Gabriel Duverneuil commence par rappeler que les fouilles menées par Simon Chassain « chez Tézy » n’auront pas lieu cette année, aucun budget ne lui ayant été attribué et qu’elles sont reportées à 2023.
En revanche il prévoit une quinzaine de jours pour finir la prospection des carrières à ciel ouvert autour de Jovelle : la deuxième quinzaine de juillet et la première semaine d’aout si les conditions météorologiques ne sont pas favorables.
Il annonce que dans le cadre de la fête de l’estampe il fera une conférence à La Marteille sur « Cercles au XIXe siècle, la République l’école et la laïcité », puis il passe la parole à Jean François Gareyte, spécialiste de la culture occitane et d’Antoine de Tonneins, roi d’Araucanie,
Au temps des Hérétiques
Jean-François Gareyte met l’accent sur le rôle joué par le Périgord et les Périgourdins dans l’hérésie, dont l’apogée culmine avec les « cathares » ou «la croisade contre les albigeois » aux XIIIe et XIVe siècles.
En réalité cette « hérésie » ou nouvelle religion a des racines bien plus anciennes. Elle s’articule autour d’une opposition à l’Église catholique romaine qui se met en place au VIe-VIIe et qui prône qu’il n’y a qu’un seul Dieu, représenté par la sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cette Église catholique entend être la seule et veut que les autres Églises s’agrègent à son pouvoir mais les Églises byzantines ou coptes ne l’entendent pas ainsi et chacun veut imposer son dogme.
Vers 1035, un moine nommé Héribert envoie une lettre circulaire montrant son inquiétude face à l’arrivée d’une nouvelle hérésie en Périgord, héritée des idées byzantines et bulgares qui se sont diffusées en Orient et dans l’est de l’Europe et qui contestent la hiérarchie de l’Église et la richesse des prêtres, entre autres. En Aquitaine, la majorité des romains devenus chrétiens pensent que Dieu ayant tout créé, Il est donc au-dessus de tout.
Pour contrer la nouvelle hérésie qui se propage, l’Église envoie Bernard de Clairvaux prêcher la population vers 1145. Il passe à Bergerac et s’arrête à Sarlat, ville « infestée d’hérétiques ».
En 1198, le nouveau pape Innocent III lance la 4e croisade qui aboutira à la destruction de Constantinople et donc à la chute de l’empereur et à l’affaiblissement de l’église byzantine.
1208-1209 Innocent III lance la croisade contre les albigeois et en nomme pour chef Simon de Montfort. Il excommunie le comte de Toulouse, Raymond VI, héritier des romains d’Aquitaine. Après la bataille de Muret, Montfort se dirige vers la vallée de la Dordogne, véritable « nid d’hérétiques » : Bergerac, Domme, Montfort, Castelnaud.
1218 Raymond VI, quitte la Catalogne avec une armée et reprend Toulouse. Voyant cela Montfort vient encercler la ville, mais des renforts menés par Bertrand de Cazenac et ses périgourdins aident le comte à reprendre Toulouse. Malheureusement le fils de Montfort en appelle au roi de France, Louis VIII, et le comte de Toulouse tombe dans l’escarcelle royale.
1233 Le pape Grégoire IX crée le tribunal de l’Inquisition pour en finir avec les hérétiques et leurs idées séditieuses. Il y aura des enquêtes dans toute l’Aquitaine : en Périgord à Cadouin et à Fénelon. Un tribunal s’installe à Périgueux en 1241, preuve qu’il y avait suffisamment d’hérétiques en Périgord, malheureusement les archives de ce tribunal n’ont pas été conservées.
L’inquisition siègera 150 ans environ, jusqu’à la fin du XIVe siècle. C’est période marquée par des destructions en tout genre dont le but est l’éradication de la culture vernaculaire, les croyances personnelles, la libre pensée, le libre arbitre… Tout cela reviendra en force vers 1550 quand de nouvelles idées émergeront et que des hommes « protesteront » contre l’hégémonie de l’Eglise catholique romaine.
La conférence a été suivie par 120 personnes et le conférencier, très applaudi, a ensuite répondu à de nombreuses questions.
Marie Paluë
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire