumeurs sur leur respectabilité n'ont pas attendues. Elles seraient nées en
France. D'une part, la France étant très hiérarchisée et donc portée à regarder
de haut et à juger promptement les personnes des classes inférieures, la bourgeoisie du temps n'avait aucune
affinité particulière pour elles, étant donné la basse extraction sociale de la
plupart. D'un autre côté, à partir de 1684, Louis XIV
consentira à envoyer aux Antilles des femmes débauchées ou marquées au fer
rouge. Cette décision du roi a certainement semé bien des confusions et a pu
engendrer la méprise. On disait aussi qu'elles étaient envoyées en Amérique...
Quelle Amérique? Peu de personnes connaissaient alors la différence entre la
Nouvelle-France et les îles françaises des Antilles.
Les
rumeurs sont devenues des inepties. Même si l'envoi de "filles à
marier" en Nouvelle-France s’est terminé en 1673, les infamies et les
accusations gratuites ont continué, malgré les mises au point de personnes qui
les ont connues et côtoyées. Ainsi, Pierre
Boucher, puis les auteurs des Relations
des Jésuites, l'intendant Talon, Marie
de l'Incarnation, Monseigneur de Laval, les autorités ecclésiastiques de la
Nouvelle-France et plusieurs historiens québécois dont Gustave Lanctôt en 1952
et Silvio Dumas en 1972, ont vertement dénoncé ces grossièretés. Et combien
d'autres plus récemment! Peine perdue!
Ce
sera la fécondité incroyable des "Filles du Roy" qui balaiera les
dernières résistances. En effet, les connaissances médicales actuelles nous
apprennent que si ces femmes avaient été des "filles publiques",
elles auraient été atteintes de maladies vénériennes qui rendaient les femmes
stériles. Les antibiotiques n'étant pas encore connus à l'époque, on ne pouvait
les guérir. En mettant au monde 9, 12, 14 enfants ou plus, les filles du Roy
ont ainsi prouvé qu'elles étaient "des femmes saines"[9].
De
plus, nous savons qu’en France, dès que les filles choisissent de partir, elles
sont chaperonnées et ce, jusqu'au mariage, par des officières des communautés
religieuses, des "dames sages et de qualité" ou des personnes
mandatées pour leur protection. Les déplacements vers les lieux d'embarquement
se feront le plus souvent en contingent, à pied ou en charrette sur la route,
ou bien en utilisant des gabarres sur les cours d'eau de l'intérieur.
L'attente, parfois bien longue, pour que se lève enfin le bon vent permettant
le grand départ, sera "subie" chez des communautés religieuses.
Filles
à marier ou Filles du Roy?
Ces
femmes qui sont venues à la demande du Roi Louis XIV portaient le surnom de "filles à marier".
Comme celles venues avant ou après elles
d'ailleurs. A l'exclusion de celles voulant officiellement consacrer leur vie à
Dieu ou officieusement comme Jeanne Mance. Toutefois, l'appellation "Filles du
Roy", accolée à celles venues de 1663 à 1673, serait le fait de Marguerite
Bourgeoys qui l'aurait employée pour la première fois dans ses écrits vers
1698. Elle avait pour son dire que les bénéfices que le roi leur avait donnés
montraient que celui-ci avait agi comme un père avec elles. Ce surnom était aussi
semblable à celui que l'on donnait aux enfants ou aux orphelins
élevés aux frais du roi. L'histoire a retenu ce surnom jusqu'à aujourd'hui. Il
est vrai que l'arrivée de ces 764 femmes, venues
par décision politique du roi Louis XIV, mérite peut-être que ces femmes aient
un surnom distinctif...
