Randonnée patrimoine de Celles

 

Samedi 7 septembre 2024

 

Rando patrimoine - Celles

 

Départ de la halle.

 

Quelques mots sur Celles

Situation géographique

Celles se trouve au centre de trois vallées, voire quatre dont une centrale : le Tournevalude, le Bournet, le Meyré et le Jalley.

Le bourg n’est pas très peuplé mais la commune compte de nombreux hameaux sur son territoire.

 

Le nom :

Celles et un vocable d’origine latine : « cella », lieu de rassemblement de communautés Cénobites, donc sans doute d’origine religieuse. Une pierre a été trouvée, portant la date de 1180 date, sans doute, de leur installation dans la vallée du Tournevalude où ils vont construire un moulin puis une église ...

 

L’histoire :

Ø Avant les moines, le site a connu une occupation régulière depuis le paléolithique, La commune est riche en matériel (silex taillés, une hache, de la céramique ...) qui a été donné au SRA 24 et que l’on peut consulter à Coulounieix.

Le peuplement gaulois et gallo-romain est lié au sanctuaire de la Réjane.

Le Moyen-âge correspond à la période des cluzeaux, refuges contre les invasions. Celui de Bauby comporte une sépulture.

Ø 1180 : Le Périgord est possession anglaise quand les moines s’installent.

Ø Le village est possession royale de 1294 à 1356. La peste noire avait sévi pendant trois ans et décimé une grande partie de la population.

Ø Sous Jean II le Bon sont établis un impôt sur la fortune épargnant les plus pauvres mais aussi les plus riches ainsi qu’une taxe sur les habitants (fouage) et sur les fours.

Ø Le 12 juillet 1484, Jean d’Albret vend Celles aux Bourdeilles qui passe ensuite aux Beaupoil puis aux du Lau.

Ø En 1356, Jean II le Bon donne Celles au Comte de Périgord, un mois avant la bataille de Poitiers.

 

Le patrimoine :

Ø Une église,

Ø Deux chapelles (St Jean et St Mandé) .

Ø Deux châteaux (Lascoux du XVIème et La Pauze du XIXème) dont un dans le bourg.

Ø Plusieurs pigeonniers remarquables.

Ø Un moulin (sans doute le plus ancien bâtiment du bourg),

Ø De nombreuses croix honorées au mois de mai (rogations) et souvent fleuries. Elles sont, pour une part Chrétiennes, pour une part païenne, d’autres de peine (sorte de TIG) comme la « croix des betteraves.

 

Première halte : Le château de Lascoux.

Ø Il s’est appelé La Coux puis Lascoutz ... Le premier document connu remonte à 1282 avec la famille de Montardy d’Agonac qui en sera propriétaire jusqu’à la fin des guerres de religion (entre 1562 et 1598, il y a eu 8 « guerres »).

Ø Le seigneur du lieu, Jean de Montardy, catholique, est appelé au chevet du seigneur de Montréal, début octobre 1569, ce dernier lui confie son fils Hector. Il l’amène à Celles dans son « repaire fortifié ». Il sera attaqué deux ans plus tard, lors de la huitième guerre,

Ø En 1593, des négociations se tiennent au château entre la Ligue et les Catholiques mais à la signature par Aubeterre, les hostilités reprennent.

Ø Le jeune Hector de Ponbriand épouse la fille de Montardy et leur fille épouse un de Foucauld et leur petit fils associe les deux familles et devient Etienne de Ponbriand de Montardy, seigneur de Lascoux.

Ø Avant la Révolution, un des descendants, Armand de Foucauld de Pontbriand, devient, en 1751, vicaire général de l'archevêque d'Arles, Jean Marie du Lau d’Allemans. Le château est vendu.

Ø En 1862, il est acheté par la comtesse du Lau d’Allemans qui fera construire le mur d’enceinte. Elle meurt en 1911.

Ø Par la suite, en 1921, le château est revendu et connaîtra plusieurs propriétaires.

