Un
très riche après-midi consacré à la Renaissance
Environ
85 personnes ont participé à cette très intéressante réunion
organisée par le Club Histoire Mémoire Patrimoine de la Tour
Blanche le samedi 18 novembre 2017. Au programme : une
magnifique exposition sur la Renaissance en Val de Dronne prêtée
par les amis de Brantôme, la conférence d’Alain Reilles sur les
sciences à la Renaissance, une pause-café-pâtisseries avec des
prêts et ventes de livres, un exposé très vivant de Sonia
Breux-Pouxviel sur le costume à la renaissance, et pour finir en
apothéose, le concert sur la renaissance musicale en Europe donné
par l’ensemble Viva Voce.
La Science de
François 1° à Louis XIII (1515-1543)
Par
alain.reilles@wanadoo.fr au Club histoire mémoire et patrimoine de
la Tour blanche le 18-11-2017
Avec le dénombrement et
l'écriture, la science va naitre en divers pôles : Amérique
centrale, Chine, Egypte, Mésopotamie… Dès le V°Siècle Av JC, le
monde Grec nous léguera une vision étonnamment moderne (théorie
atomiste, transformation des espèces, héliocentrisme, calcul du
rayon terrestre …) L'empire romain héritera partiellement de ces
connaissances... à sa chute, l'ordre religieux imposera sa vision
(le christianisme devenant religion d’état en 392). Dans l’Espagne
Wisigothique du VI° siècle, Isidore
de Séville rassemblera des
éléments du savoir antique (perdu dans l’incendie de la
bibliothèque d’Alexandrie de 415), puis Bède
le vénérable et Alcuin
(précepteur de Charlemagne) seront, les maillons de cette
transmission dénommée Renaissance
carolingienne où des moines
copistes traduiront les textes grecs en latin. Gerbert
d’Aurillac, pape de l’an
1000, constatant l’avance de l’Espagne musulmane tentera de faire
adopter, la numération indo-arabe que Léonard de Pise (XIII°
siècle) réussira à imposer dans les circuits marchands de la
méditerranée. Avec la boussole, de nouvelles routes maritimes sont
créées tandis que débute la contestation de l'ordre établi («Des
chrétiens contre les croisades» / contestation de John Wycliffe en
Angleterre puis de Jean Huss à Prague)
La Renaissance :
En 1453, la chute de Constantinople génère la fuite des savants de
langue grecque vers l’Italie et favorise l’émergence du
Quattrocento à Florence. Quasi simultanément, l’imprimerie
permet l’édition du premier livre, La
Bible. Dés lors, ce n’est
plus le pouvoir central et hiérarchisé qui véhicule «La parole
divine» mais celui qui sait lire ! Le pouvoir n’échapperait-il
pas à la papauté ? Puis à la royauté ? La réforme se prépare et
l’inquisition veille…
La vision du monde
change : Christophe Colomb
découvre ce qui sera l’Amérique (1492) et Nicolas Copernic (1530)
publie sa théorie héliocentrique déjà envisagée par Aristarque
de Samos... Dans cette soif de connaissance, la Renaissance des
Sciences des Arts et des Lettres est en marche… Avec ses
soubresauts d’horreur et d’intolérance.
Léonard de Vinci
(1452-1519) est installé à
Amboise par François 1°: ce
génie en art, peinture, anatomie… est aussi le premier ingénieur,
le musée du clos Lucé rassemble de nombreux dessins et maquettes de
ses inventions… ainsi la date mythique de 1515 marquerait plutôt
le début de la Renaissance en France.
Naissance de l’esprit
critique : Conrad
Gestner,(1516-1565) après ses
études de médecine à Montpellier, établit une classification des
espèces animales, et relance l’origine des fossiles tout comme
Bernard Palissy
(1510-1590) embastillé pour avoir expliqué que les fossiles sont
des restes d’organismes ayant vécus et non les jeux de la nature,
prônés par Aristote, tandis que Michel
Mercati (1541-1593) ouvre le
premier cabinet de curiosité et prétend que les «pierres de
foudre» constituent les premiers outils des hommes préhistoriques :
une nouvelle vision du monde est en marche.