La traversée
La
traversée de la grande mer était le premier grand défi à affronter. Même si ces
femmes n'avaient jamais mis les pieds sur un navire, elles avaient entendu une
foule de gens sur les quais en parler d'expérience. Par exemple à La Rochelle,
on affirmait que "prendre la mer est plus
dangereux que d'aller à la guerre. On a moins de chances d'en revenir!"[10]
Les femmes connaissaient le risque qu'elles prenaient. Celles du premier
contingent, en 1663, arrivèrent presque toutes sur l'Aigle d'Or. Le navire connut une de ses pires traversées ; il mit 111 jours à rejoindre Québec. Cela veut dire
3 mois, 3 semaines et 3 jours! On manqua d'eau et de nourriture, le scorbut se
déclara. La promiscuité et le total manque d'hygiène entraîna la propagation de
fièvres, de même que plusieurs maladies. Sur les 225 personnes à bord, soixante
(60) moururent pendant le trajet et douze (12) autres après leur arrivée, même
si, étendues sur des planches, on les transporta aussitôt à l'Hôpital de Québec. Cela signifie que près
du quart des passagers de ce navire moururent avant de voir Québec. Pendant les
longs mois de traversée, les conditions de vie étaient particulièrement pénibles.
L'accès au pont était permis, mais seulement de jour et quand il faisait beau.
Une femme ne pouvait jamais se promener seule, ni sur le pont ni ailleurs,
elle devait toujours être accompagnée.
Le confort et les commodités étaient réduits à leur plus simple expression.
Dans la Sainte-Barbe, où logeaient les gens du commun, les femmes étaient installées d'un côté avec les enfants, les hommes de l'autre
côté et les familles au centre. D'une hauteur d'une toise (1,94m= 6,4
pieds), la Sainte-Barbe était un lieu
sombre où l'espace manque pour qu'on puisse se déplacer aisément. Quand le navire
ne transportait pas de passagers, on y entassait les canons et les provisions
pour se défendre. D'ailleurs, Sainte-Barbe est la patronne des canonniers.
Pour
dormir, on attribuait aux gens des couchettes étroites et superposées où tous
dormaient vêtus, souvent deux par lit. Certains navires disposaient de hamacs.
Au fil des jours, les lieux devenaient
malodorants ; l'humidité constante favorisait
les moisissures. L'air salin rendait la peau poisseuse. On devait supporter les
ronflements, les pleurs, les lamentations, ainsi que les borborygmes et les
flatulences des uns et des autres. Les odeurs venant de l'étage d'en-dessous,
où on entassait les animaux que le capitaine emmenait en Nouvelle-France (boeufs,
vaches, cochons, volailles, pigeons et des parfois des chevaux ), rendaient la
situation encore plus accablante.
Pour les besoins naturels des passagers, on trouvait deux seaux, un seau
à chaque extrémité de la Sainte-Barbe. Un matelot les vidait à la mer quand la nécessité se
faisait sentir. Il n'y avait pas d'eau pour se "débarbouiller" si on
avait vomi. Lors des tempêtes, il fallait impérativement demeurer à
l'intérieur, pendant des jours parfois. A la noirceur, parce que les écoutilles
étaient bien fermées et qu'il n'était nullement question d'allumer une
chandelle! S'il avait fallu que le feu
prenne! On tentait de s'accrocher à un poteau, on tenait son enfant bien serré ou son coffre à "bras-le-corps".
Question nourriture, quand on avait vraiment faim(!), on mangeait du poisson
séché, du poisson salé, des pois, des fèves et des biscuits de mer. Ces
derniers étaient durs comme du bois et on devait d'abord les amollir dans un
liquide pour les manger. Il
faut avouer que certains jours, l'appétit n'y était pas du tout. Outre les
tempêtes qui donnaient mal au coeur, les émotions qui les habitaient, ennui,
peur, colère, découragement, incertitude, rendaient souvent les gens
taciturnes. Il restait la prière et les encouragements des personnes qui, ce
jour-là, avaient encore le moral.
Heureusement,
toutes les traversées n'ont pas été aussi épuisantes, ni aussi longues.
Généralement, la durée de la traversée vers la Nouvelle-France était d'environ
deux mois et demi. Mais elle constituait toujours un sévère test d'endurance.