Ø Aujourd’hui, le château d’origine a disparu, celui-ci date d’après les guerres de religion et a été très remanié. De nombreux travaux ont été faits par la propriétaire américaine, Audrey Friedman, à la fin des années 1980, qui ont permis de découvrir deux cheminées XVème-XVème siècle, le dallage ancien au rez-de-chaussée et un passage secret. Les combles avaient été occupés avec une cheminée monumentale et une charpente magnifique.

Ø L’archéologie du bâti révèle les parties les plus anciennes du XIVème siècle mais l’architecture a évolué par la suite, l’échauguette a été ajoutée au XVIème et la lucarne au XXème siècle. Les corps de logis attenants datent du XVIIIème, remaniés au XIXème, tout comme la tour, construite au XVIIème et la tour dans la cour a été construite au XIXème.

      Des caves voûtées existent sous la partie XVIIème et un corps de logis situé sur l’arrière aurait disparu.


       Deuxième halte : L’église St Pierre es liens  

 




   

 

Ø Église romane du XIIème siécle, fortifié au XIVème. Avant de devenir église paroissiale, c'était un prieuré dépendant de l'abbaye charentaise du Peyrat.

Ø Le vocable a été donné en référence au Pape Sixte III et à la cérémonie de la fête des chaînes du prince des Apôtres, Pierre, arrêté à Rome en 44 et libéré par un ange la veille de son procès. Ses chaînes ont été récupérées et ajoutées à celle de son incarcération définitive. La fête a été célébrée jusqu’en août 1960, le 1er.

Ø L’église n’est pas orientée Est-Ouest, elle se place sur un angle de 115 degrés au lieu des 90 habituels, sans doute dans un but de commémoration.

Ø La façade présente deux contreforts du XIVème réunis en arc en 1842, en même temps que la construction des clochetons.

Ø Le chœur est surélevé. A l’intérieur, une porte, à sept mètres de hauteur, donne accès à une pièce construite dans un esprit de fortification.

Ø L’intérieur est typiquement roman, très dépouillé, il comporte trois travées séparées par des colonnes doubles.

Ø Le chevet est plat avec quatre ouvertures, un triplet et une au-dessus.

Ø Sur certains piliers se voient des croix de consécration.

Ø Les vitraux, datés de 1882, ont été réalisés d’après un modèle ancien et représentent St Jean et St Pierre. Au Sud, St Barthélémy et St Léonard, au Nord, St Augustin, Il nous donne l’origine des moines comme augustiniens et non grandmontains comme on le croyait au XXème siècle.

Ø Une seconde travée présente un encorbellement à ressauts, preuve peut-être qu’il était prévu une coupole ou un arc doubleau pour une nef en berceau. Peut-être une voûte s’est-elle effondrée. On y trouve deux enfeus.

Ø La première travée comporte un bénitier blanc du XVIIème siècle provenant de l’Abbaye de Ligueux. Des fonds baptismaux à trois cavités (une pour le sel, une pour l’eau bénite et une pour le rejet de l’eau « sale ») et une plaque sur le mur extérieur qui commémore l’assassinat du vicaire général.

   

 

Troisième halte : Le monument aux morts

Ø Construit sur des parcelles rachetées par Monsieur Segui et par le prieur de Peyrat.

 

Quatrième halte : Le moulin médiéval hydraulique.


 Ø Construit par les moines de Boschaud, il serait contemporain de l’église. Il reste actuellement un pan de mur avec une meurtrière. Son développement s’est fait à deux époques, au Moyen-âge et à l’époque napoléonienne. Il est sans doute devenu seigneurial.

Ø Sa dernière utilisation, après avoir été moulin à farine et à huile de noix, l’a été en charronnerie dans les années trente puis les roues de charrettes ont été remplacées par les pneus et le moulin est tombé en désuétude.

