Compte-rendu de la conférence du 20 octobre 2014

« La Tour Blanche et l’enclave angoumoise pendant la guerre de Cent ans »
Conférence donnée par Gabriel Duverneuil le Lundi 20 octobre 2014


Environ 70 personnes ont assisté à la conférence, tout d’abord G. Duverneuil rappelle :


Le 24 Octobre à la Fabrique (Saint Astier) « Pouvoir et Galanteries » pièce de théâtre sur la vie de Pierre de Bourdeille dit Brantôme 
 

Le 22 Novembre : « Rencontres historiques de La Tour Blanche » avec Anne-Marie Cocula sur Pierre de Bourdeille et la vie des Grands capitaines et Michel Combet sur François 1er.


Pour raconter cette guerre qui dévasta non seulement l’Aquitaine mais une bonne partie de la France et même d’autres contrées G. Duverneuil le fera en se mettant à la place d’un bourgeois de La Tour Blanche, Hélie Guérin, drapier de son état, dont l’existence est avérée par un bail qui lui est octroyé pour le four banal du bourg en 1349. Parlant occitan et Français, en relation avec Périgueux et Angoulême, Il sera parfaitement au courant de ce qui se passe dans les environs, mais ignorera la plupart des évènements du Nord.


Précisons le contexte local avant le début des hostilités.


Depuis 1308, La Tour Blanche fait partie de l’enclave angoumoise en Périgord, donnée en apanage à Philippe d’Evreux, puis à Jeanne de Navarre, son épouse, par le Roi de France, Philippe IV le Bel.

 
Jouxtant ce territoire se situe le Duché de Guyenne, possession anglaise.

 
Philippe IV le bel a 3 fils qui mourront, ainsi que leurs héritiers mâles, sans descendance mâle et une fille, mariée au Roi d’Angleterre, Edouard II. Deux prétendants au trône de France se présentent : Edouard II d’Angleterre puis son fils et ses successeurs face à un neveu de Philippe IV, Philippe VI de Valois, puis son fils Jean le Bon, puis Charles V, VI et VII. Cette guerre de succession durera jusqu’en 1453 et l’enclave angoumoise, en « frontière de guerre » passera alternativement d’un camp à l’autre.


1337_1360 voit se succéder une séries de victoires anglaises et de désastres français. En 1337, Philippe VI prétextant un refus d’hommage d’Edouard III pour la Guyenne la confisque et déclenche les hostilités. 
 

En 1339, les Anglais prennent Parcoul, St Astier,…Montenceix, puis Bergerac en 1345. Pierre de la Tour et Hélie de Bourdeille y sont faits prisonniers contre rançon .Pendant ce temps, le Comte de Derby terrorise la région avec ses chevauchées dévastatrices et installe même au château des Roches (près de Verteillac) un de ses capitaines, Guillaume de la Clote. On sait qu’en 1346, P. de la Tour se bat au côté du futur Jean le bon pour reconquérir Aiguillon, ce qui d’ailleurs échoue. La Tour Blanche est épargnée jusqu’en 1347, mais à cette date, une garnison anglaise occupe le Château. C’est aussi à cette époque qu’a lieu la bataille de Crécy où les troupes françaises se font décimer par les archers anglais. H. Guérin n’en a sans doute pas entendu parler, mais ce qui est à l’ordre du jour, ce sont les ravages de la peste noire. D’après le livre de comptes de la ville de Périgueux, par exemple, celle-ci passe de 1500 feux (foyers) vers 1340 à 250 en 1357. 
 

En 1350, Pierre de la Tour convainc Guillaume de la Clote de se rallier au nouveau Roi de France Jean le bon et obtient pour ce service que lui-même et sa sœur Marie de la Tour, coseigneurs de La Tour Blanche tiennent directement leur fief du Roi.


Après celles du comte de Derby, les chevauchées du Prince Noir, fils du Roi d’Angleterre continuent et la ville de Poitiers est complètement mise à sac.


En 1360 est signé le désastreux traité de Brétigny donnant le tiers du territoire français à l’Angleterre, et en conséquence, l’enclave angoumoise devient anglaise.