L'arrivée à Québec
Un
beau jour, le navire est entré dans le
golfe, puis dans le fleuve Saint-Laurent. Tout le monde à bord a retrouvé
l'espoir. Les épaisses forêts, les montagnes, les rivières majestueuses qui se
jetaient dans ce fleuve immense. Quelles merveilles! Finalement, peu après
l'Ile d'Orléans, les passagers ont enfin aperçu Québec. Le capitaine a jeté
l'ancre en face de la petite agglomération. A ce moment-là, Québec comptait tout
au plus 800 habitants. Des barques se sont approchées en grand nombre. Il était
évident que le navire et les personnes à bord étaient fébrilement attendus. Toutes
et tous, mais surtout les "filles à marier" ont été accueillies par
des personnalités du Conseil Souverain, le curé, Henri de Bernières, et madame
de La Peltrie, la grande amie de Marie de l'Incarnation (les Ursulines étaient
cloîtrées). Les gens sur la grève démontraient leur joie sans réserve. Bien des
hommes reluquaient les filles, mais elles semblaient n'avoir qu'une envie, se
délasser les jambes et monter chez les Ursulines. Enfin arrivées à bon port!
Les années où elles seront très nombreuses, elles seront réparties également
dans de bonnes familles, recommandées,
comme celle de madame Anne Gasnier ou, dans certains cas, dans une
famille apparentée.
Toutes
ces personnes savaient combien la traversée constituait une lourde épreuve et dans quel état général les filles devaient se
trouver. Aussitôt parvenues au lieu indiqué, on veillait à leur mieux-être :
qu'elles puissent se laver, manger des fruits et des légumes à leur faim,
dormir dans un bon lit, seule, revêtir des vêtements propres, regagner des
forces.
Remises sur pied, commence la
recherche d'un mari
Quand elles se sont refait une santé, on les informe
des us et coutumes du pays et on leur donne des conseils sur les critères à
retenir dans le choix de leur mari. Parce que le roi leur a vraiment promis
qu'elles allaient pouvoir le choisir. Quelle chance! Marie de l'Incarnation
leur disait de prendre leur temps, de ne pas prendre le premier venu, de s'informer,
que celui qui a déjà sa terre et qui aurait déjà construit sa cabane pourrait
être un meilleur parti... C'était assez souvent le cas, moyennant la promesse
du colon de se marier dès que possible. Une fois le mari choisi, venait le moment de passer devant un
notaire pour la rédaction du contrat de mariage. Toutefois, il arrivait assez
souvent que l'une ou l'autre... change d'avis et demande au notaire de "déchirer
le contrat". Un bon nombre de femmes ont ainsi changé d'idée et sont
repassées une deuxième fois devant le notaire. Certaines l'ont même fait une
troisième fois! Le plus souvent, le notaire se déplaçait dans les maisons.
Cette signature du contrat de mariage devant notaire était très populaire. Parmi
les signatures des personnes présentes, on note souvent les noms du seigneur,
de madame Gasnier, de membres du Conseil souverain ou de personnes influentes
de l'endroit et même de l'intendant Talon à Québec, de Jeanne Mance ou de
Maisonneuve à Montréal, avant son départ pour la France en 1665!
Le mariage
Une ou deux semaines plus tard, après la publication
des bans, on célébrait le mariage religieux. Si la signature du contrat était
l'occasion de réunir notables, dignitaires et un grand nombre de personnes, le
mariage s'avérait une cérémonie toute simple, en famille, avec quelques amis
peut-être.
Règle générale, les filles se mariaient dans les cinq
(5) mois suivant leur arrivée.
Certaines, après seulement 4 ou 5 semaines et d'autres, l'année suivante
ou même 3 ou 4 ans plus tard. Par exemple, si, comme Catherine Moitié à
Montréal, une fille avait signé un contrat de domestique d'une durée de quatre
(4) années chez un employeur, elle ne pourrait quitter son travail avant
l'échéance de son contrat, pour se marier.
Nous ne connaissons pas la personne qui en a décidé
ainsi, ni le moment, ni le lieu, mais il est reconnu que les deux tiers des
filles demeuraient à Québec et aux alentours, la région la plus populeuse.
Ainsi, le tiers des filles devaient se rendre jusqu'à Trois-Rivières ou
Montréal. Aussitôt que ces dernières s'en sentaient capables, elles faisaient
leurs adieux. Elles avaient vécu de
belles heures ensemble et des moments bien périlleux. Des liens très forts
s'étaient noués entre plusieurs d'entre elles. Toutefois, il était très
probable qu'elles ne se reverraient plus.