Ø Actuellement, le propriétaire utilise la force hydraulique et fabrique un peu d’électricité pour le chauffage. Il est équipé d’un four à bois depuis le XIXème siècle, époque où il a fallu faire un produit fini, de la farine au pain.

Ø Il avait deux roues, une pour chaque production, aujourd’hui la roue est métallique.

 

Cinquième halte : La chapelle St Jean de la Lande

Nous sommes accueillis en musique et chanson, au son de la cloche de la chapelle.

Ø Elle se trouve sur un itinéraire de pèlerinage, chemin annexe vers St Jacques de Compostelle, entre La Tour Blanche (Notre Dame de la Pitié) et Chapdeuil.

Ø C’était au départ une grange du prieuré rattaché à Boschaud. Le bâtiment est ancien mais la date de sa construction n’est pas connue, sans doute vers 1100. On a toutefois trace d’échanges de récoltes.

Ø On peut penser qu’il y avait d’autres bâtiments dont un logis pour le prieur. On remarque des traces de sablières sur la façade Est, peut-être un appui pour un bâtiment adossé ?

Ø    Un texte mentionne une redevance annuelle de 60 livres par Guillaume Segui de Périgueux qui s’engage de plus à loger et vêtir un moine de Boschaud pendant deux ans.

Ø A l’intérieur, le plafond et les murs ont été plâtrés, le plâtre a été enlevé en 1990.

Ø Sur l’extérieur, on peut voir un signe en forme de patte d’oie ou d’arc pour affirmer que les pèlerins seront ici bien accueillis.

Ø Une hache de l’âge du bronze a été découverte à proximité.

Ø La veille du pèlerinage (24 juin), certains se baignent dans la fontaine et tissent des bracelets et des ceintures de joncs.

 

 

Complément : La chapelle St Mandé

ØØ Elle se trouve dans le hameau de l’Hôpital et a connu une importante activité au XIVème siècle pour le soin aux pèlerins et aux lépreux.

    Ø Elle appartenait aux Templiers.

 

La rose et la Mandragore

 

Les origines d’Hallow’en

 

Les origines d’Hallow’en
 Finn Anson
 31 octobre 2024

fête de Samhain

 

Le conférencier invite les auditeurs à garder à l’esprit que la fête d’Halloween s’articule autour des concepts : Paganisme et Christianisme et entre ces deux notions naviguent les limbes, l’Au-delà ou le purgatoire.

Le terme d’Halloween provient de :

Hallow = saint

E’en ou even = veille

 Soit la veille de tous les saints, une fête chrétienne en France mais commerciale dans beaucoup de pays.

Cette fête présente originellement deux aspects la vie : la vie/mort et le Surnaturel / Au-delà.

 Fêter les morts est une coutume ancienne connue.

Durant le paléolithique, l’Homme de Néandertal enterrait ses morts, donc il commence à comprendre qu’il est mortel (exemple du site de la Ferrassie).

Hadès, dieu grec des Enfers et du monde souterrain.

Anubis, dieu égyptien de la momification et de l'au-delà ainsi que le dieu patron des âmes perdues et des désespérés.

Ammout, déesse égyptienne gardienne du royaume des morts.

Hel, déesse des morts dans la mythologie nordique.

Odin, dieu germanique, créateur de la Terre et le représentant de la victoire, du savoir, mais aussi des morts

Mictlantecuhtli, déesse Aztèque reine de l'inframonde, c'est la déesse de la mort

Yama dieu Hindou, juge des morts, souverain des enfers

Shinigami, dieu de la mort japon

Ankou, figure sinistre de la mythologie bretonne, incarnant la mort elle-même

Morrigan, grande déesse reine guerrière irlando-celtique. Elle était surtout associée à l'incitation à la guerre, puis à la fureur et à la frénésie de la bataille, et enfin à la porteuse de mort.

Toutes ces sociétés ont tenté de créer des transitions entre la vie et l’Au-delà.