4 mathématiciens
italiens : Nicola
Fontana (Tartaglia) (1499-1557)
étudiant la balistique met en équation les mouvements paraboliques,
Jérôme Cardan
(1501-1576) et Ludovico Ferrari
(1522-1565) prolongent, en algèbre le savoir indien et arabe ;
Rafael Bombelli
(1526-1572) invente les nombres imaginaires ou complexes (dont le
carré est négatif) et dont les applications n’entreront en
vigueur que dans la physique du XX° siècle.
4 mathématiciens
français : François
Viète (1540-1603) conceptualise
l’écriture des équations, Marin
Mersenne (1588-1648) effectue
des recherches sur les nombres premiers, René
Descartes (1596-1650) invente la
géométrie analytique (organisée dans un repère cartésien) tandis
que Pierre de Fermat
(1601-1665) prolonge l’oeuvre des mathématiciens de l’antiquité
et pose divers théorèmes. Notons aussi l’apport de Descartes et
Fermat dans l’élaboration des lois de l’optique.
4 médecins
européens : André
Vésale (1514-1564) dépasse
l’anatomie de Galien et donne les premières images du cerveau
Ambroise Paré
(1510-1590) le chirurgien des champs de bataille ligature les artères
au lieu de les cautériser à l’huile bouillante, Miguel
Serveto (Michel Servet)
(1511-1553) explique la circulation pulmonaire et sera brulé vif par
Calvin relativement à ses croyances, enfin William
Harvey (1578-1657) découvrira
la circulation sanguine (déjà connue en Chine)
Le rôle des femmes
: Si Catherine
(1519-1589) et sa lointaine cousine Marie
de Médicis, (1575-1642) reines
de France diffuseront la culture italienne, Théodora
Danti, Eleonora
Sangvitelli et Elena
Lucretia Cornaro (1546-1684)
honoreront les mathématiques : elles constituent l’exception
européenne. En France, Jacquette
de Montbron, (1542-1598) suite à
son veuvage avec Pierre de Bourdeille dessinera les plans de son
château avec une distribution novatrice des pièces.
Un
nouveau calendrier : Depuis
l’antiquité, avec l’année de 365 j , les solstices se sont
décalés au point que le pape Grégoire XIII décide qu’au 4
octobre 1582 succèdera le 15 octobre 1582 car la durée de l’année
est : 365 j 5 h et 48 min.
Ce calcul, bousculant les
1000 ans du Moyen-âge, pourrait symboliser l’ancrage de la
Renaissance à l’antiquité.
La Révolution
copernicienne : Galileo
Galilée (1564-1642) effectue
des expériences qui contredisent la théorie d’Aristote sur la
chute des corps, sur la relativité des mouvements et celui de la
Terre en particulier.
La théorie de
l’héliocentrisme de Nicolas
Copernic, (1473-1543) est
confirmée par Galilée
qui, grâce à sa lunette, découvre les satellites de Jupiter.
Ainsi, le soleil est le centre de notre univers, les planètes
gravitent autour de lui avec leurs propres satellites... L'église
condamne cette vision mais la réflexion est en marche, Giordano
Bruno et son disciple Giulio
Cesare Vanini affirmeront même
que les étoiles sont autant de soleils…Ils périront sur le
bucher... (1600 à Rome pour Giordano Bruno et 1619 à Toulouse pour
Giulio Cesare Vanini)
Dans cette effervescence,
l’Europe du nord, plutôt rallié à la réforme, permet à la
Science de se développer plus librement, ainsi les mesures du Danois
Tycho Brahe
(1564-1601) permettent à l’Allemand Johannes
Kepler (1571-1630) de valider
les trajectoires elliptiques des planètes donnant une cohérence à
l'équilibre du système solaire. Cette nouvelle théorie sera adopté
par jean Tarde
(1561-1636) de la Roque Gajac (il rencontrera Galilée à Rome) et
Pierre Gassendi
(1592-1655) qui établit les tables des positions de Jupiter, Mars et
Vénus.