Des hommes de confiance allaient les conduire en canot
ou en barque sur le Saint-Laurent, la
seule route de l'époque. Les hommes pagayaient de jour seulement. Le soir, ils
organisaient un campement de fortune sur une grève bien à l'abri. Tout le monde
dormait sous les barques, en partie renversées, enroulé dans une couverture. Il
fallait de deux à trois jours pour rallier Trois-Rivières, selon les caprices
de la nature. Pour la dernière portion du voyage, le trajet se révélait un peu
plus long à cause de la morphologie du fleuve. Ainsi, les campements de nuit
étaient plus nombreux. Les hommes demeuraient
constamment aux aguets à cause des Iroquois, nombreux dans cette région. A Trois-Rivières, petite bourgade de moins de
250 habitants en 1663, les quelques
filles qui y ont débarqué étaient reçues et hébergées par le seigneur Pierre
Boucher. A Montréal, c'était souvent Marguerite Bourgeoys en personne qui les
accueillait et les hébergerait jusqu'à leur mariage.
La vie en Nouvelle-France
Près de 85% des filles ont épousé un habitant et
vivaient sur une terre en "bois d'boutte". L'intendant ou son
remplaçant avait remis aux "filles à marier" des vêtements pour leur
premier hiver, des provisions pour vivre jusqu'aux prochaines récoltes et de
précieuses graines de semences de France pour leur potager de l'été suivant.
Dans la première année, l'installation sur une
pareille terre constituait une rude entreprise, surtout si le jeune couple
venait à peine de se voir concéder une terre.
Généralement, la terre mesurait 3 arpents en largeur par 30 en
profondeur. Chacune donnait sur le fleuve. Si le couple s'était marié en
octobre ou novembre, comme cela arrivait souvent, le temps leur était compté
avant que les neiges commencent à tomber. Il fallait s'y mettre prestement.
Louise Dechêne explique : «Sa première tâche est
d'abattre ce qu'il faut d'arbres pour construire une cabane de pieux d'environ
quinze pieds sur vingt, de petits arbres qu'il aiguise à un bout et plante en
terre. C'est une construction assez frustre sans plancher ni cheminée, mais
qu'il faut rendre suffisamment étanche pour y passer au moins un hiver. Il
utilise des écorces et des herbes
(chaume) pour faire le toit et boucher les fentes. Au bout de trois à quatre
semaines, il peut apporter son coffre et ses provisions dans cette cabane,
quitte à la parfaire avant l'hiver»[11].
Cela signifie entre autres, installer une porte, tailler une fenêtre et y poser
un papier parchemin huilé qui tiendra lieu de vitres (hors de prix), et ce, du
côté opposé au vent dominant; construire un âtre en pierres et sa cheminée. Ce
sera une habitation temporaire, sur terre battue, mais qui devra abriter la famille souvent pendant
plusieurs années. La priorité étant «d'abattre le bois debout, arracher les
souches, petites ou de grandeur moyenne, brûler les branchages, épierrer le
terrain. Travail lent : il faut un an à un colon seul pour défricher et rendre propre à la culture
une superficie d'un arpent et demi, et
encore il faudra travailler parmi de
grosses souches qu'il faut laisser pourrir avant de les enlever»[12].
Un pays neuf et si vaste
Tous ceux et
celles qui arrivaient en Nouvelle-France étaient sidérés de découvrir un monde
où tout était si vaste : le golfe, le fleuve, les forêts, les distances entre
les lieux habités, les lacs, etc. Tout était tellement différent. Rapidement,
ils ont constaté les quatre saisons bien marquées, dont un hiver rigoureux de 6
mois, ce qui implique l'obligation d'apprendre à travailler selon le rythme des saisons, si
distinctes l'une de l'autre. Ils ont aussi remarqué la présence des
Amérindiens, la dispersion des maisons, l'absence de routes, le manque de
boeufs de trait et d'outils pour le gros oeuvre. Tous, mais surtout les gens du
commun je crois, ont vite compris qu'ils auraient à s'adapter, à s'acclimater!
Il y avait tellement à apprendre. Avant tout,
il faudrait penser aux besoins primaires!