 L’Eglise des premiers siècles cherche à trouver son équilibre parmi toutes ces cultures. Elle a voulu tisser un dogme en incluant une version altérée sur les traditions anciennes. Mais comment inclure les morts ? d’où la création d’une fête des saints, jour de consécration des martyrs après les persécutions romaines.

En 609, l’empereur romain Héraclius 1er ? donne un temple aux chrétiens afin d’y établir une église qu’ils dédient à Sainte Marie des martyrs. La fête des saints sera décalée plusieurs fois, puis est fixée au Xie siècle par Odilon de Cluny le jour suivant le 1er novembre.

 Cette fête des saints renvoie à la tradition irlandaise de la fête de Samhain. Elle durait plusieurs jours et symbolise le passage : de l’été à l’hiver / elle symbolise la mort et la renaissance, le cycle de la vie, le travail sur soi et la méditation / lumière et noirceur.

L’accouplement de Morrigan et Dagda durant cette fête permet l’équilibre du monde des hommes.

Le temps est suspendu : le passé, le présent et l’avenir se produisent simultanément durant les 3 nuits de Samhain ; les anciens tumuli étaient ouverts, considérés comme des portails vers l'Autre Monde. Les druides commémoraient le commencement d’un cycle nouveau : les feux des foyers étaient éteints après la première gelée suivant la pleine lune d’octobre. Les druides rallumaient ensuite le feu sacré pour la communauté à l’aide d’une roue représentant le soleil, frictionnée par un fuseau.

Les gens faisaient la tournée des maisons pour obtenir des offrandes pour les morts : refuser de la nourriture provoquerait leur vengeance : des bonbons évidemment mais des fruits de saisons (pommes ou noix) ou des gâteaux, appelés soul cakes ou gâteaux de l’âme. En échange de leurs offrandes les habitants de la maison recevaient un poème. Cette idée "d'apprivoiser la mort" est à l'origine des fameuses danses macabres du Moyen-Age pendant lesquelles "morts" et vivants dansaient ensemble.
Des feux de joie étaient également allumés pour effrayer les fées. Ceux qui devaient sortir la nuit portaient des navets (ou des betteraves) creusés, avec à l’intérieur un charbon ardent. Les villageois laissaient des offrandes de nourriture au bord de leur village pour les esprits errants et le peuple des fées. A la fin des célébrations, chacun ramenait chez lui un brandon du feu sacré pour allumer leur propre feu de joie, des torches dans leurs champs ou tout simplement leur propre foyer. Ce feu protégeait tout au long de l'année jusqu'à la prochaine célébration. Les anciens considéraient que rallumer le feu autrement portait malheur. Les cendres des feux de Samhain étaient répandues dans les champs pour les protéger durant les mois de l’hiver (et enrichir le sol).

 Aujourd’hui Halloween perpétue un peu la fête de Samhain, mais grotesque car vidée de son sens puisqu’uniquement commerciale. Demandez aux enfants pourquoi ils vont dans les maisons demander des bonbons !

 Environ 50 personnes ont participé à cette présentation.

Compte-rendu : Marie Palué.

VIe-VIIe siècles les peuples Germaniques protagonistes dans l’histoire

 

VIe-VIIe siècles les peuples Germaniques protagonistes dans l’histoire


Alessandro Testa

 7 octobre 2024

 

 

 Le conférencier organise son propos autour de concepts qui se déclinent en cycles historiques qui se renouvellent

 

 

En 476 après J.C, alors qu’il n’y a plus d’élection d’Empereur, l’empire romain d’occident s’écroule. Dans l’historiographie traditionnelle jusqu’à une cinquantaine d’années, les deux siècles suivants ont toujours été présentés comme une période sombre, peu documentée, peu étudiée et dans laquelle rien ne se passait.