La Science en
Périgord : Jean
Rey, né au Bugue en 1583,
effectue ses études à Montauban, fief protestant, puis étudie la
médecine à Montpellier. Doté d’une bonne curiosité
intellectuelle, il remarque auprès de son frère maitre de forges,
que le plomb et l’étain « calciné » augmentent de poids
(vérifié par Jean Brun apothicaire à Bergerac) il en déduit dans
ses « Essays », publiées en 1630, que cette augmentation de poids
provient de la combinaison avec l’air qui donc aurait un poids…
Ses observations étant en contradiction avec la théorie des 4
éléments d’Aristote, il se doit d’obtenir de puissants appuis
politiques (Frédéric Maurice de la Tour d’Auvergne, frère de
Turenne, propriétaire de la baronnie de Limeuil). Hélas, lors de
ses échanges avec Marin Mersenne, il n’arrive pas à peser l’air
ni à définir sa pression…
L’ouverture sur
la physique : La notion de
pression sera mise en évidence par Evangelisto
Torricelli qui réalisera le
tube barométrique à mercure permettant, de mesurer les variations
de la pression atmosphérique. Dans ce contexte Blaise
Pascal (1623-1662) mesurera la
pression en fonction de l’altitude (expérience du Puy de Dôme),
réalisera une presse hydraulique. Ses travaux seront
particulièrement honorés puisque le pascal
deviendra l’unité de pression.
Philosophe, mathématicien,
il inventera à 19 ans, la Pascaline machine à calculer, ancêtre de
l’ordinateur, créera plusieurs théorèmes dont le calcul des
coefficients du binôme grâce au « triangle de Pascal », et
effectuera les premières théories sur le calcul des probabilités.
Pour terminer, nous
évoquerons les célébrités du grand sud-ouest qui ont été citées
avec François Viète de Fontenay le Comte, François 1° de Cognac,
Pierre de Bourdeille dit Brantôme associé à Jaquette de Montbron,
Savinien Cyrano auteur de Science-fiction, parisien, mais immortalisé
par son patronyme «de Bergerac», Blaise Pascal avec Clermont
Ferrand en limite du territoire concerné, Michel de Montaigne
célébré tant à Bordeaux qu’à Périgueux avec son ami Etienne
de la Boëtie de Sarlat, Jean Rey du Bugue, Bernard Palissy de
Lacapelle Biron, Jean Tarde de La Roque Gajac, Clément Marot de
Cahors, Henri IV de Pau, Pierre de Fermat immortalisé à Beaumont de
Lomagne et Toulouse, sans oublier le calvaire de Julio Cesare Vanini
à Toulouse.
En conclusion
:
Sur le substrat des
connaissances de l’antiquité, grecques plus particulièrement,
conservées durant le Moyen-âge; l’imprimerie, la chute de
Constantinople et la découverte de l’Amérique favorisent
l’émergence d’une nouvelle pensée où l’esprit critique
s’oppose à l’obscurantisme. Cette période de Renaissance
concerne surtout l’Europe occidentale, elle est symbolisée par :
Le nouveau calendrier / L’introduction de la numération Indo-arabe
/ La révolution copernicienne. Désormais, le monde savant accède à
une compréhension des lois qui régissent l’équilibre et
l’évolution du monde tandis que le peuple, grâce à
l’apprentissage de la lecture, accèdera progressivement et bien
plus lentement à cette nouvelle pensée.