L'urgence : " apprendre l'hiver". Savoir adapter sa maison, ses vêtements, sa
façon de chauffer la maison, penser à s'approvisionner de bois de chauffage
pour les 6 mois d'hiver, apprendre à se déplacer sur la neige en raquettes et
en toboggan. Apprendre à chasser, à trapper, à pêcher, à manger des poissons
inconnus, du gibier, à trouver des moyens de conservation des aliments et à
fabriquer des outils au besoin.
Au printemps, il leur faudra mettre les animaux au
pacage et préparer la terre pour les semailles, profiter du passage des oies,
des outardes et des canards, apprendre à semer la citrouille, les haricots et
le maïs, de même que les multiples utilités du bouleau. A l'été, ils devront
ramasser les fourrages, engranger l'orge et l'avoine, récolter les pois, couper
le blé, battre le grain, faire moudre le
blé au moulin. A
l'automne, fumer la terre, récolter les légumes du potager. Ramasser les inestimables
graines des légumes dont on aura besoin au printemps prochain. Renchausser la
cabane, insérer fermement de l'étoupe dans toutes les fentes des murs. Mettre
les betteraves, carottes, navets, rutabagas et choux au frais, sur des branches
de sapin sous la maison. Faire boucherie. Faire son boudin. Faire du savon. Refaire
les paillasses avec de la paille fraîche. Préparer ses teintures végétales. Et
ainsi de suite.
Il faudra compter 5 ou souvent 10 ans de travail
soutenu pour qu'une terre fournisse le minimum vital pour faire vivre une
famille. "A sa mort, 30 ans après avoir reçu
sa concession (sa terre), l'habitant possède 30 arpents de terre arable, une
pièce de prairie, une grange, une étable, une maison un peu plus spacieuse, un
chemin devant sa porte, des voisins, un banc à l'église. Sa vie a passé à
défricher, à bâtir."[13]
Un pays apprivoisé
Les habitants avaient eu beaucoup à apprendre, à
apprivoiser. Ils y ont mis du coeur. Ils ont réussi. Ils ont eu un précieux support des Amérindiens pour apprendre à chasser et
pêcher, pour conserver la nourriture au fil des saisons, pour apprendre comment
travailler la fourrure pour que les vêtements protègent mieux du froid, pour marcher sur la neige, pour
transporter les lourdes charges en
hiver, pour découvrir les vertus d'un grand nombre de plantes médicinales et
comment les utiliser pour guérir.
Plusieurs se sont mis à l'apprentissage des langues
amérindiennes, ont apprécié la vie que menaient les Amérindiens, leurs rapports
chaleureux avec les enfants, leur
indépendance, leurs liens avec la nature. Combien de témoignages insistent sur
l'influence marquante qu'ils ont eue sur les mentalités.[14]
Marie de l'Incarnation disait «qu'il était plus facile de faire des Sauvages
avec les Français que l'inverse». Comme Champlain, Jeanne Mance et le Sieur de
Maisonneuve, elle avait rêvé de l'inverse
justement.
De même, ils ont rapidement compris qu'il leur fallait
une langue commune, eux qui avaient des parlers régionaux considérablement
différents. Dans la maison, c'est la mère qui joue le plus grand rôle dans la
transmission de la langue parlée. Or, comme les mères venaient majoritairement
de l'Ile-de-France et de quelques autres provinces proches de Paris, où tout le
monde ou presque était devenu familier avec le français, c'est le français qui
s'est vite généralisé et est devenu la langue commune. D'autant plus que c'était
la langue du pouvoir, celle des militaires et celle des autorités tant civiles
que religieuses.
Les habitants ont appris à briser l'isolement, à
tisser des liens avec les voisins, même s'ils étaient éloignés, à se constituer
un réseau social. Ils ont appris à développer leur autonomie, à faire du troc
et ensemble, à devenir autosuffisants.
Au travers de cette vie
laborieuse...
Au travers de toutes ces besognes, les femmes ont mis
au monde les enfants, les ont allaités, les ont soignés, ont fait le pain, sont
allées chercher l'eau à la rivière, ont
fabriqué des chandelles, ont tricoté, ont rapiécé et ont nourri la famille. Elles ont aussi enseigné aux
enfants puisque l'école était inexistante, sauf à Québec et Montréal et encore,
pas accessible à tous.
Les sages-femmes étaient fort peu nombreuses à l'époque. Les femmes ont
donc accouché seules ou avec l'aide d'une voisine, la plupart du temps. Elles
ont eu des familles nombreuses. Elles ont perdu plusieurs enfants malgré leurs
soins attentifs. Et trop d'entre elles (5% des Filles du Roy) sont mortes en
donnant la vie. Souvent à la naissance du premier enfant ou du dernier, alors
que le corps est épuisé d’avoir tant donné la vie!
Conclusion
Elles ont trimé dur. Elles ont vécu courageusement,
avec force et générosité. Avec amour! Elles étaient arrivées de France avec la
mission de peupler la Nouvelle-France. Elles ont tenu parole! "Elles ont
enfanté à coeur de vie". Elles "nous ont mis au monde et tout le pays
avec nous"![15]
Elles nous ont donné tout ce qu'elles portaient en
elles : leur culture, leurs coutumes, leur croyance, leur langue, cette
"langue belle", leurs valeurs, leur savoir-faire. Un legs
inestimable! Elles sont les Mères de la nation québécoise!
Nous les portons
en nous ces femmes, que nous le sachions ou non. Il est grand temps de parler
d'elles. De les célébrer! Avec fierté!
Grâce à elles,
parmi les quelques grandes villes d'Amérique du Nord, telles New-York, Boston
et Philadelphie, qui peuvent se vanter de compter près de 400 ans d'histoire,
Montréal est la seule ville d'origine française et toujours de langue
française.
Danielle Pinsonneault Septembre
2016
................................................................
Humbles "filles
à marier" à leur arrivée en Nouvelle-France, maintenant reconnues comme Mères de la Nation
!
Le point de
vue de la Société d’histoire des Filles du Roy
On
peut se demander avec raison ce qui a bien pu se passer pour expliquer ce
retournement majeur.
Je
dirais que c'est le résultat d'une séquence de trois événements. D'abord, nous
avons organisé un Colloque sur les Filles du Roy en 2008, lors du 400e
anniversaire de la ville de Québec. Étonnamment, plus de 400 personnes y ont
participé alors qu'on nous disait que l'histoire n'intéressait personne. Il
faut mentionner qu'Yves Landry, démographe et historien actuel des Filles du
Roy, figurait en bonne place au programme.
Puis,
nous avons fondé la Société d'histoire des
Filles du Roy (SHFR) en 2010, année au cours de laquelle on remarqua notre
kiosque pendant les Fêtes de la Nouvelle-France, toujours à Québec. Nous y
participons fidèlement depuis ce temps.
Enfin,
notre société a travaillé très fort pour organiser en 2013 les commémorations
de l'arrivée du premier contingent de Filles du Roy en face de Québec. Il y
avait alors 350 ans que les 36 premières Filles du Roy avaient courageusement
décidé de traverser la grande mer, de s'y marier et de peupler la colonie qui en avait terriblement
besoin. Nous y avons mis toutes nos
forces et avons alerté toutes les sociétés d'histoire et de généalogie des
villages et villes se trouvant le long du fleuve, là où les Filles du Roy
s'installèrent, du Bas-Saint-Laurent à Lachine, afin
qu'elles puissent mettre l'épaule à la roue. Comme un grand branle-bas de
combat! Des activités
multiples, des conférences, le recrutement de femmes acceptant d'incarner
chacune des 36 filles du Roy du premier groupe, une douzaine de formations à leur intention, l'organisation d'un voyage
de mémoire sur les traces de nos ancêtres femmes dans plusieurs régions de
France et, au retour, un voyage en
voilier sur le grand fleuve, de Rimouski à Montréal. Avec des arrêts d'un à plusieurs jours, à Tadoussac, l'Ile
d'Orléans, Québec, Trois-Rivières, Sorel et Montréal. Notre unique but à ce
moment-là : parler d'elles et les faire connaître. Faire connaître leur
véritable histoire. Faire tomber ces vieux préjugés accrochés après elles comme
des chardons des champs, encore au XXIe siècle. Avec fierté, les faire
reconnaître comme nos premières
grand-mères! Et ce, pendant les douze (12) mois de 2013.