Grâce aux travaux précurseurs de Karl Bosl (1908/1993) et d’autres historiens qui l’ont suivi, cette période a été réévaluée et de nos jours nous comprenons que dans le cours du 6ème et 7ème siècles, nous sommes dans un moment de basculement qui entraînera de nombreux développements qui arriveront à former l’idée de Europe et de sa civilisation.

Pendant la deuxième partie du 5ème siècle, sur les territoires de l’empire Romain déchu, nous trouvons une ‘’mosaïque’’ de royaumes ‘’Romano-Germaniques’’: le royaume des Wisigoths en Aquitaine, celui de Burgondes qui laissera le nom à la Bourgogne, les Alamands plus à l’Est et le royaume des Francs au nord de la Loire.


 


Dans les sources romaines on entend parler des Francs (Franken signifie téméraires courageux) avec Jules César au 1er siècle avant J.C et cette collectivité fait partie intégrante d’une sorte de ‘’galaxie Germanique’’ qui peuple l’Europe du nord depuis plusieurs siècles.

Depuis l’est du Rhin, où ce peuple s’était installé, de nombreux guerriers Francs finissent par rejoindre les rangs de l’armée romaine et au fil du temps, le peuple entier finira par faire partie des ‘’fédérés’’ de l’Empire, assurant la garde des frontières.

Travaillant en étroite collaboration avec les Romains, ils s’adaptent vite au fonctionnement de l’armée romaine, accèdent à des postes importants et reçoivent des récompenses pour leurs services.

 Depuis la fin du 3ème siècle en fait, avec l’empereur Dioclétien (287/305) nous assistons à un fractionnement de l’autorité impériale sur le territoire de l’empire romain d’occident, avec l’apparition des ‘’Latifundia’’, très vastes propriétés terrières de plusieurs dizaines de milliers d’hectares avec des milliers de serfs y travaillant et attachés à la terre, leur étant ôtée la liberté de mouvement. 

Ainsi, autour de ces vastes propriétés, se créent de petites armées privées, entourant le maître des lieux et dont les membres sont retenus par des liens de fidélité et de protection.

Certains parmi les Francs, particulièrement bien intégrés au ‘’monde romain’’ et haut gradés dans l’armée romaine, se verront attribuer au moment de la retraite ces grandes propriétés et ils deviendront les garants du pouvoir impérial dans le nord de la Gaule.

(Concept de Serge Laruë-Charlus). Ce type de réalité avec ce morcellement du territoire d’état, nous apparaît quelque part comme un prélude au Moyen Âge.

 

Vers la fin du 5ème siècle, sur les territoires du Nord de l’ancienne province Romaine de la Gaule, se déroulaient des évènements d’une importance capitale en ce qui concerne la naissance et le développement de notre civilisation Européenne. 

Clovis roi des Francs (466/511) après avoir remporté plusieurs victoires sur ce qui restait des garnisons Romaines en Gaule (Soissons 486) et sur d’autres peuples Germaniques comme les Alamands (497) et les Wisigoths (507) étendra le royaume Franc jusqu’aux Pyrénées.

En 497/98, suivi par de nombreux chefs guerriers des plus fidèles, Clovis, recevant le baptême selon la doctrine catholique adoptée par l’Église de Rome, jettera les bases d’un lien préférentiel entre le peuple Franc, le Saint Siège et l’empereur d’Orient.

Ce lien sera destiné à se renforcer au fil des siècles, permettant une progressive fusion entre le l’élément Franc et la population Gallo-Romaine qui peuplait en grande majorité le royaume Franc d’alors, si on considère la très modeste présence Franque sur ces territoires.

Par ce geste fort Clovis donne naissance au premier Royaume Germanique catholique fondé sur les ruines de l'empire romain.

Ainsi que le dis Marc Bloch: « Il s’agit de comprendre comment de barbares qu’ils étaient, ils deviendront porteurs de civilisation ».