Dans cette course,
l’antique bassin méditerranéen perd peu à peu sa capacité
d’innovation, bridé par une intolérance religieuse certainement
plus exacerbée, conduisant à un basculement Nord /sud, qui
s’amplifiera au cours des siècles suivants où L’Europe du nord,
auquel Paris se rattache, deviendra le moteur principal des
découvertes scientifiques.
La mode sous la
Renaissance
Médiéviste ayant étudié
la vie quotidienne
au moyen-âge, Sonia
Breux-Pouxviel s’intéresse
aussi à l’histoire des costumes, notamment sous la Renaissance.
Elle a fait devant le Club Histoire un exposé donnant un aperçu de
la mode à cette époque, illustré par de nombreuses diapos et mis
en scène par des mannequins issus de la chorale Viva Voce et du Club
Histoire. Après avoir indiqué que la mode masculine de la
Renaissance a été inspirée par le costume militaire et que la
femme va être de plus en plus contrainte par ses vêtements, elle a
distingué trois grandes périodes :
1- Le lent
bouleversement des débuts de la Renaissance
Dès le 13ème
siècle, apparaissent des tissus de plus en plus riches, la soie et
le velours notamment. Les boutons sont en nombre croissant. Les
manches très longues sont héritées de la période médiévale. La
mode masculine valorise un haut de buste très carré avec des
épaules larges (matelassées) et une taille resserrée. Les hommes
commencent à porter des jupettes avec de longs manteaux et des
petits chapeaux en forme de cloche. La braguette est inventée, au
départ un simple morceau de tissu attaché par deux liens. C’est
aussi à cette époque que le corps de la femme va perdre de sa
liberté à travers une taille de plus en plus serrée.
2– Le concours de
richesses et d’extravagances sous François 1er
et Henri II
Au début du 16ème
siècle, on veut être celui qu’on remarque. Les hommes et femmes
de cour vont s’adonner à une débauche de richesses et
d’extravagances avec des nouveautés qui se succèdent de jour en
jour. La dentelle, les perles et pierreries sont utilisées de façon
croissante. Les couleurs sont de plus en plus présentes, les rayures
deviennent courantes. Les fraises, collerettes de dentelle ou de
linon avec une armature entourant le cou, sont de plus en plus
imposantes. Les vêtements sont très ajustés et les pourpoints très
serrés. La silhouette de la femme est rigidifiée avec une
taille de plus en plus serrée et une poitrine escamotée. Les dames
portent sous leurs robes la vertugade, jupon avec une armature en
osier et parfois un corset métallique, pour leur donner la forme
ample voulue. Les robes sont souvent
fendues sur le devant pour
laisser apparaître par une ouverture triangulaire la cotte de
dessous. Les coiffures prennent de l’ampleur. Chez l’homme, la
carrure est de plus en plus affirmée. Les manches sont larges et
décorées. La culotte barboteuse ou culotte ballon apparaît. La
braguette devient un élément de décoration. La faluche (béret
large) est portée sur le côté. La cape est sur une seule épaule.
Les chaussures ont des bouts ronds voire carrés. La boucle
d’oreille, à l’image d’henri III, est à la mode de même que
la moustache et la barbe. Tout est fait pour se distinguer, montrer
sa richesse, son bon goût, et son importance.
3- le retour à l’ordre
avec Henri IV
Vraisemblablement sous
l’effet de la réforme et de la religion, on revient à des formes
et des couleurs plus sages, qu’il s’agisse des robes, des
manches, ou des chaussures. La fraise commence à s’estomper. La
silhouette de la femme devient plus droite. Les culottes des hommes
sont toujours bouffantes mais descendent jusqu’au genou. On se
dirige vers ce qui va être la mode sous louis XIII.
Compte rendu de Bruno
Déroulède, visé par les conférenciers
Alain Reilles : Les sciences à la renaissance |
Quelques
uns des
costumes
Viva Voce et quelques membres du club histoire en tenue de la renaissance |
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