Depuis
2013, nous poursuivons avec vigueur le
travail sur le terrain. Des conférences, la fabrication d'un magnifique coffret
souvenir des commémorations de 2013 (multimédia), des présentations de
documentaires, des participations à diverses activités à saveur historique
organisées dans toutes les régions du Québec par les associations de famille et
les sociétés d'histoire et de généalogie. Nos formations annuelles de
"jumelées"[16]
depuis 2013, nous ont permis de former à date 86 femmes. Des jeunes et des
moins jeunes. Qui, si elles ne sont pas passionnées d'histoire en commençant,
le deviennent en cours de route! C'est notre histoire et elle est passionnante!
Par la suite, elles se transforment en autant d'ambassadrices dans leur milieu
de vie ou de travail.
Nous
commencerons une série de 5 formations de jumelées à Montréal dans quelques
jours (le 24 septembre) et, au début de février 2017, nous débuterons une
cinquième série de formations à Québec. Nous entendons participer activement
aux célébrations du 375e de Montréal en 2017. Les soixante-douze
(72) Filles du Roy de Montréal seront là pour célébrer l’histoire de cette
ville qu’elles ont contribué à faire grandir!
Danielle Pinsonneault
[1] Lacoursière, Provencher, Vaugeois, Canada-Québec 1534-2000, Septentrion, 2001,p.61
[2] Source : Sous la direction de Yves Landry, Pour le Christ et pour le roi La vie au temps des premiers
montréalais, Éditions Libre Expression, 1992, Chapitre 3, Yves Landry, p.
78
[3] Source : Gustave Lanctôt, Filles
de joie ou Filles de roi, Étude sur l’émigration féminine en Nouvelle-France, Les
Éditions du jour, Montréal, 1964
[4] Source : Gustave Lanctôt, Filles
de joie ou Filles de roi, Étude sur l’émigration féminine en Nouvelle-France, Les
Éditions du jour, Montréal, 1964; R. Le Moine, Première immigration française
au Québec, in La découverte de l’Amérique, Paris, 1968, Librairie philosophique
JVrin, p. 144-146.
[5] Lapointe Camille, Chassé Béatrice, de Carufel Hélène, Aux origines de la vie québécoise, Les Publications
du Québec, Collection Patrimoines, série Dossiers, 1995, p.36
[6] Gagnon Louis, Louis XIV et le
Canada 1658-1674, Septentrion, 2011, Ch.2
[7] Gagnon Louis, Louis XIV et le
Canada 1658-1674, Septentrion, 2011, Supplément d'histoire, pp.165-183
[8] Belleau Irène, Les Filles du
Roy, Coffret souvenir 1663-2013 Hommage aux Mères de la Nation, SHFR, 2015
[9]Landry Yves, Les Filles du Roy
au XVIIe siècle, BQ, 2013, p.23
[10] Sur un petit pilier au dernier étage du clocher de la chapelle
Bonsecours attenante au Musée Marguerite Bourgeoys dans le Vieux Montréal, qui
surplombe une partie du port de Montréal, on peut lire cette inscription : «Si
tu vas à la guerre, prie une fois, si tu prends la mer, prie deux fois».
[11] Dechêne Louise, Habitants et
marchands de Montréal au XVIIe siècle, Montréal, 1998, p.271
[12] Trudel Marcel, Mythes et
réalités dans l'histoire du Québec, BQ, 2010, p.98
[13] Dechêne, Louise, Habitants et
marchands à Montréal au XVIIe siècle, Montréal, 1998, p.272
[14] Mathieu Jacques, La
Nouvelle-France, Les Français en Amérique du Nord, XVIe-XVIIIe siècle,
P.U.L., 2001
[15] Hébert Anne, Le premier
jardin, 1988
[16] Nom donné aux
femmes qui veulent incarner une Fille du Roy, suivent les formations requises,
cousent leur costume du XVIIe siècle et s'imprègnent complètement de l'histoire
de ces femmes et du siècle dans lequel elles ont vécu.
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