Ça sera ainsi que ces régions de l’Europe du Nord, qui, jusqu’au 5ème siècle faisaient partie d’un empire dont la capitale était à 1700 km au Sud, deviendront progressivement théâtre d’évènements d’une importance croissante dans le développement de la civilisation Européenne.

A partir du 6ème siècle, en quittant progressivement le bassin Méditerranéen, le noyau de la civilisation se déplace vers le Nord.  


 


L’historiographie nous avait présenté Clovis et les Francs confondus avec les autres peuples rassemblés sous le terme de ‘’barbares’’, tels que les Vandales, les Wisigoths, les Huns, les Ostrogoths, sans prévoir en aucune façon leur ascension en tant que ‘’peuple fondateur’’ de la civilisation Européenne.

Alessandro Testa essaie de souligner le fait que, même si pour beaucoup d’aspects nous sommes les descendants de la civilisation Gréco-romaine, la structure de la société de l’Europe médiévale n’a rien à voir avec Rome et prend plutôt ses sources dans le monde Germanique, thématique bien moins développée dans les textes d’histoire.

Le concept abstrait "d’Etat", très enraciné chez les Romains, échappait au mental des Germains.

Il sera supplanté par un lien de fidélité envers le ‘’Chef de la tribu’’ et un lien de loyauté réciproque tiendra ensemble les autres hommes libres qui constituent une classe guerrière entourant le chef, l’aristocratie chez les Germains. 

La royauté de Clovis et de ses successeurs, prend racine dans le monde Germanique et ce roi gouvernera avec ses fidèles (Antrustions) sur la base de ce lien de fidélité.

Le mot ‘’trustis’’ (que nous trouvons écrit dans les sources avec une terminaison latine) est un mot d’origine Germanique, qui remonte à un passé plus ou moins lointain chez ces peuplades. Il s’agit d’une réunion ayant lieu autour du feu, pendant laquelle les guerriers prenaient des décisions concernant la collectivité.

Les mots ‘’trust’’ en Anglais et ‘’treu’’ en Allemand, signifient ‘’fidèle’’.

Par ailleurs Jacques Le Goff dira « L’homme Romain devait être juste (en accord avec la Loi) l’homme médiéval sera fidèle ».

Ce lien de fidélité envers le roi, de plus en plus codifié au fil des siècles, représentera la base du système féodal.

 

Les VI et VIIe siècles verront les enfants et les petits-enfants de Clovis s’entre déchirer à cause de celle qu’on appelle ‘’la conception patrimoniale du royaume’’.

En fait chez les Francs à la mort du roi, le royaume venait à être partagé entre ses enfants, comme s’il s’agissait d’un bien privé, d’un patrimoine de famille.

Malgré cette instabilité dans celle qu’on appelle la dynastie Mérovingienne, le royaume Franc ne cessera pas de s’étendre au fil du 6ème et du 7ème siècles.

 

Le royaume des Francs en 511, à la mort de Clovis

 

Dans sa conclusion Alessandro nous parle des trois ‘’ingrédients’’ qui composent la civilisation Européenne et que nous pourrions comparer à une pizza Margherita:

1) La pâte serait représentée par une Gaule profondément romanisée dans ses institutions, dans ses coutumes, dans les mentalités et dans la langue.

2) La tomate est représenté par l’élément Germanique qui apparaît sur la scène de l’histoire en tant que protagoniste, en venant s’y étaler dessus.

3) La mozzarella en tant que le lien coagulant, est représentée par l’idéal Chrétien, qui de l’Irlande à la Grèce, de la Russie à Gibraltar et de la Scandinavie à la Sicile, nous fait tous sentir Européens.


 


Environ 80 personnes ont participé à cette présentation.


Compte-rendu : Marie Palué.




 


VIè et VIIè siècles: les peuples germaniques protagonistes de l'Histoire

"Des territoires très périphériques, qui pendant plusieurs siècles avaient fait partie d'un empire dont le noyau se trouvait à 1700km au Sud, à partir du 6ème siècle ont commencé à trouver leur propre identité culturelle, en apportant une influence croissante dans le développement de notre civilisation Européenne.
En quittant graduellement le bassin Méditerranéen, l'axe de la civilisation se déplace vers le Nord".

Ci dessus le baptême de Clovis œuvre du maître de Saint Gilles en 1500.

Présentation des fouilles archéologiques en cours sur 3 sites de La Tour Blanche

 

Présentation des fouilles archéologiques en cours sur 3 sites de La Tour Blanche :

Grotte ornée de Jovelle 

 Carrières à ciel ouvert du bois de Halas-Jovelle 

et le Cluzeau aux sept chambres chez Thézy.
 
Le maire de La Tour Blanche, Daniel Bonnefond commence par remercier tous les archéologues qui portent ces chantiers, les bénévoles qui les animent et les organismes qui les soutiennent : le Service Régional de l’Archéologie (SRA : représenté par M. Hervé Gaillard), le Service Départemental de l’Archéologie (SDA : représenté par sa directrice : Me Mathilde Regeard), le Conseil Général et le Conseil Départemental (représenté par M. Didier Bazinet) et la mairie. Enfin il tient à décerner une mention particulière à Gabriel Duverneuil pour son engagement et son implication dans la commune.
Hervé Gaillard décrit les actions du SRA qui appuie et soutient les opérations d’archéologie programmées (c’est-à-dire consacrées à une recherche précise) pour promouvoir « une archéologie heureuse ». Il remercie les membres du Club Histoire de cette commune, très impliqués dans les opérations archéologiques.



Mathide Regeard précise que peu de département ont créé un service d’archéologie. En Dordogne, il existe depuis 1980 et comprend une dizaine de personnes. Ses interventions s’articulent entre les fouilles programmées et une archéologie préventive (sur les grands chantiers de route, ou de construction divers).
Il y a une quarantaine d’opérations programmée sur le territoire départemental, et le service en soutient une douzaine. Sur la commune de La Tour Blanche, le SDA conduit la fouille de la grotte ornée de Jovelle et soutient 2 opérations : les carrières à ciel ouvert et le cluzeau de Chez Tézy dans le cadre de l’accompagnement des bénévoles et le soutien à de jeunes chercheurs.



 
Gabriel Duverneuil prend la parole pour remercier à son tour les partenaires de ces opérations, en particulier Hubert Pradier, le topographe géomaticien du SDA ainsi que tous les bénévoles du club Histoire & Patrimoine de La Tour Blanche et commence cette présentation par les carrières à ciel ouvert du bois de Halas-Jovelle.
Il commence en montrant une projection réalisée par le Lidar qui montre le relief avec une très grande précision. Ainsi on peut voir toutes les carrières de la région. La commune de La Tour Blanche est effectivement très riche en carrières dans lesquelles on a extrait la pierre dite « pierre de Jovelle ». L’opération archéologique a débuté en 2022 par un inventaire des carrières au sud du château de Jovelle et dans le bois de Halas, de part et d’autre d’une ancienne route de communication, aujourd’hui chemin de randonnée. 80 carrières ont été recensées et fait l’objet de fiches détaillées qui seront reportés sur un Système d’Informations Géographique (SIG, réalisé par Victor Fréval, sous la supervision d’Hubert Pradier).
Pour préciser la chronologie d’une éventuelle occupation et comprendre les modes d’extractions et les outils utilisés, 4 carrières ont été sélectionnées pour y faire des sondages puis des fouilles éventuelle (les carrières 10, 12, 38 et 47).
Dans la carrière 10 (C 10) on a pu mettre en évidence deux méthodes d’extraction : au pic durant une première phase ; puis à l’escoude périgourdin appelé piche et à la scie au cours d’une deuxième phase, entre 1800 et 1850.
Cette année a été consacrée à préciser la chronologie de la première phase, grâce à la fouille de la C 12 et l’étude de la stratigraphie des C 10 et 12. La fouille vient de se terminer mais on peut déjà avancer que dans la C 12 on a utilisé seulement le pic et que des niveaux d’occupation viennent ensuite s’installer sur le sol de cette carrière. Ces différents niveaux sont médiévaux, au vu de la céramique retrouvée ; il faut attendre les résultats des analyses pour plus de précisions.