1360_1369 est une période de paix relative qui permet recensement et levées d’impôts par le Prince Noir.


1369_1376 voit l’amorce d’une 1ère reconquête de l’Aquitaine par le Roi de France Charles V le Sage. Il suscite une coalition des seigneurs féodaux contre les fouages (impôts) levés par le Prince Noir, donc par le Roi d’Angleterre, Edouard III. Charles V a su réorganiser son armée, se rallier de nombreux féodaux, dont le Comte du Périgord. C’est alors que le Prince Noir ordonne le siège de Bourdeilles qui est pris au bout de 11 semaines et nomme le Sieur de Mussidan, fidèle aux Anglais, capitaine de la place forte. Par contre, la ville de Périgueux se rallie à Charles V et jouera un rôle essentiel dans la reconquête. 
 

Enfin en 1372 arrive Du Guesclin qui réussit à rallier les seigneurs du Poitou, traditionnels alliés des Anglais, puis est accueilli en fanfare à Périgueux, de là il reconquière le Périgord.


Les comptes de la ville de Périgueux nous ont laissé, par exemple, un état précis des sommes versées aux divers corps de métiers pour fabriquer les machines de guerre acheminées à grande peine pour reprendre La Tour Blanche le 9 mars 1376.


1378_1399 sont des années de guerre civile où s’affrontent les seigneurs fidèles au Roi, la ville de Périgueux aux Comtes du Périgord. Enfin Archambaud V et VI, Comtes du Périgord sont bannis par le Roi de France et le comté de Bourdeilles appartient de nouveau au Roi de France. Pendant ce temps, les Anglais renforcent leurs positions à l’ouest du Périgord. 
 

1399_1430 sont les années les plus sombres. Elles voient s’affronter au Nord Armagnacs et Bourguignons et on assiste au désastre d’Azincourt où les archers anglais en petit nombre, mais bien installés stratégiquement mettent en déroute la fine fleur de la chevalerie française. Au sud se mène la « guerre des châteaux »où se succèdent rançonnages, trêves payantes, changements de camp pour les chefs et affrontements.


La Tour Blanche est à nouveau en « frontière de guerre » et on assiste à une véritable valse des garnisons françaises et anglaises. Mais… en 1428… on apprend qu’un Te Deum est dit à Périgueux pour célébrer la levée du siège d’Orléans par une certaine Pucelle !


1430_1453 marquent la fin d’une « guerre sans fin ». Charles VII réorganise les finances et l’armée. L’Angleterre se heurte à des difficultés internes. Une trêve est décidée, vite rompue comme les précédentes, les affrontements reprennent et, enfin une victoire française à Formigny en 1450 annonce celle de Castillon en 1453 qui met fin à 120 ans de conflit. 
 

Faire l’état des lieux après cet interminable guerre, c’est souligner qu’Angoumois et Périgord sont totalement ruinés, leurs populations décimées, les châteaux, églises, monastères, hôpitaux en ruines. Mais la manière de faire la guerre, l’administration et les finances vont évoluer. Le pouvoir royal s’est consolidé et le Roi est mieux respecté de ses féodaux.


Les grands gagnants sont évidemment les nobles fidèles au Roi comme les Bourdeille, les membres de l’Administration, grâce à leur savoir, comme les Bertaud à La Tour Blanche et certains membres de la petite noblesse comme les Grand à Tinteillac. Les grands perdants sont bien sûr les paysans décimés, ruinés pour l’essentiel, bien que ceux qui survivront trouvent parfois de meilleures conditions de travail. D’autres grands perdants sont les membres de la petite noblesse qui ont fourni le gros des troupes de l’armée royale et ont été décimés.


La Tour Blanche sort exsangue de ce conflit et il faudra attendre la fin du XVe siècle, c’est-à-dire LA RENAISSANCE pour qu’elle retrouve l’activité qu’elle avait au début du XIVe siècle.


Claude Duverneuil

Château de La Tour Blanche

                                 
chronologie des seigneurs de La Tour Blanche pendant la guerre de  100 ans et de leurs suzerains

 


le siège d'une ville pendant la guerre de Cent ans

La brochure est en vente au Bar Tabac de Marie Bordier La Tour Blanche






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