 
Alexandre Michel, du SDA, prend ensuite la parole pour expliquer le chantier de la grotte ornée de Jovelle, dont il assure la direction depuis 5 ans. Après la découverte en 1984, il faut attendre l’achat de la grotte par le Département en 2006, puis une couverture et une clôture en 2020 pour commencer des opérations archéologiques d’envergure. Le lieu était connu par les carrières, exploitées depuis le XVIe siècle mais surtout entre 1840 et 1980. L’’exploitation de la pierre a provoqué des dégâts importants, tel que l’effondrement d’une partie du plafond, creusement de galeries etc.
Les objectifs des campagnes archéologiques sont de faire un état sanitaire de la cavité et de ses alentours, déterminer la chronologie de l’occupation grâce à, entre autres, des études photogrammétriques, lasergrammétriques, géophysiques, et du ramassage de surface.
Cette grotte a été occupée pendant la période Aurignacienne, Gravettienne, Néolithique (sépultures primaires et par crémation), Age du fer, Médiévale. L’équipe de fouilles concentre ses efforts sur deux sondages, l’étude géo archéologique, inventaire, étude du mobilier (silex, ossements).
Cette année, en complément de la fouille de la grotte ornée, sont fouillées deux autres cavités, Jovelle 2 et 3. Il s’agit de deux tanières d’Hyènes des cavernes, dont la fouille est supervisée par Jean-Christophe Castel du Museum d’Histoire Naturelle de Genève.





 
Simon Chassin intervient ensuite pour nous présenter le cluzeau aux sept chambres à Chez Tézy.
Après avoir remercié les différents partenaires qui soutiennent ce projet, il relate les informations des années précédentes. Le cadastre du XIXe siècle porte la mention « aux fours de la Chaux ». Le lieu, dénommé alors « souterrain-refuge », a été découvert en 1974 par Serge Avrilleau qui en fait un relevé topographique. Le nouveau relevé réalisé en 2019 présente des différences importantes mise en évidence grâce à un appareil de mesures plus sophistiqué :
le lasergrammétre.
La campagne archéologique qui démarre en 2019 veut établir une liaison entre la surface et le sous-sol : en surface une exploitation de carrières,
des trous de poteaux, des silos ; en sous-sol un cluzeau comportant 7 pièces.
En 2021 a lieu la première étude architecturale du souterrain établie par Jeanne-Flore Collon. Elle montre que ce lieu n’a visiblement pas pu recevoir des humains, en particulier car les fermetures des salles sont bloquées de l’extérieur de la pièce et aussi par l’exigüité des salles, dans lesquelles on ne pas se tenir debout. Dès lors l’équipe de travail s’oriente plutôt vers la fonction d’un lieu destiné à parquer des animaux.
Un autre aspect de la campagne d’étude consiste, en plus d’établir une chronologie de l’occupation des chambres, à comprendre le fonctionnement de la ventilation et de l’arrivée des eaux pluviales. En effet, le cluzeau possède des puits d’extractions qui ont servi à sortir les pierres lors du creusement des salles mais également à assurer une bonne ventilation des pièces et amener l’eau grâce à des rigoles aménagées en surface et canalisés en sous-sol par des tranchées creusées verticalement dans ces puits. La chronologie de l’occupation s'étale, à ce stade de la campagne du XIIIe au XVe siècles.

ARTICLE DU SUD-OUEST




Environ 80 personnes ont assisté à ces présentations et se sont retrouvées pour poursuivre les discussions autour du verre de l’amitié offert par la municipalité.




Compte-rendu : Marie Palué